Algérie

Il n'est plus le temps du muguet




Cela fait quelques années déjà que les cé-rémoniesofficielles de célébration de la «Fête des travailleurs», les 1er Mai, nedrainent guère plus de foules hormis celle des caciques de l'appareil syndicalUGTA et les représentants de l'Etat, contraints à y participer de par leursobligations. Jeudi il en irait de même. Bénéficiant d'une journée de repos, lestravailleurs ne l'occuperont en toutes autres manières qu'à la manifestationfestive «du bonheur» que leur procure leur statut dans l'Algérie des réformeset de l'ouverture à l'économie libérale.Si le multisyndicalisme avaitréellement droit de cité et les syndicats autonomesautorisés à manifester en cette occasion, il n'y a aucun doute que la journéedu Premier Mai donnerait lieu à de vastes rassemblements revendicatifs etprotestataires. Les cérémonies organisées en ce jour dans un tout autre espritpar la centrale UGTA et dont le point d'orgue sera celle que présidera àConstantine son secrétaire général Sidi Saïd, n'occulteront pas le fait que lepays est agité par un profond mécontentement populaire, généré par ladégradation des conditions sociales qui affectent le quotidien de l'immensemajorité des citoyens, travailleurs ou pas.Les discours lénifiants qui se débiteront en lacirconstance sonneront faux. Les syndicalistes de l'UGTAauront beau essayer de travestir la réalité en faisantl'apologie des «réussites» que le pays est censé avoir engrangées ces dernièresannées, ils ne pourront convaincre grand monde. Certainement pas les milliersd'ex-travailleurs qui ont perdu leurs emplois pour cause de fermeture ou deprivatisation de leurs entreprises et qui n'en retrouvent plus un faute d'une économie nationale créatrice de postes detravail. Certainement pas les salariés fonctionnaires ou autres dont le pouvoird'achat s'est singulièrement amoindri sous l'effet de l'inflation, les maigresaugmentations de salaire leur ayant été consenties ne leur étant d'aucun apportcontre la cherté de la vie qui progresse à une vitesse exponentielle.Si les travailleurs de notre pays étaient vraiment libresde s'exprimer, c'est un message de détresse qu'ils adresseraient à qui de droit.Détresse devant la paupérisation dans laquelle ils sont plongés, la précaritédevenue l'épée de Damoclès suspendue sur leur tête tout au long de leurparcours professionnel. C'est dire que le monde du travail n'a pas de quoi pavoiser en ce Premier Mai. Les «acquis» dont il prenaitprétexte par le passé pour «faire la fête» en cette journée, ont été«spectaculairement» réduits au nom du «pragmatisme» économique. La fête étantfinie, les travailleurs n'ont plus qu'à faire comme ailleurs de cette journée, unmoment d'expression revendicative et d'unité dans la lutte pour se faireentendre.

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