Volonté - Le mouvement semblait relativement nouveau à plusieurs niveaux.
Une dizaine de groupes de femmes sont nés au lendemain des événements d'Octobre 88, à travers certaines villes du pays, autour de la lutte contre la répression qui a touché nombre de citoyens, et de la solidarité avec les victimes de cette répression et les familles qui ont eu des morts durant les événements. Ces femmes, tout en menant des initiatives de manière autonome, ont été très actives dans les comités de lutte contre la torture qui ont existé à l'époque.
Ces groupes ont, dès le début de 1989, pour la plupart, pris la forme d'associations ayant pour objet l'amélioration du statut de la femme, par l'intermédiaire d'actions politiques. Il s'agit de l'Association pour l'égalité devant la loi entre les hommes et les femmes (AELHF) à Alger. Cette association a déposé sa demande d'agrément en 1985, mais ne l'a eu qu'au lendemain des événements d'Octobre 88. L'Association pour la défense et la promotion des droits des femmes (ADPDF) à Alger. L'Association pour l'émancipation des femmes (AEF) à Alger également.
L'Association féminine pour l'épanouissement de la personne et l'exercice de la citoyenneté (AFEPEC) à Oran, (ISRAR) à Constantine synonyme de détermination, l'Association de défense des droits des femmes à Annaba, Cris de femmes à Tizi Ouzou, Voix de femmes à Boumerdès, l'Association des droits des femmes à Mostaganem.
D'autres se sont maintenus comme groupes informels, ne déposant pas de dossier pour la demande d'agrément, et sont restés plus ou moins liés à certaines associations, c'est le cas par exemple des collectifs de femmes de Sidi Bel Abbes, Saïda, El-Bayadh. L'année 1989 a été marquée par d'intenses initiatives riches et diverses des femmes. La préparation de la mise sur pied des associations et les assemblées générales constitutives furent des moments très forts : organisation des rencontres débats sur les questions des femmes et les positions à adopter face aux discriminations dont elles étaient victimes quotidiennement de par les textes et les pratiques. Des rassemblements, marches, sit-in, activités publiques sont organisés un peu partout. Durant cette période, le mouvement des femmes est apparu comme étant le mouvement social le plus puissant et le plus uni dans sa diversité et sa pluralité, et pouvant constituer un contrepouvoir
A ce moment-là déjà, le mouvement semblait relativement nouveau à plusieurs niveaux : à côté des références à leurs ainées qui ont participé à la Guerre de libération et qui continuent à légitimer leur combat, elles font appel à des références universelles, elles posent frontalement et publiquement les revendications égalitaires et citoyennes, elles mènent de grandes actions publiques, elles sont médiatisées, elles tentent d'organiser des pressions sur les pouvoirs publics. Les femmes sont visibles et tentent de renégocier leur place et leurs rôles dans la société en occupant les espaces publics. Une coordination nationale, regroupant l'ensemble des associations, fut créée. Ainsi, une rencontre nationale a été organisée les 30 novembre et 1er décembre 1989 à Alger, et a débouché sur une plateforme qui reste encore d'actualité aujourd'hui, malgré les discussions contradictoires, chaudes, et même violentes parfois.
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R K
Source : www.infosoir.com