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"Sur 50 prescriptions de tests, 20 patients reviennent avec les résultats"


Le Dr Boudiba assure que les "citoyens n'ont pas les moyens de réaliser des tests de dépistage Covid dans des structures privées. Ils recourent souvent à l'automédication sans confirmation de l'atteinte virale".Liberté : Les établissements publics sanitaires de proximité (EPSP) sont confrontés à une tension sur le vaccin antigrippal. Pourquoi '
Dr Daoud Boudiba : Cette année, la situation est assez particulière. La demande est très forte parce que même les gens qui n'ont pas besoin d'être vaccinés veulent l'avoir, pensant qu'il les protégerait contre la Covid-19. Alors que c'est un vaccin contre un virus saisonnier destiné aux personnes âgées souffrant de comorbidités et au personnel de la santé tous corps confondus. Aujourd'hui, la dotation des EPSP se fait au compte-goutte.
Nous recevons des quotas au fur et à mesure, mais pas en quantités suffisantes. Nous vaccinons 20 à 30 personnes en deux ou trois jours. L'information sur la disponibilité du vaccin n'a pas encore circulé. Nous nous attendions à un rush. D'autant que même en officines, le vaccin antigrippal est déjà en rupture de stock. Plusieurs pharmaciens, à Bab-El-Oued, m'ont dit n'avoir reçu que dix doses, rapidement épuisées.
Recevez-vous en consultation aux EPSP des patients Covid '
Actuellement, c'est la grande affluence. Sur 60 consultations, 50 sont des cas suspects Covid+, depuis la fin du mois d'octobre. Lors de la première vague, les gens avaient la phobie de contracter le coronavirus à l'intérieur des polycliniques, donc ils évitaient de s'y rendre. Ce qui induit d'ailleurs un retard important dans le programme de vaccination des enfants.
À présent, la tendance s'est inversée. Aux premiers symptômes (toux, fièvre...), les citoyens se ruent vers les EPSP et consultent systématiquement pour suspicion de Covid-19. La psychose s'est installée au sein de la population, qui a pris conscience de l'existence réelle du virus car quasiment toutes les familles sont touchées à travers un ou plusieurs de leurs membres.
Réalisez-vous les examens de dépistage (tests, scanner) in situ '
Non. Nous orientons les patients vers les structures privées pour les tests antigéniques, sérologiques ou PCR. Ces analyses coûtent excessivement cher et donc pas à la portée de tout le monde. Il est temps, à mon avis, que les autorités compétentes envisagent de signer des conventions avec des cliniques, des laboratoires et des centres d'imagerie médicale privés pour pouvoir avoir une traçabilité sur les cas Covid+.
Sur environ cinquante prescriptions pour un test de dépistage, nous avons un retour d'une vingtaine de patients avec les résultats des examens demandés. Nous perdons de vue les autres. Désormais, sans attendre la confirmation de la contamination ou pas par le Sars-CoV-2, nous prescrivons un traitement préventif, soit une double antibiothérapie, vitamine D et zinc et, parfois, des corticoïdes.
Nous voulons éviter à tout prix des complications liées à une surinfection des poumons. Beaucoup de citoyens recourent d'emblée à l'automédication. Le Zithromax (antibiotique), la vitamine C et le zinc se vendent comme des petits pains.
C'est en quelque sorte un traitement à l'aveugle...
En pleine épidémie virale, nous ne prenons pas en compte les symptômes de la grippe saisonnière. Tous les patients qui présentent une symptomatologie commune entre les deux infections virales sont considérés comme des cas potentiels Covid+.
Il vaut mieux traiter par excès que par défaut. Vous savez, les médecins généralistes et les urgentistes des EPSP sont en première ligne pour éviter la saturation des services de réanimation par les formes graves.
La prévention est la seule solution miracle contre la propagation massive du virus. Il suffit de se laver fréquemment les mains avec du savon normal, garder une distance de deux mètres et porter le masque. J'attire l'attention sur les solutions hydroalcooliques contrefaites, qui sont plutôt des fixateurs de virus.

Propos recueillis par : SOUHILA H.
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