Algérie - Revue de Presse


Que se passe-t-il à Kidal ? En moins d’un mois, deux accrochages ont opposé un groupe terroriste appartenant au GSPC et un groupe de l’organisation de l’»Alliance démocratique du 23 mai pour le changement» regroupant des Touareg de la République du Mali militant pour le développement de la région de Kidal où ils vivent, dans le nord du pays, à la frontière sud de l’Algérie. Cette «Alliance» a été créée par un colonel de l’armée malienne, Hassen Fagaga, déserteur depuis le mois de février dernier, qui avait dans les années 1990 fait partie de mouvement de rébellion touareg. Elle est passée à l’action en s’attaquant à deux casernes de la ville de Kidal pour s’emparer de ses magasins d’armes et de munition, le 23 mai dernier, d’où son nom, et de prendre position dans des maquis montagneux dans le nord du pays. Elle a fini par entrer en négociations avec le pouvoir central de Bamako le mois suivant sous les hospices d’Alger, à la demande des deux parties, où a été conclu un accord qui, en gros, devait faire restituer à l’Etat malien les armes volées et amener les autorités du pays à s’intéresser de plus près au développement économique et social de la région de Kidal. Cette «Alliance» ne s’est pas pour autant dissoute, mais elle s’est dotée de structures organiques en organisant un «congrès» le mois d’août dernier, notamment un «bureau exécutif» dirigé par Hassen Fagaga, trois autres colonels qui l’ont rallié et un civil, Lyad Ag Ghali, et un «Conseil consultatif».Les armes prises lors du raid de la caserne de Kidal avec la complicité de certains militaires devaient être restituées le surlendemain de l’attaque, la veille de l’Aïd El-Fitr (le 23 octobre), qu’a subie un convoi de l’»Alliance» de la part d’un groupe du GSPC, qui a fait une dizaine de victimes dans ses rangs entre tués, blessés et enlevés. Cette même attaque est une riposte du GSPC-sud, dirigé par Mokhtar Benmokhtar, pour venger un raid précédent de l’»Alliance», la fin septembre dernier, où il a perdu trois de ses éléments dont son propre adjoint. Ce conflit armé, le premier du genre qui commence ainsi à se dérouler dans la région de Kidal, inaugure un cycle de violences qui a toutes les chances d’aller crescendo dans une région vitale pour les deux organisations et que chacune a un besoin impérieux d’en assurer le contrôle sans partage, d’autant qu’elle est connue comme plutôt échappant au pouvoir central de la capitale malienne dont elle est éloignée d’un bon millier de kilomètres. L’«Alliance», longtemps accusée par Bamako d’entretenir des relations d’intérêts et même de soutien avec le GSPC, a justifié son raid de la fin septembre contre un groupe de ce dernier par le fait qu’elle voulait le chasser de son «territoire» et qu’elle lui était hostile, ne partageant avec lui aucune de ses ambitions et encore moins son idéologie. Cela a suffi à certaines voix maliennes, notamment à travers la presse, pour accuser l’»Alliance» d’être à la solde d’Alger pour pourchasser le GSPC dans cette partie du Sahel. Les mêmes voix ont accusé les «Arabes» de la région du Sahel de constituer des réseaux et des relais de soutien au profit de l’organisation terroriste. Ce qui a amené leurs notables de réagir à travers un communiqué daté de jeudi 26 octobre, où ils déclarent se sentir «scandalisés» par ce genre de «rumeurs» et se solidariser pleinement avec leurs frères Touareg dont ils partagent le «deuil» qui les a frappés avec la perte des leurs tués par le GSPC. Il est un fait que le GSPC-Sud a fait du nord du Mali, tout autant que la partie septentrionale du Niger et même du Tchad, une zone de repli, de transit et de développement de la contrebande, notamment, en matière d’armes et pour son autofinancement avant de remonter vers le Sahara algérien. Cet activisme dans cette région ne peut évidemment se faire sans complicité, d’autant qu’il est encouragé par un certain laxisme de ces Etats. Le GSPC-sud est même arrivé à recruter des hommes sur place qui, selon sa propre littérature (bulletin El-Djemaâ), participent à des actions terroristes dans le sud de l’Algérie. Mais ce qui est clair, est qu’Alger s’est toujours, dans un souci de bon voisinage et de respect de la souveraineté de chaque Etat, défendu d’outrepasser les autorités centrales officielles de chaque pays en cherchant la collaboration des «rebellions» locales. Preuve en est l’épisode de l’»extradition», en son temps, de Abderrezak el Para, dont elle a refusé la remise directe par ceux qui l’avaient capturé et qui étaient considérés comme des hors-la-loi par leur propre pays. Mohamed Issami
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