Les villages de Kabylie recèlent de nombreux genres musicaux et poétiques du domaine féminin de tradition orale d’hier et écrit d’aujourd’hui. La poésie de tradition orale est constitutive des genres suivants : chants rituels, joutes chantées et joutes déclamées, chants d’amour ou d’évocation amoureuse, sauteuses, berceuses, élégies funèbres, chants de guerre. L’ensemble des textes poétiques liés à ces genres, utilise majoritairement la forme strophique à base de sixains dont les de vers sont heptasyllabiques.
Les différents genres poétiques créés, pratiqués et transmis exclusivement par les femmes, animent la vie du village qui, pour de nombreux observateurs, constitue encore une véritable unité sociale, culturelle et politique de la communauté qui y vit. La poésie traditionnelle chantée ne perd pas sa forme métrique lorsqu’elle est déclamée. Quand j’interroge une femme sur un genre vocal chanté, très souvent elle commence naturellement à en déclamer le texte avant même de le chanter. La métrique poétique des textes ainsi déclamés ne change pas lorsqu’ils sont chantés, c’est-à-dire lorsqu’ils sont soumis au traitement de la métrique et de la rythmique musicales. Pourtant l’une des particularités du mode ancien d’interprétation vocale, qui se perd aujourd’hui, consiste en l’ajout, à certains vers de la strophe, de syllabes sans signification. C’est notamment le cas des textes chantés de la poésie d’endormissement et du chant mystique et religieux qui voient ainsi leurs vers changer de longueur syllabique.
Posté Le : 08/03/2011
Posté par : poesiealgerie
Ecrit par : Dr M’henna Mahfoufi - CNRS Musée de l’Homme
Source : Colloque International sur "La Poésie Féminine de Tlemcen" au cours de la manifestation de Tlemcen 2011, Capitale de la Culture Islamique