Tlemcen - Autres scientifiques

Les arabisants et la France : Bacigalupo épouse Bernard, Pauline (Oran, 1870 – Oran [?], apr. 1932) – professeur de lycée




Après avoir été élève-maîtresse à l’école normale d’Oran (1888-1889), elle exerce comme institutrice à Tlemcen, Aïn Tédelès (1890-1891) puis dans diverses écoles d’Oran. Désireuse d’accéder à l’enseignement secondaire, elle obtient successivement le brevet supérieur (1890), le brevet puis le diplôme supérieur d’arabe (1891 et 1896), le baccalauréat de l’enseignement moderne enfin (lettres et philosophie, 1897-1898), pour lequel elle apprend l’espagnol. En 1898-1899, en même temps qu’elle supplée une institutrice primaire au collège de jeunes filles d’Oran, elle assure les heures d’arabe habituellement données par Cohen-Solal*. Elle renonce finalement à passer le certificat d’aptitude à l’enseignement secondaire des jeunes filles qu’elle prépare à Oran avec des professeurs du lycée puis à Paris, au collège Sévigné, séjour qu’elle interrompt pour raisons de santé (novembre 1900 - février 1901). En 1903, un an après avoir épousé un professeur au lycée d’Oran, elle est nommée à une chaire d’arabe et d’espagnol nouvellement créée au collège de jeunes filles de la ville où elle fera toute sa carrière. Bien notée, elle emploie la méthode directe. En 1905, l’inspecteur général Hovelacque considère que « la culture supérieure, le sens littéraire lui font défaut et [que] son enseignement pratique et vivant est terre à terre, tout en petites habiletés » mais lui reconnaît un esprit « vigoureux et net ». Autoritaire, elle entre en conflit avec sa directrice. Or, le recteur Jeanmaire, qui a favorisé la création de sa chaire, rappelle qu’elle a le mérite de faire gratuitement des conférences pour former des institutrices à l’enseignement de l’arabe dans les écoles primaires. Avec les encouragements de son ancien maître Cohen-Solal et l’aide de Chakouri Boumédien ben Mustapha [aš-Šakūrī bū Midyan b. Muṣṭafā], elle compose un manuel illustré qui décrit campagne et ville à travers l’histoire de deux enfants qui entrent en contact avec la civilisation européenne (Ali et Aïcha. Livre de lecture courante en arabe parlé, Oran, Perrier, 1906). Conforme au programme des classes de 5e des collèges et lycées de garçons, l’ouvrage peut être utilisé dans les 3e, 4e et 5e années des lycées et collèges de jeunes filles, les écoles normales, les EPS et par les aspirants au brevet supérieur et au certificat d’études à l’enseignement de l’arabe parlé. Pauline Bacigalupo-Bernard, dont les élèves obtiennent de très bons résultats aux examens – elle a été le professeur de Georgette Pons, diplômée de l’ENLOV et employée à sa bibliothèque, de Jeanne Bel* et d’autres futures professeurs d’arabe –, est récompensée de son dynamisme par les palmes académiques (OA, 1911 et OI, 1920). Elle souffre ensuite de la désaffection qui touche les classes d’arabe après guerre, particulièrement nette dans l’enseignement féminin. Alors qu’elle n’a plus qu’une cinquantaine d’élèves, l’inspecteur d’académie lui trouve une certaine âpreté et des procédés parfois trop mécaniques qui n’attirent pas les élèves. Le transfert de la chaire publique d’arabe d’Oran à Tlemcen après la retraite de Mouliéras* en 1926 et la restriction de la place de l’arabe au baccalauréat après 1928 aggravent la situation : les élèves du lycée qui suivent son enseignement d’arabe ne sont plus qu’une trentaine à son départ à la retraite. Inspecteur d’académie et inspecteur général sont alors d’accord pour juger qu’on pourrait sans dommage supprimer la chaire.

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