La "Muraille coloniale de Tlemcen" fait référence aux fortifications et enceintes défensives construites ou renforcées par les autorités françaises pendant la période coloniale en Algérie (1830-1962), particulièrement autour de la ville de Tlemcen, une ancienne capitale zianide située dans l'ouest algérien. Tlemcen, riche en patrimoine médiéval avec ses remparts almohades et zianides, a vu ses structures défensives adaptées par les colons pour des besoins militaires et urbains. Ces murailles n'étaient pas une construction entièrement nouvelle, mais plutôt une modernisation des enceintes existantes, intégrant des éléments européens comme des bastions et des portes fortifiées. Elles symbolisaient le contrôle colonial sur une ville stratégique, proche du Maroc et des routes caravanières.
Contexte historique
- Origines pré-coloniales : Avant la conquête française, Tlemcen était ceinte de murailles remontant aux dynasties almohade (XIIe siècle) et zianide (XIIIe-XVIe siècles). Par exemple, la casbah (ou qasba) de Tlemcen, équivalente à une citadelle fortifiée, abritait le palais royal (El Mechouar) et était protégée par des remparts massifs en pierre et en brique, avec des tours et des portes comme Bab El Djadid ou Bab El Assad. Ces structures défensives ont résisté à des sièges répétés, notamment par les Mérinides au XIVe siècle.
- Période coloniale (1836-1887 et au-delà) : Après la prise de Tlemcen en 1836 par les troupes françaises, les colons ont transformé les biens habous (propriétés islamiques pieuses) en monuments "nationaux" sous contrôle français. Les murailles ont été réaménagées pour protéger les quartiers européens naissants, intégrer des casernes et des forts. Cela s'inscrivait dans une politique de "préservation" patrimoniale qui masquait en réalité une appropriation culturelle. Des historiens comme Mohammed Hadjiat soulignent comment ces édifices, y compris les remparts, sont passés de symboles islamiques à outils de légitimation coloniale.
Caractéristiques architecturales
Les murailles coloniales de Tlemcen combinaient l'héritage local (pierre locale, arcs en ogive) avec des influences françaises (bastions Vauban-like pour l'artillerie).
- Longueur et structure : Environ 5-6 km d'enceinte principale, avec des pans encore visibles aujourd'hui, comme ceux près du Palais El Mechouar (construit en 1248 et fortifié au XIXe siècle).
- Éléments clés :
- Portes fortifiées : Bab El Khaled et d'autres ont été renforcées avec des herses et des ponts-levis.
- Tours et bastions : Ajout de tours d'observation pour surveiller les environs, notamment vers le Maroc.
- Intégration urbaine : Les remparts délimitaient la "casbah" indigène (vieille ville musulmane) par opposition aux quartiers européens, un clivage typique de l'urbanisme colonial.
| Élément |
Description |
Période principale |
| Remparts zianides modifiés |
Murs en pierre de 4-6 m de haut, avec créneaux |
XIIIe siècle, rénovés XIXe |
| Bastions français |
Ajouts pour canons, style Vauban |
1840-1870 |
| Portes (ex. Bab El Djadid) |
Arcs renforcés, motifs zellige conservés |
Médiéval, fortifiés colonial |
| Casbah fortifiée |
Enceinte royale incluant palais et mosquées |
1248, adaptée 1836+ |
État actuel et importance
Aujourd'hui, des vestiges subsistent dans la médina de Tlemcen, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO (comme partie du paysage culturel zianide). Ils sont intégrés au circuit touristique, avec des restaurations post-indépendance (1962) pour préserver l'héritage mixte. Des expositions récentes, comme "De terre et d'argile" en 2011 lors de "Tlemcen, capitale de la culture islamique", mettent en lumière ces architectures de terre et de pierre. Cependant, l'urbanisation menace certains pans.
Pour une visite, explorez le Palais El Mechouar, où les murailles environnantes offrent un aperçu direct de cette fusion historique.
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Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : Photo : Hichem BEKHTI