Impuissance - Décidément, le ministère de la Santé peine à remédier à la crise du médicament qui frappe son secteur depuis longtemps.
Cette fois-ci, ce sont les diabétiques insulinodépendants qui réclament de l'insuline basale lente, introuvable depuis plusieurs mois dans les hôpitaux et la vingtaine d'officines publiques et privées que nous avons visités.
Partout, c'est la même réponse chez l'ensemble des pharmaciens. «Nous avons depuis plusieurs mois adressé des bons de commande à Saidal qui, à ce jour, n'a pas satisfait notre demande.» L'un d'eux nous oriente sérieusement chez... le ministre de la Santé Djamel Ould Abbès. «Même le ministre de la Santé ne peut satisfaire la moindre prescription médicale d'insuline et d'intra nuls».
En effet, durant ce mois sacré qui coïncide avec l'été et la chaleur, les diabétiques ont tendance à boire beaucoup de boissons fraîches et à manger des sucreries, ce qui fait monter rapidement le taux de glycémie dans le sang. Pour gérer leur maladie, ils sont obligés de s'injecter une dose d'insuline qui existe sous deux aspects et deux formes, à savoir l'insuline rapide et l'insuline lente qui couvre le patient durant toute une nuit.
Or, cette dernière reste introuvable au niveau des services de diabétologie, de réanimation et des urgences de l'ensemble des hôpitaux de la capitale que nous avons visités dans la soirée d'hier. Nous avons remarqué au niveau des services de diabétologie des hôpitaux une colère chez les malades. Ils sont convaincus que «le secteur médical est entré dans une longue hibernation», nous disent nos différents interlocuteurs.
«Les services concernés ainsi que les urgences de certains hôpitaux enregistrent une pénurie flagrante de médicaments et même d'intra nuls, des seringues, des épicrâniennes et des cathéters périphériques veineux avec lesquels les infirmiers piquent les malades afin d'injecter du sérum ou des médicaments par voie veineuse directe, une technique qui consiste à injecter goutte à goutte les solutés isotoniques ou hypertoniques contenant ou non des médicaments de façon lente et continue», dénonce un infirmier au niveau du CHU Mustapha-Pacha.
Les services visités lors de cette soirée ramadanesque, sont bondés de patients en manque d'insuline et qui ne peuvent rester longtemps sans ce traitement. Nous avons pu constater que le service de diabétologie du CHU Mustapha enregistre un manque de produits indispensables au diabétique. Même constat au niveau du service diabétologie du CHU Maillot de Bab El-Oued, où l'on a constaté que l'insuline lente, à savoir l'insuline NPH produite par Saidal, dont la durée d'action varie entre 16 et 20 heures après l'injection est introuvable, alors que son effet «retard» au coucher couvre le patient jusqu'au lendemain matin.
«Les médicaments du cabas»
Interrogés sur ces ruptures de stocks répétitives, les pharmaciens évoquent une «véritable crise du médicament qui met en danger la vie de plusieurs malades». Tandis que certains affichent des réserves au sujet de l'origine de ces pénuries, d'autres soulignent que les grossistes sont derrière. Certains pharmaciens nous ont indiqué que «le marché du médicament subit le diktat de la contrebande». Quelle contrebande ' Une jeune pharmacienne nous parlera des «médicaments du cabas» qui proviendraient des frontières. «Il y a des médicaments introuvables chez nous, mais que vous pouvez trouver chez d'autres pharmaciens sans vignette et avec des prix largement plus élevés», enchérit-elle. Bien que cette approche mérite une enquête sérieuse pour déterminer si effectivement les médicaments sont importés dans des cabas comme d'autres commerces de fraude et de contrefaçon, cette piste demeure de toute manière maigre pour justifier les pénuries de médicaments. Par ailleurs, même si ce marché connaît bel et bien une modique spéculation, des questions restent posées quant à la gestion et la distribution des médicaments dans les officines et les hôpitaux. Entre-temps, des malades chroniques partagent cette amère réalité. Les diabétiques cherchent désespérément de l'insuline et du metformine, idem pour les asthmatiques qui font le parcours du combattant pour trouver de la ventoline... Ils doivent attendre qu'ils aient le droit d'acheter un médicament et que les clans du marché fassent la paix.
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R K
Source : www.infosoir.com