Mme Fanny Marc, une artiste française active dans la première moitié du 20e siècle, a laissé une empreinte notable dans le paysage artistique et culturel d’Oran, en Algérie, à travers ses contributions au Musée Zabana (anciennement Musée Demaëght) et ses environs. Cet article explore son œuvre, son don, et le contexte spécifique des grilles du musée, du fronton d’Ardaillon, ainsi que la perspective du bas du Boulevard Paul Doumer depuis les escaliers du musée, tout en replaçant ces éléments dans l’histoire coloniale et post-indépendance d’Oran.
Mme Fanny Marc et Son Œuvre
Fanny Marc est une sculptrice française connue pour ses œuvres en bronze, souvent marquées par un style néoclassique ou réaliste, typique des artistes de son époque. Bien que peu de détails biographiques précis soient disponibles sur elle, son nom est associé à des contributions artistiques dans des espaces publics, notamment à Oran. L’une de ses œuvres les plus emblématiques dans cette ville est le bronze intitulé Caïn fuyant son crime, qui fait partie des sculptures installées devant le Palais des Beaux-Arts, où se trouve le Musée Zabana.
Caïn fuyant son crime : Cette sculpture, mentionnée dans des descriptions historiques du quartier du Plateau Saint-Michel à Oran, est un bronze représentant Caïn, figure biblique, dans un moment de fuite dramatique après le meurtre de son frère Abel. L’œuvre, exposée à l’angle nord des parterres bordant la façade du Palais des Beaux-Arts, illustre le talent de Fanny Marc pour capturer des émotions intenses à travers des figures humaines. À ses côtés, deux autres bronzes représentant des lionnes (dont l’auteur n’est pas précisé dans les sources) complètent cet ensemble sculptural, ajoutant une touche de majesté animale à l’espace.
Le Don de Fanny Marc : Les Grilles du Musée
Les grilles du Musée Zabana, anciennement appelé Musée Demaëght, sont également attribuées à Fanny Marc comme un don artistique. Construit en 1933 et inauguré en 1935, le Palais des Beaux-Arts, qui abrite le musée, est un bâtiment de style dorique avec des frises polychromes évoquant des scènes mythologiques grecques. Les grilles, bien que non décrites en détail dans les sources, sont probablement des éléments décoratifs en fer forgé ou en bronze, conçus pour embellir l’entrée ou les abords du musée. Ce type de contribution était courant à l’époque coloniale, où les artistes participaient à l’embellissement des espaces publics pour refléter le prestige de la France en Algérie.
Le don des grilles par Fanny Marc s’inscrit dans une tradition de mécénat artistique, similaire à celle observée dans d’autres musées français comme le Musée d’Orsay, où des donateurs contribuaient à enrichir les collections et les infrastructures. Cependant, dans le contexte d’Oran, ce geste peut aussi être interprété comme une tentative de légitimer la présence coloniale à travers l’art, en imposant des symboles culturels européens dans une ville majoritairement peuplée d’Algériens.
Le Fronton d’Ardaillon
Ardaillon, situé à proximité du Musée Zabana, est un collège historique d’Oran, mentionné dans des récits nostalgiques du quartier du Plateau Saint-Michel. Le fronton de cet établissement, également attribué à Fanny Marc, est une œuvre décorative qui orne la façade principale du bâtiment. Dans l’architecture de l’époque coloniale, un fronton était souvent un élément triangulaire ou semi-circulaire au-dessus de l’entrée, décoré de motifs sculptés ou de bas-reliefs. Bien que les détails spécifiques du fronton d’Ardaillon ne soient pas documentés, il est probable qu’il représente des figures allégoriques ou des scènes éducatives, en accord avec la fonction du collège.
Le nom d’Ardaillon évoque des souvenirs pour les anciens habitants du quartier, comme en témoignent des récits personnels sur le Plateau Saint-Michel, où des élèves se remémorent les récréations animées devant le collège, avec des vendeurs ambulants comme Caramélo et ses sandwiches. Le fronton, en tant qu’élément artistique, aurait contribué à donner une identité visuelle forte à cet espace éducatif, tout en reflétant l’esthétique coloniale française.
Le Bas du Boulevard Paul Doumer depuis les Escaliers du Musée Zabana
Le Boulevard Paul Doumer (anciennement Boulevard d’Iéna, rebaptisé après l’indépendance) est une artère importante du quartier du Plateau Saint-Michel à Oran. Depuis les escaliers du Musée Zabana, situé au 19 Boulevard Zabana, on peut observer le bas de ce boulevard, qui s’étend vers le quartier du Village Nègre et les casernes du Train, de style hispano-mauresque. Cette perspective offre un panorama sur un Oran colonial, marqué par une coexistence complexe entre les communautés européenne et algérienne.
Description visuelle : En descendant les escaliers du musée, on longe le Palais des Beaux-Arts, avec ses parterres ornés des bronzes de Fanny Marc. À gauche, le Boulevard Paul Doumer s’ouvre sur une scène animée décrite dans des récits historiques : une foule bigarrée de musulmans, hommes en burnous et femmes en haïks, animant un quartier pittoresque. Plus loin, on atteint des rues comme la Rue Mohamed el Kébir ou la Rue de la Macta, qui mènent à d’autres parties du Plateau Saint-Michel.
Contexte historique : À l’époque coloniale (1930-1962), ce quartier était un mélange de modernité européenne et de vie traditionnelle algérienne. Le Palais des Beaux-Arts, avec ses institutions culturelles (musée, bibliothèque, école des beaux-arts), contrastait avec le Village Nègre, un quartier populaire où la population locale vivait dans des conditions souvent précaires. Cette dualité reflète les inégalités de la période coloniale, où l’art et l’architecture servaient à affirmer la domination française tout en marginalisant les habitants autochtones.
Contexte Post-Indépendance
Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, le Musée Demaëght a été renommé Musée Zabana en hommage à Ahmed Zabana, un héros de la révolution algérienne exécuté en 1956. Les grilles et les bronzes de Fanny Marc, bien que toujours présents, ont été réinterprétés dans un nouveau contexte nationaliste. Cependant, des témoignages d’anciens habitants européens, datant des années 1970 et plus tard, expriment une nostalgie pour l’Oran colonial, déplorant l’abandon et le manque d’entretien des infrastructures comme le collège Ardaillon ou le quartier du Plateau Saint-Michel.
Cette nostalgie, visible dans des commentaires sur des forums ou des vidéos, doit être abordée avec prudence. Si les Européens se souviennent d’une ville "gaie et propre", cette vision occulte les réalités de la ségrégation et des inégalités vécues par les Algériens sous la colonisation. Les œuvres de Fanny Marc, bien que belles, s’inscrivent dans ce cadre colonial, et leur présence aujourd’hui à Oran peut être vue comme un vestige d’une époque controversée.
Conclusion
Les contributions de Mme Fanny Marc à Oran, à travers ses bronzes comme Caïn fuyant son crime, les grilles du Musée Zabana, et le fronton d’Ardaillon, témoignent de son rôle dans l’embellissement artistique de la ville pendant la période coloniale. Depuis les escaliers du Musée Zabana, le bas du Boulevard Paul Doumer offre une perspective sur un Oran d’antan, mêlant grandeur architecturale et vie populaire. Cependant, ces éléments doivent être replacés dans leur contexte historique : ils symbolisent à la fois le talent d’une artiste et les ambitions coloniales françaises, dans une ville qui, après 1962, a cherché à redéfinir son identité.
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Posté par : wledwahran
Ecrit par : Hichem BEKHTI