Oran - Revue de Presse

Le Ney, l?instrument emblématique du Samà


En Asie, dans la musique orientale, il y a des instruments qui servent à la musique sérieuse mais aussi à la musique de divertissement, de cabaret... le Ney jamais, le Ney est toujours du côté de la musique sérieuse; évidemment, vous pouvez penser que c?est à cause de sa sonorité, sa sonorité qui est quand même potentiellement spirituelle, plus spirituelle que d?autres instruments peut-être plus polyvalents...Alors, qu?est-ce qu?il y a de spirituel dans le Ney? Le Ney, c?est un instrument à souffle, donc de la même façon qu?on pousse le souffle pour chanter ou pour parler, on souffle pour sortir un son du Ney, donc le mouvement, physiquement, est le même, c?est la respiration; donc c?est un instrument extrêmement intime. C?est peut-être l?instrument le plus intime après la voix elle-même, c?est en lui-même une voix, c?est une voix qui peut suivre tous les méandres de la voix humaine; le Ney peut reproduire tout ce que fait la voix, et dans ce sens il est le plus humain des instruments, et je pense que c?est cette proximité avec l?humain qui fait qu?on est immédiatement touché... par ce son. Par exemple, imaginez, vous êtes dans le désert, vous vous promenez, tout à coup vous entendez un chant d?homme, de femme, peu importe, vous sentez une présence humaine, vous entendez le son du Ney, c?est la même voix mais sans les paroles, donc vous avez l?impression d?une présence en face. Quand vous entendez le son du «ûd», du violon, de la guitare, vous entendez un instrument, vous voyez, vous n?entendez pas un instrument.Aussi, dans les différentes cultures, le Ney a une place privilégiée et il est toujours comme un instrument porteur d?une nostalgie; le son du Ney en lui-même porte une nostalgie. Quand vous faites un film, vous avez besoin d?une séquence de rêve, de nostalgie, d?un son parfait, on prend le Ney comme (source de) musique... Il y a un autre instrument qui est très porteur aussi et qui a beaucoup d?affinité avec le Ney, c?est le «r?bab» (comme celui du Souss), un peu comme le «qamàn» dont le timbre est très proche de la voix, c?est un peu l?alter-égo du Ney... Moi, j?ai beaucoup travaillé en Iran, il y a deux instruments qui sont toujours collés au chant: le Ney et le «qamanchi» («r?bab»); si quelqu?un veut apprendre le «r?bab» ou le Ney , il doit travailler avec les chanteurs, il va chez un maître de chant; ça rentre dans la catégorie chant et non instrumentale, il ne peut apprendre le Ney avec un joueur de «ûd», ça ne marche pas; s?il veut jouer du «ûd» ou de la harpe, il doit choisir la catégorie des instrumentistes... Il convient d?indiquer que M. DURING a présenté une communication intitulée «Du samà? soufi aux pratiques animistes: continuité et ruptures».Lors du débat qui a suivi sa conférence sur «Le samà?, pratique de la sainteté pour le derviche tourneur» et à notre question quant à l?impact du Ney dans la survenue de l?extase lors du «Samà?», le Père Alberto Fabio AMBROSIO de l?université pontificale St Thomas d?Aquin de Rome, nous répondra: «Le Ney représente la séparation de l?origine, parce que comme la flûte est en bois, et donc fabriquée, a été séparée de la plante, donc du roseau... La flûte est jouée, et comme elle est jouée, elle rappelle le désir de l?âme, parce que comme le souffle passe à travers le bois, l?âme aspire à revenir à l?origine; il y a toute une symbolique entre la flûte et l?âme, et le souffle qui est joué dans la flûte est l?image de l?âme qui est dans le corps et les trous aussi ont un symbole, comme le symbole des trous que le corps a: le nez, la bouche, les oreilles... Donc, il faut dire que rien que symboliquement, le derviche tourneur est attiré par la musique de la flûte qui rappelle cette séparation et donc le désir de revenir à l?origine, donc cette image forte doit avoir un impact sur le derviche tourneur à travers le son du Ney...»Au fait, si on fait un décompte «organique», on constate que le corps est doté de sept orifices correspondant curieusement au nombre de trous pratiqués sur le Ney. A propos d?organologie, le Ney (ou Nay) est une flûte en roseau, originaire d?Asie centrale, dont les plus anciennes formes datent de l?âge des pyramides (représentation sur des peintures tombales égyptiennes vers -3000/-2500 ans). Son nom d?origine persane signifie justement roseau. L?instrument est joué du Maroc au Pakistan.  Le Ney a ses virtuoses à travers le monde


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