Constantine - A la une



Remis de ses déboires précédents avec En Nahda et El Islah, les deux partis qu'il a contribué à créer avant qu'il ne soit éjecté par des «frères» devenus ennemis, le précurseur du mouvement salafiste à Constantine au milieu des années 1980, Abdallah Saâd Djaballah, a été la vedette «sans» surprise du podium des législatives 2012, en décrochant deux sièges avec son nouveau parti le FJD.
Ce leader à qui on reconnaît la détermination quand il s'agit des questions idéologiques et qui s'était démarqué de l'ex-FIS pour une question de leadership et d'incompatibilité d'humeur avec Abassi et Belhadj, obtient deux sièges selon les résultats des urnes à Constantine. Ce résultat n'a pas pour autant satisfait son bras droit Lakhdar Ben Khalef, qui n'a pas cessé, au lendemain du vote, d'attirer l'attention des observateurs étrangers en prétendant qu'il y a eu des incohérences dans la procédure des sondages du scrutin. Selon certaines indiscrétions, Djaballah était prêt à entreprendre une véritable révolution. Djaballah, que l'on considère comme l'un des noyaux durs des islamistes constantinois, a pris conscience des vertus de la démocratie, même s'il a, un temps où il pensait que c'était là une hérésie, prêché à son tour les mêmes propos pour accuser de nouveau l'administration car, cet islamiste qui a entamé son parcours durant les années soixante-dix, à l'ombre des Frères musulmans était sûr, à presque cent pour cent, de remporter la majorité comme il l'a déclaré dans ses meetings à travers le territoire national durant la campagne électorale, en soutenant que les législatives de 2012 seront en faveur des islamistes comme ce fut dans certains pays de l'Afrique du Nord.
A l'évidence, Djaballah s'imaginait bien au pouvoir pour diriger le pays. Il est en tout cas présent avec deux sièges derrière le RND (trois sièges) mais loin derrière le FLN qui a raflé six des 12 sièges attribués à la circonscription de Constantine.
En un mot, Djaballah a eu la main heureuse. Considéré comme un des pionniers du mouvement islamiste au niveau de la métropole de l'Est où il avait milité dans le milieu universitaire, il vient de prendre une revanche d'abord, sur ses frères ennemis qui l'ont évincé à deux reprises de la direction d'En Nahda et d'El Islah, les deux formations auxquelles il a donné naissance, et ensuite, sur un MSP en perte de vitesse.
Dans son dernier meeting qui a eu lieu à Constantine, le leader du Front de la justice et du développement avait adopté un discours percutant. Il s'est montré sûr de lui déclarant: «Je vais éliminer la pauvreté, il n'y aura plus de familles nécessiteuses en Algérie.
Je veux ouvrir près de 5000 postes d'emploi stables et 3000 postes semestriels rien que pour la wilaya de Constantine.» Et pourtant, ce n'est nullement cette démarche volontariste qui lui a permis de gagner deux sièges au Parlement.
La victoire de Djaballah (à Constantine) doit être vue sous un autre angle. En effet, malgré tous ses déboires, il n'a jamais cessé de courtiser la base militante de l'ex-FIS et de se rapprocher d'elle grâce aux nombreux réseaux qu'il a pu constituer, particulièrement au niveau des quartiers populaires. Même quand il a été éjecté par ses adversaires, Djaballah a continué à mener un travail de proximité envers la base fissiste. Cette dernière le considère d'ailleurs comme le plus salafiste des Frères musulmans. Sa victoire, si on peut la qualifier ainsi, est celle d'un courant qui renaît des cendres de l'ex-FIS. Selon certains connaisseurs, Djaballah ne représente en fin de compte que le retour d'une aile jugée fréquentable de l'ex-FIS.


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