Biskra - Hôtel du Sahara	(Commune de Biskra, Wilaya de Biskra)

Démolition de l’Hôtel Sahara de Biskra : Un Trésor Historique Disparu


Démolition de l’Hôtel Sahara de Biskra : Un Trésor Historique Disparu
Localisation et Construction :
L’Hôtel Sahara, situé au cœur de Biskra, wilaya de Biskra, fut le premier hôtel de la ville, érigé en 1852. Construit selon l’architecture saharienne traditionnelle, il utilisait des matériaux locaux : adobe (toub) pour les murs, pierres de l’oued Sidi Zarzour pour les fondations, et boiseries issues des palmeraies environnantes. Cette bâtisse écologique offrait une isolation thermique exceptionnelle, typique des habitations biskries de l’époque, et servait de modèle d’étude pour les étudiants en architecture de l’Université Mohamed-Khider de Biskra et d’autres institutions algériennes.

Importance Historique :
Dès sa création, l’Hôtel Sahara s’imposa comme un lieu emblématique. Il accueillit des figures majeures des XIXe et XXe siècles :

Ferdinand de Lesseps (1805-1894), concepteur des canaux de Suez et de Panama, y séjourna pour explorer le projet d’une mer intérieure via le canal de Gabès.
Léna Bernstein (1906-1932), aviatrice franco-russe, y résida avant sa mort tragique à Biskra, où elle fut inhumée.
Des registres témoignent de la présence de personnalités comme Charles R. Luce (1920), le roi Albert et la reine de Belgique (1921), ou encore la reine mère d’Angleterre, qui louait une suite à l’année selon Aly Denine (revue Tassili, n°53/2008).
L’écrivain français Albert Truphémus (1873-1948) y situa son roman Les Khouan du Lion Noir (1931), dénonçant la colonisation et l’exploitation des enfants, ancrant l’hôtel dans la littérature anticoloniale.
Sous la colonisation française, Biskra devint une station touristique prisée, surnommée la « Reine des Zibans ». L’hôtel, avec son architecture locale intégrée au paysage oasien, incarnait un pont entre cultures et un attrait pour les Européens fuyant l’hiver, renforçant son statut de joyau historique.

Démolition :
Malgré son importance, l’Hôtel Sahara fut condamné. Un arrêté de démolition (n°431) fut émis le 24 décembre 2005, basé sur un rapport du CTC (Contrôle Technique de la Construction) de 2003 le déclarant en ruine. Face à l’opposition des citoyens et du syndicat d’initiative, une expertise fut ordonnée le 2 juillet 2008 par le wali et la Direction de la Culture. Des architectes agréés par le ministère de la Culture conclurent en 2009 que l’édifice était récupérable et restaurable. Cependant, le 21 mars 2023, un nouvel arrêté (n°441), pris en secret par le président de l’APC et entaché d’irrégularités, ignora cette expertise. L’hôtel fut démoli manu militari, au mépris des lois sur la protection du patrimoine (loi 98-04), suscitant l’indignation des Biskris.

Conséquences :
Cette destruction s’ajoute à celle d’autres sites historiques comme l’Hôtel Royal, l’Hôtel Oasis et l’ancien Hammam Salhine, effaçant des pans de mémoire collective. Biskra, riche de son climat doux, ses paysages (Aurès, dunes, palmeraies), son artisanat et son histoire (Ibn Khaldoun, Hadj Ahmed Bey, Hô Chi Minh), perd un atout touristique majeur. L’association Mosaïque et les citoyens, soutenus par le wali, militent pour préserver le patrimoine restant, mais la Direction de la Culture est critiquée pour son inaction.
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