Béjaia - Précarité

Quand les ruraux s’en sortent



Le développement dans les régions rurales s’affiche problématique, à Béjaïa. Les images installées dans l’inconscient collectif sont généralement négatives. Une simple virée dans certaines zones rurales nous permet de mesurer la rudesse de la vie, où le froid grignote en hiver, et où la sécheresse brûle en été.

Le danger est omniprésent, le confort est déstabilisé, le taux du chômage a connu des proportions alarmantes, et l’exode vers les zones urbaines râpe les jeunes en quête d’une vie meilleure.
La question comment aider ces régions rurales à mieux s’en sortir, a été maintes fois posées par les responsables locaux. Effectuer une étude d'un « Plan Stratégique de Développement d'une Commune » (PSDC), pour un intérêt collectif, « ne semble point intéresser nos élus, aujourd’hui », déclare un ancien maire à l’APC de Melbou.
Celui-ci, estime qu’une étude dans un tel contexte est une opportunité pour proposer, et à tous les niveaux, des mesures à prendre, des actions à mener, ou des orientations prospectives ; ce qui permettra à chacun de bien comprendre son rôle et de le jouer pleinement. Ainsi, sera facilité le dialogue entre les différents niveaux d'actions pour rendre effectives les volontés politiques de développement définies au niveau local.
Pourtant les zones rurales sont d’un grand apport à l’économie nationale depuis la nuit des temps. L’agriculture par exemple réponde à des besoins grandissants des marchés, et contribuent au développement rural. Et qui dit agriculture, dit zone rurale à développer. Le potentiel touristique n’est pas en reste. Étant l’unique salut des citoyens, notamment des régions montagneuses faisant face à la mer, il n’est pas assez exploité. Il est limité à une seule activité exercée en période d’été ; qui est le tourisme balnéaire. L’investissement est très limité. Selon le P/APC de Tichy, le seul qui investit dans le domaine du tourisme est le privé. La plus part des opérateurs hôteliers installés dans la ville sont des privés ayant bénéficié de projets de construction d’hôtels ou de complexes touristiques. La commune, selon M Hassani, le maire de cette ville touristique, est loin d’en bénéficier pour la simple raison que l’APC n’a ni les moyens, ni le pouvoir en main pour investir dans le domaine touristique.

Les habitants de Tarikt brisent le silence

Les habitants de Tarikt, supportent depuis des années les aléas de l'enclavement de leur hameau situé à huit kilomètres du chef lieu de la commune de Melbou (Béjaïa). Aujourd'hui ils sortent de leur mutisme pour dénoncer le silence des autorités qui ont, tourné le dos à cette région; qui en plus du sous-développement, est dépourvue d'infrastructures de base, qui permettront à ses habitants de sortir de l’enclavement qu’ils endurent depuis l’indépendance.
Une situation rude que nous avons pu constater sur le terrain, et qui se rajoute désormais à l'insécurité qui y prévaut, car pour rappel, la région a fait l’objet de passage d’un groupe de terroristes, dans le passé. Depuis l’ixode s’accentue particulièrement en ces dernières années, ou l’on fait recours aux demandes de logements au chef lieu communal. Ceux qui restent, sont, faute de moyens notamment le transport, contraint de supporter les aléas de l'enclavement.
En effet, le transport des malades vers les hôpitaux, l'acheminement des matériaux de construction et l'approvisionnement en denrées alimentaires s'avèrent problématique. Faute de transport, ils font un trajet de 12 kilomètres au chef lieu communal. Le retour semble être le calvaire de ces habitants qui attendent désespérément l'intervention des pouvoirs publics pour mettre fin à ce calvaire.
Ainsi, perchée sur les hauteurs de Bouhaloumène, face à la mer, cette belle région montagneuse aux attraits naturels, manque de plusieurs commodités de vie les plus alimentaires. L’alimentation en eau potable (AEP) est une priorité selon les habitants. En l'absence de ce liquide vital, on s’alimente d'El Anser, une ancienne source aménagée par des habitants de la région, et qui se raréfie en périodes de chaleurs. Les habitants attendent depuis des années de cela la réalisation d’un projet d’AEP ont a bénéficié la localité, en 2006. La solution, proposée par l’APC, d’alimenter les foyers à partir de la fontaine du bourg, n’était pas du goût des citoyens qui ont refusé l’idée.
L’assainissement est un problème crucial des habitants. L’on s'inquiète de plus en plus du fait qu’ils n’en soient pas encore raccordés au réseau. On jette généralement ses rejets domestiques dans des fosses septiques qui se déversent une fois remplies dans la nature, « comme jadis le font nos ancêtres».
Sur le plan de la jeunesse, ça affiche néant. Aucun espace pour les jeux de loisirs, ni même une simple aire de jeux. Les jeunes sont livrés à eux même. On commence sa carrière, dans cette localité, à son printemps âge. Les enfants ne pratiquent aucune activité de loisir, ni même éducative et/ou sportive. Bien au contraire, à 8 ans, l’on rentre déjà dans le monde du travail. Des jeunes que nous avons rencontrés, étaient « occupés » et avaient des choses à faire comme la collecte des déchets ménagers (fer, plastique, cuivre,...ndlr), pour les vendre à des commerçants qui s’y déplacent. D’autres nous dit-on, entre 14 à 19 ans, sont aux chantiers. Le quartier était presque vide des ses jeunes. « On ne retourne que le soir vers 17h00 », nous informe un jeune universitaire au chômage, revenu du chantier, prendre son petit déjeuner. Ce dernier, à l’instar des autres universitaires, ne sait plus à quel saint se vouer. Diplômé en sciences de gestion, il n’a à ce jour pas trouvé d’emploi ni même un simple pré-emploi, dit-il, malgré avoir déposé plusieurs demande d’emploi auprès des organismes et entreprises. « Nous n’avons bénéficié d’aucune infrastructures depuis l’indépendance. Nous vivons dans les mêmes conditions déplorables. Pas d’eau, pas de gaz ni d’assainissement. Aucune infrastructure culturelle. La route est rétrécie et détériorée. Nos jeunes sont livrés à eux même. Nous vivons une vie difficile au vu et au su des autorités», nous résume dépité un père de famille.

Des atouts à valoriser
Cette localité lovée dans les plies des montagnes des Babors possède des atouts qui peuvent faire d’elle une région rurale de grande importance s’ils sont sérieusement exploités. Elle est connue par sa faune et sa flore et ses plaines qui font d’elle une région à destination touristique. Malheureusement le tourisme montagneux n’est pas trop encouragé dans notre temps, pour cause de l’insécurité.
La région est aussi connue par sa production en matière de liège. L’APC de Melbou qui procède chaque année à son exploitation recrute une trentaine de chômeurs, dans le cadre du dispositif blanche Algérie. Le potentiel agricole n’est pas en reste. La région est le fief de plusieurs qualités d’arbres fruitiers dont l’olivier occupe un taux de pourcentage assez important. Ainsi, les citoyens exercent l’agriculture depuis plusieurs décennies. Au passé, l’on produit plusieurs variétés de légumes, à l’exemple d’anions, pomme de terre, l’haricot,...etc. aujourd’hui, faute de moyens, ils se limitent à satisfaire uniquement les besoins primordiaux de leurs familles. Mais quelque part, ils sont convaincus que l’agriculture est un bon moteur pour donner un coup de pouce à la croissance rurale.
Les sources d’eau y sont débordantes mais restent à ces jours inexploités. Les citoyens estiment que si l’état met à leur disposition les moyens nécessaire, la région devinera comme avant et contribuera au développement économique de la commune.

Bouhmed monte au créneau

Bouhmed est un petit bourg rattaché au village Tahmilt, dans la commune de Melbou. Ces habitants sont montés au créneau pour protester contre le calvaire qu’ils endurent depuis plus d’une décennie. Dans un rapport adressé aux autorités locales, ils accusent ces derniers d’être les premiers concernés quant au retard dans l’inscription d’infrastructures de bases au profit de leur localité.
En effet, les problèmes majeurs des citoyens, exposés dans ledit rapport, dont nous détenons une copie, restent les mêmes. Le réseau routier est dans un état de dégradation avancé. On demande l’aménagement de la piste reliant leur village à la cité Tizi El Oued par Oued Aguerioune (appelée communément piste Aqerqar), sur 1 kilomètre. On réclame aussi la réalisation d’un réseau d’assainissement au profit du quartier. N’ayant pas été raccordés, les habitants continuent à s’en prendre aux fosses. Celle-ci sont malheureusement remplies et débordent dans la nature. Pour l’AEP, les habitants disent connaitre une perturbation dans la distribution qui dure parfois jusqu’à 20 jours. On expose aussi le problème du ravin descendant de la montagne dite Aguemoune. Celui-ci déborde en hiver et menace des habitations ainsi que le cimetière « Bouhmed ».





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