Bejaia - Sujets chauds

Polémique autour d’Ifri : quand le sponsoring sportif vire au boycott


Polémique autour d’Ifri : quand le sponsoring sportif vire au boycott

La marque de boissons Ifri, figure majeure de l’industrie agroalimentaire en Algérie et symbole économique de la région de Béjaïa, se retrouve au centre d’une controverse inattendue. Depuis l’annonce de son partenariat avec le MC Alger, un important mouvement de boycott a émergé parmi certains supporters du MO Béjaïa et du JSM Béjaïa.
Un épisode qui interroge : comment une entreprise profondément ancrée dans son territoire peut-elle devenir la cible d’une partie de son propre public ?

Un boycott né d’un choix commercial

À l'origine de la polémique : la décision d’Ifri de sponsoriser le MC Alger, un club à forte notoriété nationale. Pour une entreprise évoluant dans un marché compétitif, ce choix relève d’une logique commerciale et d’une stratégie de visibilité.
Mais pour une frange de supporters locaux, cette décision aurait été perçue comme une prise de position contre les clubs de Béjaïa.

Ainsi est née une campagne de boycott largement relayée sur les réseaux sociaux, exprimant une forme de déception et, parfois, un sentiment de trahison.

Quand le sport devient un terrain d’identités locales

Au-delà d’Ifri, cette affaire soulève une question plus large : celle de la relation complexe entre clubs sportifs, identités régionales et entreprises locales.

Dans un contexte où le football en Algérie dépasse largement le cadre du simple jeu, l’engagement d’une entreprise peut être interprété comme un alignement symbolique.
Pourtant, le sport moderne repose aujourd’hui sur une économie ouverte : sponsoring, partenariats, stratégies de marque, expansion de marché… autant de paramètres bien éloignés des logiques de rivalités locales.

La question fondamentale demeure : peut-on juger une entreprise en fonction de l’équipe qu’elle choisit de soutenir ?

Une vision réductrice du sport et de l’entreprise

La polémique actuelle révèle une contradiction. Alors que les supporters réclament davantage de professionnalisme, certains refusent à une entreprise la liberté d’adopter une stratégie propre à son secteur.

Soutenir le MC Alger — club historique, reconnu nationalement, suivi dans tout le pays — n’implique en rien une opposition à Béjaïa ou à ses clubs. C’est un partenariat inscrit dans un cadre économique, pas un choix identitaire.

Réduire ce geste commercial à une « trahison » revient à enfermer le sport dans une logique clanique dépassée, éloignée de la réalité contemporaine.

Un débat révélateur, mais non représentatif du public

Si la campagne de boycott fait du bruit, elle ne reflète pas forcément l’opinion générale. Beaucoup d’observateurs soulignent que la crispation provient d’une minorité bruyante plutôt que d’un consensus régional.

De nombreux supporters, y compris à Béjaïa, rappellent que :

  • Ifri demeure l’une des entreprises les plus importantes de la région,

  • elle a généré des emplois locaux,

  • elle contribue à l’économie nationale,

  • et que le sponsoring sportif est un levier de développement utile à tout le pays.

Entre émotion et raison

La situation illustre une tension courante dans le football algérien : la cohabitation entre passion, identité locale et enjeux économiques.
Mais elle montre aussi les risques d’une lecture trop émotionnelle du sport, où chaque décision est interprétée comme un acte de loyauté ou d’hostilité.

Dans les faits, le sponsoring d’Ifri s’inscrit simplement dans une stratégie de marque visant à toucher un public large, fidèle et national.

Conclusion : dépasser la logique du « nous contre eux »

L’affaire Ifri rappelle la nécessité d’un débat apaisé autour du rôle des entreprises dans le sport algérien.
Le sponsoring n’est pas un acte politique ni un choix tribal : c’est un outil économique essentiel pour les clubs comme pour les marques.

À l’heure où l’Algérie cherche à professionnaliser son football, juger une entreprise sur la base d’un partenariat revient à freiner un mouvement pourtant indispensable.

Il appartient désormais au public d’élever la discussion, de dépasser les réflexes de rivalité et de reconnaître que le sport, comme l’économie, doit s’ouvrir à des dynamiques nationales — et non se replier derrière des frontières symboliques.


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