Béjaïa – Dans le cadre du projet « Réhabilitation et développement durable intégré des paysages forestiers de production de chêne-liège en Algérie » (Suberaie), financé par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) à hauteur de 27 millions de dollars américains et mis en œuvre par la Direction générale des forêts (DGF) en partenariat avec la FAO, une formation dédiée à la domestication des Plantes à Parfums, Aromatiques et Médicinales (PPAM) s'est tenue du 6 au 8 octobre 2025 à Béjaïa. Ce deuxième atelier, après celui organisé à Tlemcen du 22 au 24 septembre 2025, vise à structurer une filière nationale prometteuse, contribuant à la diversification économique des zones forestières tout en préservant la biodiversité.
Lancé en 2022, le projet Suberaie cible les écosystèmes de chêne-liège, qui couvrent environ 430 000 hectares en Algérie et représentent une production annuelle moyenne de 60 000 quintaux de liège, un atout stratégique pour l'économie verte. Au-delà de la réhabilitation des suberaies, il intègre le développement des PPAM comme levier socio-économique, favorisant l'emploi rural et la valorisation durable des ressources naturelles face aux défis climatiques et à la dégradation des sols.
Cette session de Béjaïa a rassemblé vingt-huit participants issus de divers horizons : représentants de la Conservation des Forêts de Béjaïa, du Parc National de Gouraya, de la DGF, de l’Unité de Gestion du Projet (UGP), ainsi que des associations locales et des porteurs de projets riverains des forêts. Ces acteurs, souvent confrontés à l'absence d'une filière PPAM structurée en Algérie – marquée par une désaffection des producteurs et un abandon des cultures traditionnelles comme le géranium rosat ou la verveine citronnelle –, ont bénéficié d'un programme conçu pour transformer ces contraintes en opportunités.
Les modules théoriques ont exploré les bases techniques et réglementaires de la filière PPAM, soulignant son rôle pivotal dans l'économie nationale. En Algérie, les PPAM représentent un potentiel inexploité, avec plus de 2 000 espèces recensées, dont une centaine exploitées commercialement pour des produits comme les tisanes, huiles essentielles et cosmétiques. Les discussions ont couvert le cadre juridique (lois sur la conservation de la biodiversité et les normes de qualité), les défis de production (surcollecte sauvage et manque de domestication) et les voies de commercialisation, en s'appuyant sur des initiatives comme le programme national d'exploitation et de domestication des PAM adopté en 2020.
L'aspect pratique a été au cœur de la formation, avec des ateliers sur la préparation du sol, les techniques de plantation adaptées aux zones forestières, l'entretien des cultures via des méthodes agroécologiques (lutte biologique contre les ravageurs), et la récolte durable. Des sessions dédiées ont traité du séchage, de la conservation et de l'emballage hygiénique des produits, ainsi que de leur transformation en biens à valeur ajoutée – des huiles essentielles aux savons artisanaux. Ces échanges ont stimulé l'émergence d'idées de microprojets, particulièrement adaptés aux femmes rurales, qui pourraient générer des revenus complémentaires tout en favorisant l'inclusion sociale, un pilier du projet Suberaie.
La formation s'est conclue par une sortie terrain enrichissante : les participants ont visité une parcelle expérimentale plantée en lavande, mise à disposition par la Conservation des Forêts de Béjaïa à un riverain entrepreneur. Cette visite a permis d'observer in situ le processus de distillation des huiles essentielles, le séchage et le conditionnement des produits avant leur mise sur le marché. L'entreprise hôte a partagé des données sur la rentabilité de l'activité – avec des retours sur investissement rapides pour les petites unités de production – et les perspectives d'exportation, alignées sur les ambitions de faire de l'Algérie une plateforme régionale pour les PPAM.
À l'issue de ces trois jours intenses, des attestations de participation ont été délivrées, saluant l'engagement des apprenants et leur rôle futur dans la diffusion de ces savoir-faire. Comme l'a rappelé un formateur de la FAO, cette initiative s'inscrit dans une vision plus large : former des formateurs pour assurer la pérennité des pratiques durables, en lien avec les plans d'aménagement intégrés des zones pilotes du projet. Le projet Suberaie, par ces actions concrètes, consolide ainsi son statut de catalyseur pour une filière PPAM innovante, inclusive et respectueuse de l'environnement, contribuant à la résilience des communautés forestières algériennes. Prochaines étapes : l'extension de ces formations à d'autres wilayas pilotes et le suivi des microprojets lancés.
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Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Rédaction
Source : www.fao.org