Les milliers de piétons qui, pendant plus de cinq ans, empruntaient lespassages souterrains du centre-ville, n'ont pu le faire cette année, cesendroits étant tout simplement fermés pour raison de sécurité.Voilà donc ces milliers de citoyens obligés d'envahir le cÅ“ur de la cité,donnant à la ville une indescriptible image de pagaille. Contraints de semouvoir «à ciel ouvert « alors que leurs mouvements, puisque moins visibles,étaient jusque-là relativement discrets. A Souk El-Acer, El-Djazzarine, RahbatEssouf, Errecif, Souika, El-Batha, Chatt, à travers toutes ces ruellesombragées et ombrageuses qui ceinturent la ville, toutes ces petites échoppesexiguës ont bien du mal à contenir une clientèle surexcitée. Tout dans la villedes ponts et des soupirs s'est transformé en un immense souk où ne manquentplus que bonimenteurs et arracheurs de dents.Que vient-on chercher à Constantine ? Les voilà donc, ces mères defamille et toute leur marmaille en ordre dispersé, se faufilant entre lesvoitures au risque de se faire renverser, sous les klaxons assourdissants etles coups de sifflets stridents des policières chargées de réguler lacirculation qui, en ce mois d'août caniculaire, n'aura jamais atteint un teldegré d'intensité.Avec la chaleur humide, moite, suffocante à certaines heures de lajournée où le mercure dépasse allègrement les quarante degrés, cette densité dela population au centre-ville atteint aujourd'hui un pic jamais égalé. En cettepériode des grandes vacances, des congés et des départs vers les villescôtières, Cirta, sous le poids de ces visiteurs insolites, suffoque, envahie etassaillie de toutes parts, prise d'assaut par ses hôtes.Plus que Annaba, Skikda ou Bejaïa, ces magnifiques destinations dufarniente, Constantine ploie sous une charge humaine bien difficile à canaliseret à nourrir. Les sorbetiers de fortune et vendeurs d'eau minérale font desaffaires, mais pas autant que ces restaurateurs de fortune qui foisonnent auxquatre coins de la ville. Tout est bon à grignoter, de la pizza au hamburger,en passant par le gâteau ou la «mahjouba», ce coupe-faim local qui est cequ'est la «karantita» au consommateur oranais. Dans cette cohue, ce n'est pasle centre-ville qui est l'unique cible, mais également tous les quartiers deConstantine et plus particulièrement celui de la zone industrielle où la foirevit ses derniers jours. Toute cette frénésie et ses relents folkloriquesdonnent à la ville un mois d'août pas comme les autres. Ah, cette foire !Parlons-en, ou plutôt de cette cacophonie qui en fait le piment. Ici, on exposeles premiers tabliers de la prochaine rentrée scolaire. On y expose desmeubles, de la pâte d'amande comme de la pâte brisée ou feuilletée.On y expose des meubles, de l'électroménager, du miel frais, des bijouxde pacotille, de la vaisselle, des cadres, des tapis, des lustres et dessamovars pakistanais en guise de décoration à onze millions de centimes lapièce ! Onze millions de centimes pour la précision. Et ces Chinois désormaisincontournables dans un brouhaha qui ne gêne plus personne.Constantine en ce mois d'août 2007, ce sera sans aucun doute un souvenirimpérissable pour ceux et celles qui auront eu à subir ce doux enfer d'un été àConstantine.
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Posté par : sofiane
Ecrit par : Rahmani Aziz
Source : www.lequotidien-oran.com