Béjaia - Réserves hydriques

Béjaïa - Vallée de la Soummam: Baisse des nappes et remontée de sel



Béjaïa - Vallée de la Soummam: Baisse des nappes et remontée de sel




Les réserves d’eau souterraines de la vallée de la Soummam donnent des signes patents d’épuisement.

La baisse drastique du niveau de la nappe phréatique prend l’allure d’un processus inéluctable. Les prélèvements intensifs opérés à des fins domestiques, agricoles et surtout industriels, ne sont pas suffisamment compensés par les apports pluviométriques.

«Depuis le début des années 2000, le niveau de mon puits a amorcé un déclin progressif, se creusant d’année en année. En une quinzaine d’années, le déficit cumulé est de plus de quatre mètres» constate, effaré, un maraîcher d’Akbou.

Un paysan d’Ouzellaguen, entretenant un verger agrumicole, sonne le tocsin.

«C’est une situation aussi grave qu’inédite. Nous courons à la catastrophe. A moins d’un miracle de la Providence, l’activité agricole dans son ensemble est vouée à la disparition», prophétise-t-il, sur un air chargé d’inquiétude.

C’est la même soupe à la grimace chez ce fellah de Tazmalt, pris à la gorge par le manque d’eau.

«Pratiquement à un intervalle de deux à trois ans, nous entreprenons de coûteux et harassant travaux de fonçage de nos puits. Un travail de titan qui s’avère parfois inutile, en ce sens que le débit mobilisable est devenu si chiche qu’il rend toute exploitation aléatoire», lâche-t-il avec amertume.

Ces damnés de la terre que nous avons interrogés soutiennent à l’unisson ne pas trop croire à des lendemains qui chantent. Ils sont tous habités par la même certitude: une situation alarmante et des projections alarmistes.

«Cela évolue de mal en pis, et ce qui nous attend est sans doute bien pire que ce qui nous arrive. Le hic, c’est que nous sommes impuissants et désarmés pour lutter contre un phénomène implacable», subodore un agriculteur du village Akhnak, dans la commune de Seddouk.

A se fier à des témoignages recoupés, la faillite est déjà consommée pour nombre de petits fellahs, forcés d’abandonner leurs puits asséchés.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, dit-on, les paysans de la vallée de la Soummam sont confortés à un autre péril: les remontées de sel. Apparu à la fin des années 1990 dans la région d’Akbou, ce phénomène a déjà eu raison de Gueldamane, une sorte de jardin d’Eden qui n’est plus aujourd’hui que désolation.

Ces dernières années, ce fut au tour du forage alimentant la commune d’Amalou, puis tout récemment, ceux desservant Seddouk et M’cisna, d’être contaminés par des infiltrations de sel.

Les habitants du village Biziou, sur la rive droite de la Soummam, font état du même constat.

«Tous les puits individuels sont touchés par la salinisation de l’eau. Le liquide n’est plus seulement impropre à la consommation ; il est aussi néfaste pour l’agriculture», rapporte un citoyen de Biziou, commerçant de son état.

Pris entre Charybde et Scylla, bien des fellahs de la localité n’ont eu d’autre issue que d’abandonner leurs maraîchages et leurs vergers.

«Ce sont de petites gens qui faisaient dans l’agriculture vivrière. Du jour au lendemain, ils sont précipités dans la misère en perdant leur gagne-pain», déclare un autre citoyen de Biziou.


Photo: Des fellahs ont dû abandonner leurs puits asséchés

M. Amazigh

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