Béjaia - AGRICULTURE

Béjaïa - 18e fête de la figue de Béni Maouche: La filière en quête d’un nouveau souffle



Béjaïa - 18e fête de la figue de Béni Maouche: La filière en quête d’un nouveau souffle


La traditionnelle fête annuelle de la figue de Béni Maouche s’est tenue du 5 au 7 novembre au niveau du Complexe sportif de proximité de Trouna, au chef-lieu communal.

Cette 18e édition a été marquée par une baisse d’affluence, sans doute en raison du contexte de crise sanitaire, liée à la pandémie de la Covid-19, laquelle a d’ailleurs imposé des mesures de prévention strictes lors de cette édition.

Selon M. Youcef Meziane, le président de l’Association des figuculteurs de Béni Maouche, organisatrice de cette fête, «plus de 80 exposants venus d’une dizaine de communes de Béjaïa et de plusieurs autres wilayas, dont Tizi Ouzou, Sétif et Ouargla, ont pris part à ce rendez-vous».

Outre ce fruit passionnel qu’est la figue, présents en force dans ses différentes variétés, les stands ont été bien achalandés par une myriade de produits du terroir, à l’image de l’huile d’olive, l’olive de table, le miel d’abeilles, la gelée royale, le pollen, la propolis, ainsi que divers objets artisanaux.

«Cette fête est l’une des rares opportunités qui nous permet de mettre à l’honneur et d’écouler nos produits», dira un exposant venu de la proche commune de Béni Ouartilane.

«Les nouvelles générations se désintéressent de la figue. L’Etat gagnerait à encourager nos produits et à inciter les jeunes à s’investir dans cette filière», suggère Goudjil Mohamed, un fellah du village El M’rahna.

Et d’en appeler à la communauté scientifique pour trouver des débouchés thérapeutiques aux bienfaits de la figue. Fluctuante au gré des saisons, la récolte a emprunté une courbe ascendante, contrastant avec le maigre bilan de la campagne précédente.

«L’abondance de l’offre a induit une baisse de près de 30 % des cours par rapport à 2019, même si, à 1.200 da le kilo, la figue reste encore trop chère pour les bourses moyennes», concède un membre de l’association.

Cette relative performance est quelque peu contrariée par l’ironie du sort, qui a infligé à ces damnés de la terre un revers de fortune: «La persistance de la pandémie de la Covid-19 nous empêche de placer nos produits sur le marché. Nous avons aussi énormément souffert des effets conjugués de la canicule de l’été dernier et de la résurgence de certaines maladies affectant les figueraies», déplore un exploitant de Béni Maouche, qui ne se laisse néanmoins pas gagner par la désespérance.

Depuis la promulgation en date du 20 septembre 2016 par un arrêté du ministère de l’Agriculture, portant attribution d’un signe distinctif au profit de l’association des figuiculteurs, la figue de Béni Maouche est officiellement protégée.

Le label est attribué conformément au décret exécutif n°13/260 de l’année 2013, fixant les règles d’organisation générales du dispositif de reconnaissance de la qualité des produits agricoles et d’origine agricole. Le logo apposé sur l’emballage renvoie à une IG (indication géographique) couvrant un territoire chevauchant les communes de Béjaïa et de Sétif.

L’adhésion à ce label relève d’une démarche librement consentie. À charge pour les fellahs de se conformer à un itinéraire technique consigné dans le cahier des charges établi à cet effet. Des contrôles de conformité sont périodiquement effectués par l’Institut des Techniques de l’Arboriculture Fruitière et de la Vigne (ITAFV) de Takariets, en sa qualité d’organisme certificateur. Les contrôles interviennent durant les phases de caprification (qui consiste à planter à côté des figuiers femelles un caprifiguier pour en assurer la pollinisation), de séchage et de stockage de la figue.

Les paysans, dont la culture de la figue est le sens même de leur existence, se disent conscients que le métier a besoin de se réinventer sans cesse, pour gagner la bataille de la qualité et de la compétitivité. Pour peu, insistent-ils, que l’Etat daigne soutenir cette filière.

À ce propos, les responsables de l’association constatent avec regret que les recommandations adoptées à l’issue du séminaire de 2019 ne sont pas concrétisées à ce jour.

«En sus de notre revendication liée à la création d’un conseil interprofessionnel, nous avons sollicité l’intervention des services de l’Etat dans le soutien de certaines actions, telles que la réalisation de pépinières et de fermes d’expérimentation sur la zone IG, les plantations, la construction d’ouvrages hydrauliques et l’acquisition de différents équipements comme les tracteurs agricoles. Hélas, rien de tout cela n’est encore mis en œuvre», souligne le président de l’association, informant au passage de l’ébauche d’un projet de création d’une coopération agricole.



Photo: La figue de Béni Maouche est officiellement protégée par un label

N. Maouche


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