Béjaia - Gestion, récupération et recyclage des déchets

Après une grave crise de décharge publique qui a duré six mois: Akbou, une ville à la dérive





L’une des villes les plus riches du pays et les plus civilisées où il faisait bon vivre, le chef-lieu de la commune d’Akbou est devenu méconnaissable. La coquette ville et pôle par excellence de l’industrie nationale, ne l’est plus a priori. Elle sombre de plus en plus dans la déliquescence et touche le fond, désormais.

Les prémices d’une ville exposée «volontairement» à la dérive sont clairement visibles à qui regarde bien. La glorieuse cité révolutionnaire s’est appauvrie tout d’un coup et pas le moindre déclic à l’horizon. Akbou est tout simplement abandonnée et laissée-pour-compte.

Le phénomène récurrent des poubelles, qu’on croyait définitivement résolu, refait surface, au grand dam de la population.

Le paysage est cruel et insoutenable, dominé par des montagnes de poubelles éparpillées çà et là dans tous les quartiers de la ville. Des poubelles qui n’ont pas été évacuées de la cité depuis une douzaine de jours, avons-nous appris sur place. Devant le portail des urgences de l’hôpital de la ville, un immense amoncellement de déchets ménagers s’est formé, à couper la respiration aux urgentistes et aux patients.

A l’heure d’une implacable guerre mondiale contre la pollution, n’en déplaise à ceux qui gèrent les affaires de cette commune, qu’il est difficile de croire, un seul instant que cette même agglomération a vécu un vrai cauchemar pendant six longs mois, après la fermeture musclée de la fameuse décharge de Biziou et que rien n’est encore fait dans le sens de l’hygiène publique.

«On va droit vers une autre crise avec le mouvement des citoyens de Biziou, pourquoi veut-on réveiller les démons?» nous confiera M. K., un jeune commerçant d’Akbou.

Les Akbouciens ne pouvaient plus sortir ou du moins respirer devant chez eux pendant plusieurs mois à cause des montagnes de déchets ménagers qui leur ont empoisonné la vie. Hélas au rythme où vont les choses, il est à craindre que le même scénario soit de retour dans les tout prochains jours.

L’on a appris que cette fois, ce sont les travailleurs de la régie communale chargés du nettoyage qui ont décidé de boycotter leurs camions et leurs vieilles tenues, de se mettre en évidence pour revendiquer un minimum de «respect» à la profession. Les travailleurs ont exigé de la municipalité, des treillis décents et un parc à matériel plus commode pour leur confort. Rien n’est encore prévu dans ce sens, avons-nous appris d’une source bien au fait du dossier.

«Akbou vit cette situation de magouille et de blocage depuis plusieurs années, il règne un climat malsain entre élus et exécutif communal. Les affaires courantes sont carrément gelées au mépris de la population, l’avenir est incertain pour cette ville. Il risque tout simplement de plonger les citoyens dans une catastrophe écologique et humaine qui n’en finira pas», ajoute notre source à propos de ce chaos auquel a été incompréhensiblement livrée Akbou.

Les routes du centre-ville ou dans sa périphérie sont toutes dans un état pitoyable. Tous les automobilistes le savent, il faut avoir le génie de zigzaguer pour contourner la tourmente qui domine la majorité du tissu urbain.

Ces dernières sont gorgées de nids-de-poule et d’affaissements. Les dégradations ont été provoquées par des épisodes de travaux. Toute l'agglomération est concernée. Les réfections en profondeur attendront le mois de juin (si Dieu le veut) et la fin des travaux en cours. En attendant, on ne se presse pas pour boucher les trous les plus gênants pour la circulation.

«Akbou boit, mange et respire de la manipulation, c’est gravissime. Au lieu de s’occuper des problèmes internes de leur cité, ils (les élus) s’affairent à se jouer des tours, des complots et autres mesquineries entre eux. C’est complètement irresponsable. Croyez-moi, ils sont tous pareils, aucun d’entre eux n’est capable de gérer quoi que ce soit. Ils sont mûs par des intérêts personnels. On s’en fout du développement ou de l’embellissement de la ville», enchaînera B. G., un autre commerçant.

Il est urgent, avant qu’il ne soit trop tard, d’amener des questions sociales au cœur de la triste réalité qui sévit dans la métropole de l’industrie locale, où les intérêts de groupes particuliers ne manqueront pas d’étouffer autant qu’ils le pourront le nécessaire débat de société, aux dépens des citoyens les plus fragiles, naturellement moins mobilisés et moins influents.

Par ailleurs, des centaines d’Akbouciens ont manifesté dimanche dernier, lors d’une marche initiée par l’association «Med-action» et quelques partis politiques de la région, depuis le lycée Hafsa jusqu’au siège de la daïra, pour appeler les hautes instances du gouvernement à s’impliquer dans le quotidien de la population locale, à revaloriser le statut de la ville en wilaya et à restituer le foncier «dilapidé».

Kamel Gaci
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