Béjaia - Coutumes et Traditions Diverses

Amizour (Béjaia) - Le village de Boussebaâ renoue avec «timechret»



Amizour (Béjaia) -  Le village de Boussebaâ renoue avec «timechret»


Boussebaâ, un village situé à quelques encablures du chef-lieu de la commune d’Amizour, au sud de Béjaïa, a renoué, vendredi dernier, avec une tradition ancestrale, «lewziaâ» ou «timechret» (la fête du partage) après plus d’un demi-siècle d’oubli.

«J’ai 51 ans et je ne me souviens pas avoir assisté à une ‘‘timechret’’ dans notre village», nous a déclaré Akrour Layachi, l’un des organisateurs, rencontré dans la cour de l’école primaire Maouche Mohand Ameziane, où s’est tenu cet événement.

Le hasard a voulu que cette fête villageoise coïncide avec la campagne de cueillette des olives, qui bat son plein dans la basse vallée de la Soummam.

«Nous avions plus que jamais besoin de l’organisation d’une activité de ce genre ayant une dimension sociale, d’abord pour rassembler les enfants de ce grand village en termes de superficie et pour réhabiliter l’aspect culturel de cette tradition qui est tombée dans l’oubli dans la région», ajoute Layachi, qui accueille cette initiative des jeunes du village avec beaucoup d’émotion.

En effet, après l’annonce de cette fête, les habitants ont exprimé beaucoup d’intérêt pour cette manifestation qui vient à point nommé pour les sortir de la torpeur du quotidien en donnant de leur argent et de leur temps pour sa réussite.

«Même les villageois qui ont quitté le village pour s’installer ailleurs se sont manifestés pour contribuer à l’achat d’un bœuf et d’un veau pour le sacrifice», se félicite Layachi, qui estime que l’objectif recherché est «de partager ce moment entre enfants du même village et saisir cette opportunité pour nous rencontrer, renforcer les liens familiaux et consacrer la solidarité perdue».

Tôt dans la matinée de vendredi, les villageois se sont rassemblés devant le portail de l’école primaire, autour des deux camions qui transportaient les bêtes, débarquées et conduites vers l’abattage. Après avoir dépecé les carcasses, les volontaires ont réparti la viande sur quelque 240 familles. Cette action, insiste Hamou Benabbas, militant associatif, «est destinée aux personnes nécessiteuses, handicapées et veuves du village afin de consacrer le sens de la solidarité et du partage et de faire revivre la tradition».

L’idée de l’organisation de lewziaâ à Boussebaâ est née lors d’une discussion habituelle entre jeunes avant qu’elle ne soit concrétisée.

«Nous considérons qu’elle entre dans le cadre d’une série d’activités et d’initiatives prises par un groupe de jeunes qui a commencé par le nettoyage et l’embellissement des quartiers», précise encore Hamou.

D’ailleurs, on peut constater, en empruntant la route qui relie le chef-lieu d’Amizour à l’hôpital, des fresques murales qui ont été réalisées par de talentueux artistes locaux et financées par des bienfaiteurs issus du même village. Des ustensiles berbères et de la poterie scellés sur un socle en béton ont remplacé les amas d’ordures qui jonchaient la rue principale du quartier Boussebaâ, apportant des couleurs aux yeux des riverains et de la sérénité dans leur vie.

«Les vieux du village ont très bien accueilli cette initiative, eux-mêmes disent que cela fait très longtemps que nous n’avons pas assisté à une activité collective. Ils ont été très utiles par leur encadrement de la fête, leurs conseils et savoir-faire ancestral», ajoute le jeune Hamou.

Ce dernier et ses copains, une équipe de jeunes dynamiques de Boussebaâ, ne comptent pas en rester là. Ils veulent s’organiser en association afin de réaliser d’autres projets qui leur tiennent à cœur: une bibliothèque pour les élèves, une salle des fêtes pour le village et d’autres projets liés à l’environnement, en comptant sur l’apport des nouveaux élus de l’APC.

Village tentaculaire, Boussebaâ renferme plusieurs quartiers et lotissements épars. A ce titre, «timechret» est une occasion de réunir tout le monde pour discuter des manques et des problèmes du village et d’aspirer à un cadre de vie plus agréable, à commencer, par exemple, par le réaménagement de l’emplacement actuel de la seule niche à ordures du village.


Photo: De la viande a été distribuée à 240 familles

Nordine Douici
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