Béchar - Tariqa Zianiya


«De toutes les confréries religieuses musulmanes qui se sont trouvées en contact avec les autorités françaises sur la frontière
algéro-marocaine, la plus importante sans contredit, est celle de Sidi El Hadj M'hamed ben Bou Zian, connue sous le nom de confrérie
des Ziyania».

Le fondateur de la zaouïa,, est né à TAGHIT probablement vers 1062 h / 1651, dans le Ksar de Barrbi, au « pays » dit des « BENI
GOUMI » dont sa mère était issue. Donc, comme le fait si bien remarquer A. MOUSSAOUI dans sa thèse citée supra (p.38), notre saint
n'est pas originaire du DRAA comme se plaisent à le noter beaucoup d'auteurs mais bien de Kénadsa où vivait toute sa famille. Il
perdit sa mère très jeune.
Aussi, à peine pubère, il ira au ksar de ses ancêtres, c'est-à-dire à La'wina qui deviendra plus tard Kénadsa sous sa méchiakha
(c'est-à-dire sous sa direction en tant que cheikh de sa propre zaouïa).

La tradition nous dit que « poussé par un appel mystérieux, il quitta son pays pour aller apprendre le Coran et s'adonner à l'étude ». Un
de ses oncles paternels lui donna un peu d'argent pour le voyage en monnaie de l'époque (quelques mouzounat rachidia). Muni d'un
maigre viatique, il partit pour le Tafilalet, plus exactement à Sijimassa, qui était à ce moment un brillant centre culturel. Là, il se retirera
auprès d'un cheikh (maître) de grande réputation, qui l'accueillit et le protégea. Il s'agit du cheikh SIDI EMBAREK BEN AZZI. Auprès de
celui-ci, le jeune M'hammed étudiera le Coran et toutes « les sciences » enseignées dans la médersa de son maître. Il ne tarda pas à
devenir un brillant savant et un exégète hors pair du Saint Coran. La tradition nous dit encore qu'à ce niveau, il ne tardera pas à «
obtenir l'illumination divine en même temps qu'il acquérait de solides connaissances dans les sciences religieuses et mystiques».

Puis il s'établira dans un des ksour de Sijilmassa, le ksar des Oulad Berdala « où il vécut de charité car sa famille ne lui envoyait
absolument rien pour subvenir à ses besoins ». Sa manière de vivre, sa frugalité, son habillement (il était déjà en plein dans la
tourmente du mysticisme soufi), sa dévotion, son ascétisme ont fait de lui le disciple préféré du Cheikh Sidi MBAREK BEN AZZI.

Au crépuscule de sa vie, le vénérable cheikh MBAREK fera des recommandations à sa famille et à ses disciples, pour qu'à sa mort,
ses dernières ablutions et sa sépulture soient confiées à Sidi M'hamed. Par ces recommandations importantes, tout le monde aura
compris que l'héritage spirituel de Sidi MBAREK BEN AZZI revenait désormais à Sidi M'hamed Ben Bouziane et, qu'à ce titre, l'élu
possédait déjà ipso facto le sirr (le secret mystique) de son maître. Sidi MBAREK BEN AZZI appartenait à la Tariqa Ech-chadhoulia
(voie mystique de Ech-chadhouli) : selon ladite tariqa, le sirr s'est transmis selon une chaîne précise et dans l'ordre chronologique, de
l'Ange Gabriel au Prophète (QSSL), à Ali ben Abi Taleb, à Hassen El Basri, ainsi de suite. Dans cette selsela (chaîne), Sidi MBAREK
était le 36ème cheikh. En transmettant le sirr à son disciple Sidi M'hamed B. BOUZIANE, celui-ci devient donc le 37ème cheikh de la
chaîne.

Sidi MBAREK BEN AZZI étant mort, Sidi M'HAMMED BEN BOUZIANE va accomplir sa mission funèbre à la lettre et même un peu plus.
Après avoir lavé le corps du mort nous dit-on, il l'ensevelit lui-même dans le linceul. Après quoi, il but une partie de l'eau qui a servi à
laver le corps du maître : ceci « pour imprégner sa propre chair des vertus de la baraka de la chair du défunt, comme le « sirr » de
celui-ci avait imprégné son âme ». Puis, suivant les recommandations du disparu, il partit pour Fez afin d'approfondir son savoir
religieux. C'est ainsi qu'il va se retrouver à la Medersa de Sidi MESBAH. Il fréquentera également la célèbre université des Qaraouiyine.
Il recevra les enseignements des grands maîtres de son temps. Il va acquérir l'estime de tout le monde et se faire beaucoup d'amis
parmi les enseignants les plus prestigieux. Avec certains d'entre eux, il gardera, pendant longtemps, des relations épistolaires
assidues. Mais, dans ses rapports au quotidien, il aimait fréquenter surtout les humbles avec qui il lisait le Saint Coran et s'adonnait
au dikr (les prières des soufis). Mais la ville bourgeoise de Fez ne correspondait pas à l'humilité du saint homme, d'autant plus que,
nous disent ses hagiographes, « ses miracles et sa réputation qui ne finissaient de se propager, commençaient à faire ombrage au
prince régnant à Fez, qui le lui fera sentir. Alors commencera pour lui une série de désagréables infortunes qu'il aura du mal à vivre.
On l'accusa notamment de magie ». Aussi, décida-il de rentrer chez lui, à « La'wina » (la future Kénadsa).

Au pays de ses parents, sa réputation de saint homme l'avait déjà précédée. « Ce fut à ce moment que Dieu lui permit d'atteindre l'état
suprême des Soufis. Les gens arrivèrent en foule de toutes parts, « de l'Orient et de l'Occident » pour solliciter sa bénédiction et ses
bienfaits. Dans ces circonstances, il eut l'occasion d'accomplir de nombreux prodiges et ne tarda pas à être considéré comme un des
personnages les plus considérables de son époque. Sa réputation de « pôle des Soufis » (qotb) était bien établie chez ses
contemporains... » (A. COUR cf. supra).

Il se maria avec Lalla Oum Koultoum qui fut, pour lui, non seulement l'épouse idoine, ce modèle de vertu et de droiture, mais aussi
son principal second dans l'entreprise de mise en place de la nouvelle institution : la zaouïa. Cette femme, avec qui il vécut vingt-cinq
ans environ, lui donnera quatre garçons et cinq filles. L'établissement se consolidait. Sur le plan urbanistique, le ksar originel de
l'oasis, la casbah, va connaître un prolongement dans le sens Ouest - Est. En effet, en continuation de cette casbah, Sidi M'hamed va
construire sa propre mosquée, sa maison et sa « Khaloua », la demeure où il se livra à ses retraites spirituelles en solitaire.
Désormais, l'ensemble des activités de la zaouïa va s'opérer dans cette zone, au détriment de celle constituée par la vieille mosquée
de Sid El Hadj, un de ses ancêtres. Cependant, il prendra soin de rénover cette vieille mosquée qui sera la mosquée de la prière du
Vendredi, le Jamaa el atiq. Néanmoins, tout le « mouvement urbanistique » du ksar va s'effectuer à partir de la nouvelle mosquée. Le
ksar s'agrandit inexorablement. Il y aura un afflux de nouveaux habitants. Ces derniers vont être désignés par le vocable de « L'ffaga »
c'est-à-dire « les gens d'en haut » pour ceux qui habitent la zone la plus ancienne, vont être appelés « T'hata » (les gens d'en bas). Les
extensions urbanistiques et architecturales successives et spontanées vont se faire dans le sens indiqué précédemment et ce, en
parallèle à la falaise de la « barga », mais dont le noyau central demeurera la nouvelle mosquée de la zaouïa naissante. Donc, aux
maisons des familles kénadsiennes de vieille souches (d'en bas et d'en haut) viendront « s'accoler » les maisons des nouveaux


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