Béchar - Précarité

BECHAR : les émeutes de la canicule.


( Article sur les émeutes de la nuit de mercredi 6 juillet 2005 à Béchar. Pour une publication éventuelle.)

Parler de la canicule à Béchar au mois de juillet c'est comme commettre un pléonasme. Il s'agit donc d'une situation climatique archicormue qui ne peut surprendre personne et encore moins les responsables locaux. Une poussée inhabituelle du mercure, a fait en France l'été 2003, aux environs del5 000 morts. Elle a mis ce pays sens dessus sens dessous: le gouvernement a vacillé, les élus ont tremblé, un gros fusible a sauté : le directeur général de la Santé. Ce fut la partie visible de l'iceberg. Au jour d'aujourd'hui les responsables de ce pays frémissent encore à l'idée de revivre "ce terrible scénario" et sont sur le qui-vive en pareille période.
Et chez nous ? Savons-nous combien la canicule tue tous les ans ? Avons-nous des statistiques fiables en ce domaine ? Ou du moins souhaiterions-nous en avoir ? Si oui, peut-on les divulguer ? Pas évident. Nous n'allons pas nous encombrer de "problèmes accessoires" ? Il y aurait tellement d'autres chats à fouetter.
Béchar a connu une nuit particulièrement chaude : celle du mercredi 6 juillet au jeudi 7. Ce que l'on a appelé "le syndrome kabyle" continue malheureusement à faire recette. Celui-ci se traduit par : "il faut casser, brûler, crier, pour être entendu des gouvernants". Et encore. Est-ce vraiment efficace ? Cela ressemble plus à de l'automutilation parce que finalement lorsqu'un bureau de poste, une recette des finances, une agence CNAS ou un tout autre édifice public est détruit ou calciné par le feu, qui est puni ? Ce ne sont certainement pas les autorités locales, et encore moins les responsables du pays. Loin s'en faut. Mais tout bêtement la population. Cependant, le phénomène ne dédouane pas pour autant ces mêmes autorités
lorsqu'elles ont failli à leurs obligations. Cette nuit-là, les émeutiers sont partis de Bidon II, quartier très peuplé de la banlieue sud de Béchar. Ils ont brûlé un bureau de poste, une voiture, un car, et cassé des lampadaires.. .Tout en se dirigeant vers le centre ville, ils ont brûlé des pneus et ce, tout au long de l'avenue principale à double sens qui sépare ce quartier de Béchar. Les forces de l'ordre ont intervenu assez rapidement pour disperser les émeutiers. Bombes lacrymogènes et tirs de sommation en l'air ont été utilisés. Fort heureusement on ne déplore aucun mort. Il y eut quelques blessés
sans gravité, mais beaucoup de dégâts matériel. A l'origine de tout ce boucan, des coupures de courant répétées au niveau de ce quartier (B.II)
populeux et sensible. En cette période de chaleur paroxystique où le mercure caracole de façon pérenne aux environs de 45 degrés à l'ombre, a-t-on idée de priver des gens d'électricité de cette façon ? Quand on sait que ce n'est pas une question de manque d'énergie électrique, toutes les raisons avancées sont irrecevables et ressembleraient fort à de l'incompétence caractérisée. Qui est en effet, "ce responsable" capable de prendre une telle irresponsabilité ? Est-il resté lui, entre temps, sans le climatiseur qui lui assure sa sieste "indispensable" et qui adoucit ses nuits ? Quel est ce responsable qui peut se passer du frigidaire qui lui assure fraîcheur à son eau et à ses autres boissons, qui conserve au frais ses fruits et ses légumes, le lait de son bébé etc. On devrait être limogé pour moins que cela ! Ici, quand le courant s'arrête tout s'arrête ! La vie se bloque. En très peu de temps les maisons en béton deviennent de véritables fournaises. L'air moite brassé par les climatiseurs et les humidificateurs devient suffoquant, les pièces se transforment en autant d'étuves. Si l'on ouvre les fenêtres c'est l'air brûlant de l'extérieur qui s'engouffre dans la maison. A-t-on seulement
pensé dans ce cas, aux malades, aux vieux, aux bébés ? Il est fini et bien loin le temps où les gens habitaient les ksour construits de terre et de murs épais protégeant de la chaleur, le temps où des outres en peau de chèvre et les jarres suffisaient à fournir l'eau fraîche à l'ensemble de la famille et même au voisin.
L'habitat a diamétralement changé. Les lois du béton et de la vie moderne imposent leurs contraintes draconiennes. Aussi, ignorer ces lois, surtout en ces contrées arides, aux étés torrides, relève de la cécité mentale. En effet, des coupures de courant prolongées et répétées peuvent mettre gravement en danger la santé des populations, ruiner les petits commerces, bloquer le fonctionnement de certains services publics indispensables aux activités de la cité : bureaux de poste, banques, assurances, état-civil etc. Parfois, les conséquences se traduisent en pertes financières importantes. Dès que les coupures de courant se produisent, les frigos et les congélateurs, les chambres frigorifiques commencent "à décongeler". Quand la coupure se prolonge, bonjour les dégâts ! Quand on sait qu'actuellement les Algériens consomment beaucoup de viande congelée sous toutes ses formes : comment ne pas s'inquiéter de la rupture de la chaîne du froid ? Surtout d'une décongélation - recongélation nuisible à la santé ? Il paraît qu'un boucher de Bidon II (Béchar-Djédid) a distribué gratuitement toute sa viande décongelée après une coupure de courant prolongée. Il y a combien de bouchers pouvant avoir cet élan d'honnêteté et partant de générosité pour "donner" une marchandise appeler inexorablement à s'avarier ? Et certains boulangers qui, de guerre lasse, ont fini par mettre la clef sous le paillasson, battus par les caprices d'un courant qui ne revient pas, qui revient et repart aussitôt pour leur faire perdre leur farine sous forme de pâte qu'ils n'ont pu enfourner ?
La canicule ça se gère ! Surtout au niveau de la santé publique. C'est la période où les intoxications alimentaires sont les plus fréquentes. On s'imagine mal un service d'urgence où il manque le stricte nécessaire, où un personnel apparemment insuffisant se démène comme il peut dans des locaux qui ne sont pas climatisés, un couloir bondé de monde étouffant dans une atmosphère de sueur, de patience et d'énervement à peine contenu.
Les contrôles sanitaires ne devraient pas une vue de l'esprit. Aussi bien au niveau des magasins d'alimentation générale qu'au niveau des établissements servant de la nourriture (restaurants, gargotes, pizzerias etc.) et au niveau des cafés. Il est vrai qu'à Béchar, ces derniers sont souvent pleins de monde surtout le matin et le soir à la tombée du jour. Les gens cherchent un peu de fraîcheur en compagnie de leurs amis, dans les établissements climatisés (autant que faire ce peu) ou sur les terrasses ombragées. En dehors de chez soi il n'y a malheureusement que les cafés. Aussi, traiter les paisibles gens qttryont retours de "désoeuvrés" ou de "oisifs" serait un mépris suffisant que nousnous mterdîspns de partager.


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