Batna - A la une

Un janviériste qui part



Par le décès du général Khaled Nezzar, survenu à 86 ans, ce vendredi 29 décembre 2023, des suites d'une longue maladie, c'est le livre de toute une ère de l'histoire de l'Algérie qui se ferme. L'homme, né le 25 décembre 1937 à Seriana dans l'actuelle wilaya de Batna, a fait partie des acteurs qui ont marqué l'histoire moderne de l'Algérie, autant par ses faits d'armes durant la colonisation, ses premières grandes responsabilités durant les premières années de l'indépendance de l'Algérie, notamment durant la guerre des Six jours contre l'entité sioniste, ses choix et ses décisions en tant que chef d'Etat-major, ministre de la Défense puis membre du Haut comité de l'Etat ? HCE, que, plus tard, par ses sorties médiatiques polémiques, ses écrits dénonciateurs ou mémoriels.Très déterminé dans ses convictions, Khaled Nezzar qui a été chargé par Chadli Bendjedid de rétablir l'ordre suite aux émeutes du 5 octobre 1988, s'est fait le chef de file, pour ne pas dire l'initiateur, de la décision d'interrompre le processus électoral qui allait, en janvier 1992, conduire au pouvoir le Fis-dissous.
Poussé à la démission, le défunt Président Chadli laisse la place à ceux qu'on a appelés, par la suite, le groupe des janviéristes, Khaled Nezzar étant l'un des cinq membres du HCE présidé alors par Mohamed Boudiaf. Après l'assassinat de Boudiaf, remplacé par Ali Kafi, Khaled Nezzar reste le principal membre du HCE, mais, l'année 1993, à l'arrivée de Liamine Zeroual, il décide de se retirer de la politique.
Depuis cette date, l'homme garde une certaine influence dans les cercles de l'Armée et au sein de la classe politique, mais reste en retrait pour ne pas interférer dans la vie politique, dans un contexte où la lutte contre le terrorisme et la recherche d'une solution de sortie de crise allaient de pair.
Avec l'arrivée de Bouteflika au pouvoir et sa politique de Concorde civile, puis de réconciliation nationale, le général Khaled Nezzar sort de son silence et multiplie les sorties médiatiques et les écrits, d'abord biographiques et mémoriels, et ensuite polémiques et critiques qui s'attaquent à la politique de feu le Président Bouteflika à qui il s'oppose farouchement tout au long des deux premiers mandats.
Attaqué ensuite, sur les dossiers des victimes du 5 octobre 1988 et des disparus du Fis-
dissous, par des Algériens qui se sont constitués parties civiles en Suisse et ailleurs, Khaled Nezzar a décidé de se défendre devant ses accusateurs devant les tribunaux internationaux, mais la maladie ne lui a pas permis d'endurer les longues séries de procès qui devaient s'enchaîner. Suite aux évènements du Hirak survenus à la veille du 5e mandat du défunt Président Bouteflika, Khaled Nezzar quitte l'Algérie et s'installe en Espagne où il séjourne pendant plusieurs mois, jusqu'à ce que les plus hautes autorités algériennes l'invitent à rentrer chez lui. Confiné chez lui, alité du fait d'une maladie contre laquelle il s'est battu durant des années, Khaled Nezzar tire sa révérence en laissant de lui l'image d'un homme d'opinion fort, très controversé, mais aussi celle d'un homme de communication qui croyait à la force des mots et qui était conscient du rôle de la mémoire dans l'écriture de l'Histoire de l'Algérie qu'il a tenu à mêler à la sienne.
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