Batna - Aichi Houria

Portrait de: Houria Aïchi



Portrait de: Houria Aïchi
"Avoir 20 ans dans les Aurès"… de ce film phare sur la guerre d'Algérie, le titre est doublement emblématique. Tout d'abord parce que le conflit y a été particulièrement sanglant. Mais aussi parce que dans cette région montagneuse de l'Algérie - qui marque le passage entre le nord et les portes du Sahara- la vie est rude. Etre jeune sur cette terre forge le caractère à jamais.Bien qu'elle soit née à Batna (une des 5 grandes villes d'Algérie, citadelle construite par les français en 1844) Houria Aïchi n'a pas eu 20 ans dans les Aurès; à cette époque elle avait quitté son pays pour suivre des études universitaires à Paris. Mais pour le grand public international, elle est l'une des ambassadrice la plus connue de la musique chaouie. Peuple d'origine berbère, les Chaouis (à ne pas confondre avec leurs cousins kabyles) ont développé une culture particulière, avec une langue qui leur est propre. Ce sont des montagnards et leurs traditions sont empreintes de cet amour de la nature : même brodés, leur costumes de fête restent simples et leur chants sont sans fioritures. De sa montagne natale, Houria Aïchi a gardé une forme d'âpreté. Et c'est sans doute cet aspect épuré qui a séduit Bernardo Bertollucci pour accompagner un passage de son film "Un thé au Sahara". La première évidence pour Houria Aïchi était d'aller vers la musique. Elle est dotée d'une très belle voix, puissante, à la fois pure et gutturale (impression surtout due à son phrasé, tant en arabe qu'en chaoui). Et puis elle est issue d'une famille -et d'une culture- où la musique est omniprésente. "Chanter fait partie de la vie, de l'éducation des filles, cela coule de source. Apprendre le répertoire va de soi" explique-t-elle aujourd'hui dans les interviews. Dès l'âge de 7 ans, Houria escortait sa grand-mère qui était une azriate réputée. Sorte de troubadours au féminin, les azriates allaient de fête en fête, dépositaires de techniques vocales et de répertoires qui pouvaient ainsi se transmettre à travers les vallées et les générations. Cette filiation explique sans doute le travail qu'Houria accomplit pour sauvegarder ce patrimoine musical, arpentant les villages oubliés et enregistrant les chants des femmes. "De plus, racontait-elle dans une interview accordée au magazine La Vie en novembre 1998, une chaîne de solidarité s'est constituée. Des colis me sont arrivés en France : des gens anonymes de ma région, que je ne connaissais pas, se sont mis spontanément à me faire parvenir des cassettes". C'est ainsi qu'elle s'est mise à interpréter les chants des Aurès à travers le monde, parfois juste a capella. Simplement et sans concession pour atteindre la Beauté. La prestation qu'elle a donnée à Fès (Maroc) est gravée dans la mémoire du Festival de Musiques Sacrées. Un autre grand moment s'inscrit dans la carrière d'Houria Aïchi : sa participation aux Concerts des voix de la paix. Créé à l'initiative de la Fondation Yehudi Menuhin, ce concept itinérant réuni de grandes voix féminines du monde entier (Afrique du Sud avec l'immense Miriam Makéba, Tibet avec Yang Du Tso, Israël par le biais de Noa…). Houria Aïchi a eu l'honneur de représenter l'Algérie à Barcelone en 1999 aux côtés de Miriam Makéba et de Luzmila Carpio (Bolivie), en septembre 2000 avec Noa et Maïté Martin et à Versailles le 16 juin 2001 où Miriam Makéba, Angélique Ionatos, Luzmila Carpio, Hourai Aïchi, Yang Du Tso et Noa se côtoient sur l'affiche. Par ailleurs, Houria continue son travail incessant sur le patrimoine musical de son pays et vient de consacrer un disque aux Chants sacrés d'Algérie sous la houlette du compositeur-musicien- arrangeur Henri Agnel (grand maître des cordes pincées à dominante méditérranéennes, virtuose oeucuménique et fédérateur). Un projet qui rejoint des idéaux qu'Houria a défendu toute sa vie, un disque en faveur "d'un Islam de Réconciliation et de Paix".



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