Batna - Divers Zaouias

L’Histoire de la zaouïa de Timmermassin


Origines et fondation par Si Saddok
La zaouïa de Timmermassin, située dans la région montagneuse de l’Aurès en Algérie, est née au milieu du XIXe siècle sous l’impulsion de Si Saddok, une figure charismatique et dissidente. Ancien mokaddem (représentant local) des Ouled Abd el-Hafid, une branche probable d’une confrérie soufie plus large, Si Saddok reçut de ses pairs l’investiture de "grand m’kaddem". Refusant toute obédience à ses anciens maîtres, il fonda un ordre religieux indépendant, profitant de l’esprit particulariste des Berbères chaouis de l’Aurès. Ces derniers, éloignés géographiquement et culturellement de la zaouïa de Kheïran et du djebel Chechar, supportaient mal un joug religieux perçu comme étranger à leurs traditions. Si Saddok sut rallier ces populations à sa cause, créant ainsi un centre spirituel et politique qui allait marquer l’histoire régionale.

Le soulèvement de 1859
Fort de son influence croissante, Si Saddok tenta, en 1859, de défier le colonisateur français, alors en pleine consolidation de son emprise sur l’Algérie après la conquête de 1830. Il souleva l’Aurès dans une insurrection visant à reproduire la résistance des Ouled Abd el-Hafid à Sériana contre le commandant de Saint-Germain, une lutte qui s’était soldée par un échec. Cependant, son mouvement se heurta à une coalition inattendue. Les marabouts du djebel Chechar, jaloux de son pouvoir, les Ben Gana des Ziban, désireux de prouver leur loyauté à la France, et la zaouïa de Tolga, affiliée à la puissante Rahmaniyya et hostile à cette secte rivale, s’allièrent aux forces coloniales. Les Beni Imloul, alliés du Chechar, se joignirent également à l’effort.

Les caïds locaux de la famille Ben Chenouf, initialement engagés contre Si Saddok, adoptèrent une attitude ambiguë. Après un premier affrontement, ils abandonnèrent le combat, grossissant involontairement les rangs des insurgés. Face à cette situation, les colonnes du général Desvaux, pénétrant l’Aurès par la vallée de l’Oued el-Abiod, refoulèrent Si Saddok vers le djebel Chechar. Trahi par ses anciens alliés, il fut capturé avec ses trois fils par les contingents du Chechar. Les autorités françaises internèrent les marabouts en France et ordonnèrent la fermeture de la zaouïa de Timmermassin, mettant fin à cette première phase de son histoire.

Une réouverture controversée (1870-1871)
Après la mort de Si Saddok, une décision surprenante des autorités coloniales permit la réouverture de la zaouïa par ses fils, entre 1870 et 1871. Cette indulgence, difficile à justifier, s’explique par le contexte troublé de l’époque : la guerre franco-prussienne affaiblissait la France, tandis que la révolte d’El-Mokrani (1871) secouait l’Algérie. Les Bureaux arabes, chargés des affaires indigènes, étaient désorganisés par le rappel de leurs officiers dans l’armée. Certains historiens suggèrent que le "parti Bou Akkaz", une faction influente pro-française, aurait plaidé en faveur de cette mesure pour stabiliser la région. Malgré cette tentative de conciliation, les fils de Si Saddok reprirent le flambeau de la résistance.

L’insurrection de 1879 et la fin de la zaouïa
En 1879, les marabouts de Timmermassin orchestrèrent une nouvelle insurrection contre le pouvoir colonial. Ce soulèvement, survenant après la grande révolte de 1871 menée par la Rahmaniyya sous El-Haddad, témoigne de la persistance de l’opposition dans l’Aurès. Cependant, les détails de cette rébellion restent moins documentés, et elle semble avoir été rapidement écrasée. Après cet épisode, la zaouïa de Timmermassin perdit toute trace d’influence significative, probablement fermée définitivement par les Français ou marginalisée par la montée des confréries plus établies.

Le rôle des Ben Chenouf
Parallèlement, les Ben Chenouf, maintenus dans leurs commandements malgré leur manque de fiabilité en 1859, tentèrent à leur tour de défier les Français. En 1871, puis en 1874, ils préparèrent des insurrections, mais leur expulsion définitive de l’Aurès en 1874 mit fin à leur rôle dans la région. Leur ambivalence illustre les tensions entre collaboration et rébellion qui caractérisèrent les élites locales sous la colonisation.

Héritage et disparition
L’histoire de la zaouïa de Timmermassin est celle d’une brève mais intense tentative d’autonomie religieuse et politique dans l’Aurès. Portée par l’esprit berbère et brisée par les rivalités internes et la répression coloniale, elle ne survécut pas au-delà du XIXe siècle. Aujourd’hui, en mars 2025, aucune zaouïa active sous ce nom n’est recensée dans l’Aurès. Sous la tutelle du Ministère des Affaires religieuses algérien, les grandes confréries comme la Rahmaniyya et la Tijaniyya dominent le paysage soufi, tandis que les petites zaouïas dissidentes comme celle de Si Saddok ont disparu ou se sont fondues dans la mémoire locale. L’héritage de Timmermassin reste un symbole des luttes chaouies contre l’assimilation, tant religieuse que coloniale.

La localisation précise de la zaouïa de Timmermassin dans l’Aurès reste incertaine en raison de l’absence de données géographiques exactes dans les informations historiques fournies et dans les sources accessibles. Cependant, je peux vous proposer une analyse raisonnée pour tenter de situer cette zaouïa en termes de wilaya et de commune, en me basant sur le contexte historique et géographique.
Analyse de la localisation
Région de l’Aurès :
L’Aurès est une région montagneuse située dans le nord-est de l’Algérie, principalement associée aux wilayas modernes de Batna, Khenchela, et Oum El Bouaghi, avec des extensions possibles vers Biskra au sud et Tébessa à l’est. Historiquement, elle était habitée par les Chaouis, un groupe berbère, et servait de bastion de résistance contre divers occupants, y compris les Français au XIXe siècle.
Indices géographiques dans le texte :
Le texte mentionne que Si Saddok souleva l’Aurès en 1859 et fut refoulé par les colonnes du général Desvaux, qui entraient par la vallée de l’Oued el-Abiod. Cet oued est une rivière majeure de l’Aurès, traversant le massif d’est en ouest, notamment dans la wilaya de Batna. La vallée de l’Oued el-Abiod passe près de localités comme Arris et Tkout, des zones historiquement importantes dans l’Aurès.
La référence au djebel Chechar (ou Charchar), également mentionné, est un massif bien connu situé dans la wilaya de Khenchela, au sud-est de Batna. Cela suggère que la zaouïa de Timmermassin se trouvait dans une zone proche de ces repères géographiques.
L’opposition entre les Berbères de l’Aurès et ceux du djebel Chechar, ainsi que la mention des Beni Imloul (une tribu chaouie), renforce l’idée d’une localisation dans le cœur de l’Aurès, probablement entre Batna et Khenchela.
"Timmermassin" comme toponyme :
Le nom "Timmermassin" ne correspond pas directement à une commune ou un village actuel répertorié dans les wilayas de l’Aurès. Il pourrait s’agir d’une déformation orthographique due aux transcriptions coloniales françaises (par exemple, Timermassin pourrait être proche de "Timermacine" ou "Timgad", mais ces hypothèses sont fragiles). Alternativement, il pourrait désigner un lieu-dit ou un petit hameau aujourd’hui disparu ou renommé.
Contexte historique :
La zaouïa est décrite comme un centre de résistance berbère contre les Français, ce qui la place probablement dans une zone reculée et montagneuse, typique des refuges chaouis. Sa fermeture après 1859, puis sa réouverture en 1870-1871, suivies de l’insurrection de 1879, indiquent qu’elle était suffisamment significative pour être surveillée par les autorités coloniales, mais pas assez pour laisser une trace administrative claire dans les archives modernes.
Hypothèse de localisation
Wilaya : La wilaya de Batna semble la plus probable, car elle englobe une grande partie du cœur historique de l’Aurès, notamment la vallée de l’Oued el-Abiod et des villes comme Arris, qui ont été des centres de résistance chaouie. La wilaya de Khenchela, avec le djebel Chechar, est une alternative crédible, surtout si Timmermassin était plus à l’est.
Commune : Sans un toponyme exact, il est difficile de préciser une commune actuelle. Cependant, des communes comme Arris (wilaya de Batna), située près de l’Oued el-Abiod, ou Tkout (proche d’Arris), connue pour ses zaouïas historiques, pourraient être des candidates. Une autre possibilité est une localité dans la commune de M’Chouneche (Batna), une zone montagneuse où les Chaouis ont souvent résisté. Pour Khenchela, la commune de Chechar elle-même pourrait être envisagée.
Conclusion
Je n’ai pas pu localiser avec certitude la zaouïa de Timmermassin en raison de l’absence de coordonnées précises ou de mentions dans les registres modernes. Toutefois, en croisant les indices géographiques et historiques :
Wilaya probable : Batna (ou potentiellement Khenchela).
Commune probable : Arris (Batna) ou une localité voisine comme Tkout ou M’Chouneche ; alternativement, Chechar (Khenchela).
Pour une localisation exacte, il faudrait consulter des archives coloniales françaises (comme les rapports militaires de 1859 ou 1879) ou des études locales chaouies qui pourraient préserver la mémoire de ce lieu sous un nom modifié. Si vous avez d’autres détails (par exemple, une carte ou une source orale), cela pourrait affiner la recherche !
Hichem - Alger, Algérie

30/03/2025 - 670902

Commentaires

Ou se trouve exactement cette Zaouia ?
Khaled - Retraité - Tebessa, Algérie

30/03/2025 - 670901

Commentaires

Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)