Algérie - A la une

Younes Grar. Consultant en tic : «Une loi est nécessaire mais ne constitue pas la solution radicale»


? Internet, cet outil d'ouverture sur le monde, d'accès à l'information, à la culture et à la communication est devenu aussi le support du discours de la haine. Est-ce une tendance ou un épiphénomène 'Il a été constaté en effet ces derniers temps la généralisation des discours haineux qui sèment la discorde, notamment à travers les réseaux sociaux. Ils sèment le doute sur les origines des Algériens, surtout les discours contre les Kabyles présentés comme des «zouaves». Il y a même des remises en cause des révolutionnaires qui sont considérés comme des traîtres et les harkis sont devenus moudjahidine !
Il y a des pages Facebook qui défendent ces idées et essaient de fonder leurs déclarations sur de soi-disant preuves scientifiques et historiques. Parfois, ils font du montage. Ces informations ont de l'effet. La Télévision nationale étatique a repris ces messages et les a diffusés. Des opinions méchantes qui ont influencé certains internautes qui remettent ainsi en cause des choses qui étaient évidentes. Cela peut mener à la dérive?
Dernièrement, Yennayer, qui est chez nous une fête et une coutume qui ne date pas d'aujourd'hui, a été discrédité par certains, qui ont diffusé des photos de festival des masques d'autres pays pour atteindre leur but. Et les gens se basent sur cela, des informations qui n'ont aucun fondement mais reprises comme des vérités.
? Une loi peut-elle réellement freiner ce phénomène '
Elle dissuade, mais ce n'est pas la solution radicale. Les réseaux sociaux sont devenus très efficaces et très dangereux, il faut que ce soit suivi par une politique et pas seulement faire promulguer des lois. Il faut utiliser les mêmes outils pour combattre ces informations et les discours haineux. Le sujet est d'actualité. Il faut combattre les torrents d'injures qui inondent internet.
Ils utilisent les réseaux sociaux comme Facebook, mais les officiels répondent à travers la télé ou une émission radio que personne n'écoute ! C'est inopérant. Il faut exploiter les mêmes outils et utiliser différents médias (radio, télévision, journaux), les écoles et des clubs scientifiques.
La sensibilisation commence au niveau des écoles : il faut qu'on éduque les enfants dès leur bas âge (1 année), leur dire clairement qu'il ne faut pas écouter ce genre de discours, il faut faire attention, une information qui circule sur Facebook n'est pas forcément une vérité, il faut avoir l'esprit critique, il faut prendre ces informations avec des pincettes, il faut orienter les élèves dans les établissements éducatifs : voici les pages Facebook si vous voulez avoir une idée sur l'histoire de l'Algérie, la religion, les coutumes, des pages qui doivent être identifiées et authentifiées, et derrière l'Etat doit les publier, les soutenir en faisant appel à des historiens, des imams et des scientifiques pour diffuser le bon message et répondre au discours haineux.
Au niveau du gouvernement, chacun doit prendre en charge ce dossier selon sa spécialité, pour l'histoire, le ministère des Moudjahidine et les universités supportent ces pages qui diffusent l'histoire vraie de l'Algérie et, en même temps, il faut qu'ils accèdent à ces pages de discours haineux pour répondre avec des preuves à l'appui contre tout ce qui se propage.
? La loi pourra-t-elle apporter des solutions opérationnelles et concrètes, immédiatement applicables '
Il y en effet le côté légal à prendre en compte, essayer d'identifier les personnes derrières ces pages et les punir. Cela ne sert à rien si on ne les combat qu'avec des discours et des messages. Reste un problème technique : comment identifier les personnes derrière les pages '
Les authentifications sont la mission des services de sécurité dès le dépôt de plainte. Il y a le discours délivré par des personnes connues ou des institutions, et ceux qui utilisent des pseudonymes cachés derrière des écrans. Sur internet, ce phénomène est décuplé par la libération d'une parole haineuse décomplexée, car trop souvent tolérée sous l'artifice du virtuel. Une fois identifié, se pose le problème des gens qui ne sont pas en Algérie et comment les poursuivre?
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