Algérie

Violence contre les femmes Les victimes pour «soigner» les auteurs



Des milliers de femmes souffrent en silence, gardant le secret de la violence qu'elles subissent et n'osent pas le dire même à leur proches ou à leurs amies. Dans la plupart des cas, ce silence s'explique par une certaine mentalité et les coutumes qui sont des obstacles majeurs les empêchant de se plaindre. «Il me bat souvent, sans motif précis. Il me donne des coups de pied et de poing partout. Cette situation dure depuis les premiers mois de notre mariage. Je ne peux pas le dénoncer car, chez nous, le divorce est une honte pour la famille». « Je suis régulièrement tabassée par mon fils, mais je ne peux pas le dénoncer, je crains qu'il ne soit placé en prison ». Ce sont ce genre de phrases qu'on entend lorsqu'il s'agit d'un cas de violence conjugale et de violence sur ascendant. En effet, le statut de la femme battue est toujours plus infamant que celui de l'homme violent et, longtemps, les femmes victimes de violence ont été tenues pour principales responsables de leur sort. Une violence qui trouve son origine dans la situation économique, le chômage, les psychotropes, la crise du logement, le retard de l'âge de mariage, et bien d'autres aspects, selon le Dr Sbaâ, enseignante au département de psychologie à l'Université d'Oran, qui a animé, jeudi dernier, une conférence-débat sur la violence contre les femmes à la bibliothèque biomédicale. L'intervenante a insisté sur le rôle de la femme battue, dans la prise en charge psychologique de l'auteur de violence ( mari, fils ou frère). « Nombreuses sont les associations qui activent dans le domaine de la prise en charge des femmes battues. Dans plusieurs cas, les associations reçoivent même les auteurs de la violence pour une thérapie de groupe. Et grâce aux femmes victimes de violence, plusieurs cas ont été résolus. Mme Sbaâ a rappelé que l'ampleur de ce phénomène en Algérie n'est pas aussi important par apport à ce qui ce passe dans d'autres pays. A titre d'exemple, une femme victime de violence meurt toutes les 5 minutes en France. Notons que le service de la médecine légale du Centre hospitalo-universitaire d'Oran reçoit, chaque mois, entre 20 et 30 femmes victimes de violence domestique qui viennent se faire délivrer des certificats médicaux. La moitié des lésions constatées sont des ecchymoses, mais il y a également des hématomes, des fractures et des brûlures. En général, 82 % des cas nécessitent des soins légers, alors que 11 % nécessitent des sutures, entre autres. Les trois quarts des femmes venant se soigner ne sont pas à leur première expérience. Leurs «agresseurs» n'ont jamais été condamnés, bien que la plupart d'entre eux sont «récidivistes» en matière de coups et blessures. En effet, si sur le plan médical la prise en charge est correcte, il n'y a, par contre, aucune prise en charge psychologique des femmes agressées. Pour rappel, une enquête menée à Oran, du 1er au 15 février 2000 en milieu hospitalier, a permis d'évaluer à 520 pour 100.000 le nombre des femmes battues. Des statistiques, bien qu'elles ne soient pas fiables, ont fait ressortir que la violence contre les femmes est supérieure à celle de toutes les autres pathologies. Une autre enquête a été réalisée durant le premier semestre 2003 dans les 48 wilayas du pays sur un échantillon de 9.033 dossiers de femmes victimes de violence. La moitié de ces femmes sont âgées entre 23 et 40 ans et plus des deux tiers, soit 69,5 %, sont sans profession, alors que dans près de 73 % des cas, l'agression a eu lieu au domicile conjugal. Dans la plupart des cas, l'agresseur est le mari. La nature de l'agression se résume dans plus de 60 % à des coups et blessures volontaires.



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