Algérie

Vengeance ?



Le quotidien Le Matin n?est plus imprimé depuis hier et risque de disparaître définitivement du paysage médiatique. Le non-paiement de créances s?élevant à environ 40 millions de dinars à la société d?impression Simpral est officiellement avancé pour justifier une telle décision. Les règles de commercialité imposent effectivement d?être à jour avec ses créanciers. Mais il se trouve que le journal en question ne peut être classé parmi les plus mauvais payeurs. Il existe au moins 40 titres à travers tout le pays, et les journaux en règle se comptent sur les doigts d?une main.L?un des anciens maîtres du pays est redevable de plus de 20 milliards de centimes et il n?a pas été inquiété outre mesure. Des aventuriers et des mercenaires de la plume ont créé des titres, mais n?ont jamais versé le moindre dinar aux imprimeurs. Ils vont jusqu?à prétendre qu?ils bénéficient de la protection présidentielle pour faire peur à ces derniers et ne pas honorer, ainsi, leurs factures. Aussi l?argument avancé pour justifier la sanction contre Le Matin tient-il difficilement la route. On pourrait plutôt penser à un plan visant à éliminer définitivement cet organe de presse de la scène algérienne. Car personne n?imagine le chef de l?Etat pardonner à Mohamed Benchicou le brûlot sorti durant la dernière campagne électorale et ayant pour titre Abdelaziz Bouteflika, une imposture algérienne. Le directeur du journal n?a pas été poursuivi pour diffamation, sans doute pour éviter au pouvoir l?accusation d?atteinte à la liberté d?expression. C?est sur un autre registre que la vengeance va se manifester. Des bons de caisse découverts sur Benchicou à l?aéroport d?Alger vont lui valoir une condamnation de 2 ans de prison ferme. En plus, suite à un redressement fiscal, l?immeuble du Matin est saisi et vendu aux enchères, alors que l?administration aurait bien accepté un échéancier. Le troisième acte s?est joué vendredi soir, et rien ne dit que les problèmes du titre vont s?arrêter là. De toute évidence, la question de la vengeance serait rapidement balayée, si les mauvais créanciers subissaient le même sort.



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