Veillée d'armes à portes fermées

Hasna YacoubLe jour du scrutin, c'est le branle-bas de combat dans les QG de campagne des six candidats à l'élection présidentielle. Et comme de coutume, les représentants des médias se dirigent vers les sièges des directions de campagne pour vivre les minutes de la longue journée de vote. Pour l'élection de jeudi dernier, la présence des journalistes au QG du candidat AbdelazizBouteflika n'était pas souhaitable. En effet, au niveau de la direction de campagne de Abdelaziz Bouteflika, sise à Hydra, il est signifié aux journalistes qu'il leur faut «un ordre de mission» du responsable de lacommunication, M. Abdeslam Bouchouareb. Ce dernier occupe avec son équipe, un autre siège à Sidi Yahia. Il s'agit d'une direction de campagne de la communication. Au niveau de cette direction, l'accueil est beaucoup plus plaisant, mais sans plus.À l'accueil et avec le sourire, il est demandé aux journalistes de s'orienter vers la direction de campagne d'Hydra ! Les responsables de la campagne électorale du président candidat sont-ils dépassés ou s'agit-il d'une stratégie voulue pour se débarrasser des «curieux» ' Mais c'est compter sans l'obstination de la quête de l'information. Quelques coups de téléphones et l'accès au bureau des collaborateurs de M. Bouchouareb, est ouvert. Pour ces derniers, le vote se déroule dans de «bonnes conditions» hormis quelques incidents signalés dans certaines wilayas comme à Bouira et M'chdallah où des bureaux de vote ont été incendiés.M. Madjid Bakouche, l'un des responsables de la communication, a même affirmé que «les premiers chiffres sur les taux de participation dans les wilayas, communiqués par le ministère de l'Intérieur, correspondent globalement à ceux que nous avons obtenu auprès de nos observateurs». Il précise à ce propos que le candidat Bouteflika est représenté dans 45 000 bureaux de vote «nous avons 60 520 personnes mobilisables et nous avons installé 45 000 observateurs». Attentif au souhait des représentants de la presse d'assister à l'ambiance dans le quartier général de la campagne, ce responsable a annoncé que le QG sera ouvert dès la fin de l'après-midi à la presse et aux militants «qui vont d'ailleurs affluer». Cela n'a malheureusement pas été le cas. En fin d'après-midi, la direction de campagne du candidat Bouteflika gardait ses portes fermées. La porte s'ouvre à un moment et c'est Hamraoui Habib Chawki qui a accompagné l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal lors de sa campagne électorale pour le candidat Bouteflika, qui apparaît. L'ex-ministre de laCommunication qui semblait, lors des meetings, occuper un poste dans la direction de campagne -et cela en raison des ordres ou peut-être des orientations qu'il donnait dans le cadre de l'organisation- dira en réponse à la demande des journalistes d'une autorisation d'entrée «je ne suis qu'un invité» ! Il n'est pas encore 20 heures et les bureaux de vote dans la majorité des wilayas ne sont pas encore fermés, mais devant la direction de campagne, des bus ornés par les posters du président candidat et des jeunes de moins de 20 ans se «chauffent» pour fêter la victoire.À Sidi Yahia, devant la direction de la communication, c'est plutôt le calme.Abdelmalek Sellal est à l'intérieur. Le dépouillement a commencé et normalement militants et partisans retiennent leur souffle, accrochés à la moindre information qui parvient. Pas de youyous, pas de cris de joie, rien n'émane de la direction de campagne. Les premiers éclats de joie seront entendus à l'extérieur : klaxons et feux d'artifices. «Le siège du MPA d'Amara Benyounès n'est pas loin. C'est sûrement les militants de ce parti qui ont lancé les feux d'artifices», dira un des présents.21 heures : les informations sur une victoire écrasante d'Abdelaziz Bouteflika a déjà fait le tour du pays. Abdelmalek Sellal n'a toujours pas fait son apparition. Et c'est Abdelmadjid Sidi Saïd, le patron de l'Ugta qui fera la première déclaration. Dès que sa voiture s'arrête devant le QG de la communication du candidat Bouteflika, il est happé par les médias. «C'est une victoire du peuple. Une victoire historique de l'Algérie. Je pense que le peuple a démontré sa maturité. Il a démontré que le président Bouteflika a effectivement apporté ce que tout le monde attend : la paix, la mise à nue de la fitna, la stabilité et également le développement économique et social. Le fait de le porter avec autant de fierté c'est une victoire nationale, mais également une victoire internationale.»H. Y.