Moins d'une semaine après la victoire des républicains aux élections de
mi-mandat, l'Europe accuse les premiers coups politiques et économiques. Un
premier choc de 600 milliards de dollars bouleverse les espérances européennes.
Faut jamais dire «ça n'arrive
qu'aux autres». L'UE a cru se prémunir d'un retour de vague de la crise
financière internationale de 2008 en forçant ses membres à une rigueur
budgétaire qui pénalise, d'abord, les classes moyennes et les plus
défavorisées. Une semaine après que le dernier Conseil européen eut menacé les
Etats de sanctions financières et politiques en cas de déficit public au-delà
des 3% du PIB, voilà les USA annonçant la parfaite stratégie contraire en
ouvrant les vannes du crédit. 600 milliards de dollars (422 milliards d'euros)
seront déversés dans l'économie américaine pour le seul premier semestre de
l'année 2011 ! Bonjour la dévaluation de la valeur dollar et le «boum» aux
exportations américaines. Pas que cela, lorsqu'on connaît le patriotisme
américain en cas de menaces sur son économie. Il n'est pas du tout exclu une
montée du réflexe protectionniste par le truchement de la fiscalité douanière,
et ce ne serait pas la première fois que les USA agissent ainsi avec l'Europe
et le reste du monde. Vendredi, les premières réactions européennes ont exprimé
un certain affolement à la veille de la tenue (11 - 12 novembre) du Sommet du
G20 à Séoul. L'Allemagne, la France ainsi que le président de la Banque
centrale européenne ont dénoncé la décision de la FED (Banque centrale
américaine) d'injecter les 600 milliards de dollars en question dans les
circuits financiers. Le ministre allemand des Finances a qualifié la décision
«d'irresponsable et qui ne mènera à rien». La Chine a abondé dans le même sens,
estimant qu'en plus du risque certain d'inflation, la dette américaine
s'amplifiera davantage. La Chine a des raisons supplémentaires de s'inquiéter,
elle qui détient le plus gros de la dette américaine avec plus de 895 milliards
à la fin 2009. Le Japon détient lui 760 milliards, alors qu'en Europe, la
France arrive en tête avec une dette américaine de l'ordre de 18 milliards de
dollars.
La décision de la Fed va planer
sur l'ordre du jour du G20 de Séoul. Elle va même le bouleverser. Les pays
émergeants tels le Brésil ou l'Inde ne sont pas épargnés par le «risque» américain.
C'est en ce sens que l'UE ne peut échapper, dans ces circonstances, au risque
inflationniste mondial, autant qu'à celui des déficits publics de son économie.
Aussi, l'UE mesure toute l'imprudence, ou «l'irresponsabilité», de sa volonté à
forcer ses membres à tant de rigueur financière et de plans d'austérité. La
valeur du volume d'échange commercial entre l'UE et les USA se monte, chaque
jour, à près de 100 milliards de dollars. Avec la nouvelle initiative
américaine, le dollar va perdre beaucoup de sa valeur face à l'euro. L'année
2011 qui s'annonçait comme celle de la reprise économique et du retour à la
stabilité des changes, s'ouvre avec la «guerre des monnaies».
L'histoire aime se répéter: au
pouvoir en Amérique, les républicains l'avaient quitté en léguant une crise
financière sans précédent aux démocrates et à Barack Obama. Ils ont gagné les
élections de mi-mandat la semaine dernière, les voilà qui rappliquent avec de
nouveaux désordres dans le monde. Espérons qu'ils ne vont pas précipiter une
guerre, une vraie quelque part.
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Posté Le : 07/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com