Algérie

Une ville officiellement en jachère




Comme on pouvait s'y attendre, le coup de colère du wali Abdelmalek Boudiaf exprimé publiquement mardi dernier, à l'endroit des élus locaux, à l'occasion d'une séance de travail à laquelle ces derniers étaient présents, en plus des représentants de la société civile, organisée au centre culturel Ben Badis, a tôt fait de trouver un écho important du côté de la population. Et pour cause, les retards considérables dans la réalisation des projets qui valent aujourd'hui aux élus d'être mis au pied du mur par le wali, sont un secret de polichinelle pour les Constantinois et «l'ultimatum du chef de l'exécutif, affirment certains, ne fait en réalité que confirmer ce que l'on savait déjà». Le constat du wali confirme ce singulier paradoxe qui veut que les bilans ne sont jamais exigés en temps réel, étant entendu que dans ce cas d'espèce soulevé aujourd'hui, les responsables du « courroux wilayal » ne sont plus là pour rendre compte. Et c'est comme cela d'un scrutin électoral à l'autre et pour faire bonne mesure sur ce registre, ce sont toujours les mêmes ressorts partisans qui accouchent des mêmes élus et ainsi de suite... le devoir de résultats et celui de rendre compte aux administrés c'est de la littérature pour battre campagne et les slogans du meilleur effet. En attendant, l'exercice funambulesque, auquel s'est adonné à l'occasion le wali, est de bon aloi, à partir du moment qu'il joue la transparence pour mieux cerner les responsabilités des uns et des autres. Que le wali en personne avoue que de juteux marchés ont été octroyés par les APC à des « pseudo artisans » est d'une gravité exceptionnelle, et sous d'autres cieux, cela n'échapperait pas à l'ouverture d'enquêtes judiciaires sur la gestion des responsables locaux concernés. Idem pour les travaux de réhabilitation de la voirie de la cité El-Fedj et dont le chantier est à l'arrêt depuis six mois... pour des délais de réalisation de trois mois ! En vérité, sur une vingtaine de projets seulement, cinq d'entre eux sont en chantier, si l'on en croit les déclarations du chef de l'exécutif qui lève le voile ainsi sur l'état des lieux réel d'une ville officiellement donc en jachère. Que vaut vraiment dans ce registre l'ultimatum de trente jours donné par le wali aux services techniques de l'APC de Constantine, face aux «travaux forcés» en échec de l'aménagement du carrefour de Zouaghi, le réaménagement urbain de la place Kerkri, le chemin de wilaya reliant la cité El-Guemas à celle de Sissaoui, l'important centre de loisirs du 4ème km, implanté au niveau du site de l'ex-bidonville «New York» et dont les travaux sont à l'arrêt depuis cinq ans etc... En attendant d'user de «son pouvoir de substitution», comme il en a formulé la menace, et de déposséder un jour les élus concernés de leurs prérogatives de suivi des réalisations pour les confier aux responsables de l'exécutif, cette situation ainsi créée participe aussi, même si ce n'est pas l'objectif principal du wali, à exonérer Abdelmalek Boudiaf de tous les rendez-vous sur lesquels il s'est engagé en termes de délais. Pour se consoler des errances du sous-développement à Constantine, réinventés avec jubilation par ces élus, il reste, sans doute un bon lot de projets de consolation pour Abdelmalek Boudiaf avec le téléphérique, le viaduc dit «Transrhumel», les buildings du Bardo, et le tramway...


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