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« Une thérapie pour les Français », selon l'historien Hassan Remaoun



« Une thérapie pour les Français », selon l'historien Hassan Remaoun
« La reconnaissance des crimes de guerre commis par la France en Algérie y va de l'honneur des Français et non pas de celui des Algériens. Tourner la page coloniale ne signifie nullement l'effacer ou encore mieux l'arracher. » C'est ce qu'a affirmé, hier, dans un entretien, à l'APS, l'historien Hassan Remaoun. Il estime qu'une reconnaissance forte par la France de ses méfaits, massacres coloniaux et autres crimes de guerre ne pourrait que faciliter psychologiquement l'acceptation du dialogue et de la coopération avec ses anciennes colonies. « C'est l'honneur des Français qui est en jeu et non pas le nôtre », a-t-il souligné. Sujet de controverse, cette reconnaissance constituerait, de l'avis de cet historien, une thérapie pour les Français eux-mêmes à travers l'appréhension de leur propre passé et l'évolution de leur image à l'étranger. Il a qualifié la visite en Algérie du secrétaire d'Etat auprès du ministre français de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, de signe de bonne volonté dont le but est de contribuer au moins à apurer un passif colonial certainement lourd. Tout en rappelant les précédents gestes entrepris par la France, l'historien estime que pour arriver à tourner la page, « il faudrait que tout le monde soit dans un état d'esprit favorable à cette perspective », note l'historien, estimant que, à ce sujet, les avis sont partagés de part et d'autre. L'historien n'a pas manqué d'évoquer des « traumatismes profonds » dans les deux pays, si bien que plus de cinquante ans après l'accession du pays à l'indépendance, on ne peut parler d'une mémoire complètement apaisée dans le rapport entre les deux rives de la Méditerranée. Il insiste, à cet effet, sur le fait de ne pas confondre entre la victime, en l'occurrence les Algériens, et l'oppresseur, qui est le colonialisme. « La France tient sans doute à perpétuer l'image qu'elle cultive d'elle-même, de pays de la révolution, de la liberté et des droits de l'Homme, mais qu'en réalité, c'est un Etat aussi foncièrement nationaliste et chauvin que les autres et qui pense pouvoir préserver sa réputation en regardant ailleurs au lieu de balayer devant sa propre porte », a-t-il affirmé, ajoutant que les méfaits de la colonisation comme ceux de la collaboration au moment de l'occupation allemande et du régime de Vichy, ou même de la traite des esclaves (y compris après la révolution de 1789) ont été longtemps officiellement occultés. Il relève la différence entre les mémoires algériennes et françaises, estimant qu'une culture de la reconnaissance et de la tolérance de l'autre peut favoriser un rapprochement. Remaoun met en exergue l'apport des historiens pour le renforcement des bonnes relations et la persévérance dans le contact, pour contribuer à faire triompher l'objectivité dans le regard porté sur un passé. « Les priorités de l'Algérie indépendante sont en réalité ailleurs », a conclu l'historien, considérant que la vigilance anticolonialiste est toujours de mise.


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