Algérie

Une nouvelle chance pour faire taire les armes en Libye



Une nouvelle chance pour faire taire les armes en Libye
La réunion ministérielle tripartite tuniso-algéro-égyptienne, visant à trouver une solution politique globale à la crise libyenne, aura lieu aujourd'hui et demain à Tunis. Les trois ministres rencontreront demain le président tunisien, Béji Caïd Essebsi.Le hasard des calendriers a fait que la réunion tuniso-algéro-égyptienne se tient deux jours après le 6e anniversaire de la révolution du 17 février 2011. Six ans après la chute d'El Gueddafi, les différentes composantes politiques libyennes ne parviennent toujours pas à faire converger leurs points de vue pour mettre en place une solution consensuelle.Et les trois pays du voisinage immédiat de la Libye continuent à essayer d'assurer les conditions adéquates pour réunir les différentes parties libyennes autour d'une table de dialogue.Cette rencontre intervient pour aller de l'avant dans l'initiative lancée par le président Béji Caïd Essebsi, à l'occasion de sa visite en Algérie, le 15 décembre 2016, et sa rencontre avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika qui a rencontré, à son tour, le président Egyptien Abdelfattah Al Sissi (20 décembre 2016). Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, a indiqué à l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP) que «l'objectif de l'initiative, c'est de rejeter toute solution militaire pouvant aggraver la crise en Libye et d'amener tous les protagonistes libyens au dialogue pour aplanir les litiges ayant empêché, jusque là, de concrétiser l'accord de Skhirat (Maroc)».Le ministre tunisien des Affaires étrangères a mis l'accent sur l'importance des contacts établis par l'Algérie et l'Egypte pour rapprocher les points de vue des protagonistes libyens en vue de surmonter les obstacles entravant le dialogue inter-libyen. Lequel dialogue, a poursuivi Jhinaoui, reste ouvert à tous les protagonistes libyens, à l'exception de ceux qui sont impliqués dans des crimes terroristes, ajoutant que des invitations ont été adressées à plusieurs acteurs libyens pour visiter la Tunisie, y compris le général Khalifa Haftar, qu'il a qualifié de «patriote» et d'«acteur-clé» dans toute solution à la crise libyenne.La réussite de cette initiative sera, selon Jhinaoui, un soulagement pour toute la région, qui souffre des répercussions de cette crise, notamment sur le plan sécuritaire, mais également socioéconomique. Concernant ses chances de réussite, le ministre tunisien précise qu'outre la Tunisie, l'Algérie et l'Egypte, l'initiative bénéficie déjà du soutien de l'Union européenne et d'autres pays comme l'Allemagne, l'Italie, les Etats-Unis et, également, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a affirmé sa disposition à contribuer à sa réussite.Sixième anniversaireDes communiqués ont certes été diffusés par tous les acteurs de la scène libyenne à l'occasion du sixième anniversaire de la révolution du 17 Février 2011. Mais, à juger par l'affluence aux manifestations populaires, le c?ur n'y était pas. «Comment voulez-vous que nous dansions sur les rythmes des troupes folkloriques à la Place des martyrs à Tripoli, alors que nous ne sommes même pas sûrs de rentrer, sains et saufs, chez nous à Janzour ou Souk Jemaa, deux banlieues de Tripoli '» dit Jamel, un Libyen lambda, joint par El Watan au téléphone.Cet ancien guide touristique souligne que la majorité de la population libyenne souffre, notamment depuis l'avènement des opérations de Fajr Libya, à l'ouest, et d'Al Karama, à l'est, pendant l'été 2014 et la multiplication des gouvernements en Libye. «Ce qui a compliqué davantage la situation, c'est la chute des prix du pétrole. Je ne suis pas expert. Mais, j'ai senti que mon pouvoir d'achat a dégringolé. Les prix des produits alimentaires ont quadruplé. Le dollar était à 1,35 dinar libyen. Même en 2011, en pleine révolution, il a juste atteint 1,8 dinar libyen. Aujourd'hui, il dépasse les six dinars.Nous ne pouvons plus aller soigner nos malades en Tunisie», dit-il sur un ton furieux, qui n'inspire pas du tout la joie de fêter ce 17 Février.Plus rationnelle fut la réaction de Jamel Bennour, un juge libyen qui a occupé le poste de président du Conseil local de Benghazi en 2011 et 2012, rencontré à Tunis. Pour lui, la révolution du 17 février 2011 a affranchi le peuple libyen et lui a apporté la liberté. Mais, les tentatives de certains groupes politiques, issus notamment de l'islam politique, de pousser à la porte, par les armes, les élus du peuple.Ces man?uvres ont conduit le pays à la crise qu'il traverse aujourd'hui. Jamel insiste également sur la corruption qui a sévi. «La Libye disposait de 300 milliards de dollars de réserves en 2011. Elle produisait 1,3 million de barils de pétrole par jour en 2012 et 2013, qui se vendaient à plus de 100 dollars le baril, donc plus de 60 milliards de dollars de recettes par an. Et nous nous retrouvons au bout de trois ans de crise au bord de la faillite. C'est une corruption à large échelle», déplore-t-il anxieux sur l'avenir de son pays.


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