Algérie - A la une

Une fermeture administrative hâtive



Une fermeture administrative hâtive
Assurément, c'est une bien curieuse décision. Aussitôt l'incendie déclaré mercredi matin à la discothèque Le Triangle à Alger, les responsables de l'office public Riadh El-Feth se sont précipités pour annoncer la fermeture illico presto de l'un des rares espaces de détente nocturne dans la capitale. Pourquoi une telle célérité avant même l'aboutissement de l'enquête de la police qui en est encore à ses débuts ' De toute manière, vu l'ampleur des ravages du feu, la discothèque ne risque pas de rouvrir de sitôt. C'est pourquoi la décision de fermeture suscite des interrogations, d'autant que les causes de l'incendie ne sont pas encore déterminées.D'après certaines sources, c'est le département d'Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture, dont dépend l'office Ryad El-Feth, qui serait derrière l'ordre de fermeture. Il est vrai que le ministre n'en est pas à sa première décision hâtive. Et pour cause ! Il s'est déjà illustré récemment par la radiation pure et simple de l'une des cadres de son département ministériel, en l'occurrence Mme Nouria Nedjaï, née Labbaci, citée dans la fameuse affaire KBC, avant même que celle-ci ne connaisse son dénouement et que la justice ne se prononce sur son cas.Par ailleurs, la fermeture de la discothèque, assimilable à un "oukase", tranche singulièrement avec la volonté affichée par les pouvoirs publics et vantée par les élus locaux de redynamiser la vie nocturne dans la capitale. En vain !Malgré tous les efforts consentis, dont la reprise du célèbre Milk-Bar par les services de la wilaya (probablement le seul café au monde à être géré par l'Etat), "la vitrine du pays" n'a absolument rien à offrir, une fois la nuit tombée.Comme chacun sait, le grouillement de la journée où les rues d'Alger sont bondées de monde laisse place, le soir venu, à un silence de mort. Après minuit, Alger offre le décor d'une ville où il semble ne plus y avoir âme qui vive... par endroit, on croirait même à une cité-fantôme totalement abandonnée par ses habitants. On n'y décèle, pour ainsi dire, que rarement une trace de vie nocturne.C'est le cas notamment d'une timide animation à Bab El-Oued et à Staouéli, ou encore à la discothèque La Rose bleue à Palm-Beach, dernier bastion des noctambules, ultime refuge des âmes en quête de divertissements dans la capitale.Certaines mauvaises langues ne manquant pas d'humour prétendent même, sous le ton de la plaisanterie, que les Algérois ne fonctionnent qu'à l'énergie solaire. Quant aux Algérois qui ne reconnaissent plus leur bonne vieille ville et nostalgiques d'une certaine époque, ils ne font que stigmatiser aujourd'hui les ruraux, ces "couche-tôt" qui, à leurs yeux, ont tué l'ambiance à Alger. Vu sous cet angle, la capitale subirait, selon eux, l'influence de la culture des "Provinciaux". Ce qui reste à vérifier. Pour l'heure, la fermeture du Triangle va non seulement priver les fêtards et autres visiteurs en goguette, mais accentuer également l'image négative que reflète la capitale algérienne où l'absence de lieux de loisirs et de détente est, de plus en plus, criante. Ce qui n'est pas de nature à attirer, convenons-en, les touristes étrangers dont le pays a fortement besoin, mais plutôt à aggraver davantage son isolement international.Mohamed-Chérif Lachichi
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