Algérie - A la une


Une fatalité '
En un peu plus de vingt ans d'exercice de la profession d'avocat, l'homme, qui a arpenté tellement de salles des pas perdus, ne se fait presque plus d'illusion. Mi-réaliste et mi-cynique, il estime que « le phénomène de la violence est difficile, sinon impossible à éradiquer. On peut juste en limiter l'ampleur ». « C'est un peu comme pour la corruption que toutes les lois, les plus répressives fussent-elles, n'ont jamais pu éliminer ». « Il existera aussi dans toutes les administrations des gens qui, à défaut de travailler, surveillent, rapportent et sèment la zizanie », dit-il d'un ton amusé. Aucune époque ni société n'est faite que de gens respectueux et vertueux. Les violences que subissent les femmes, tous types et niveaux confondus, sont un fait social. Une femme sur trois dans le monde est victime de violences conjugales a rappelé et asséné, vendredi dernier, l'OMS. Dans une série d'études, elle a indiqué que « malgré l'attention accrue ces dernières années à l'égard de ces violences, elles restent encore à un niveau « inacceptable ». Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Entre 100 et 140 millions de jeunes filles et femmes ont subi des mutilations génitales, environ 70 millions de filles ont été mariées avant leurs 18 ans, souvent contre leur gré, et 7% des femmes risquent d'être victimes d'un viol dans leur vie. Ces violences s'exacerbent dans les moments de crise. Même dans notre pays, on a vécu, au cours de la décennie noire, une déscolarisation des filles et on n'avait jamais déploré autant de viols, l'un des visages les plus hideux de ces terribles années. Rien ne pourra supprimer définitivement les violences contre les femmes. Aucune baguette magique ne semble mettre un frein à un fléau exacerbé en temps de crise.L'ordre et le désordre Les films algériens comptent, souvent, une scène où, pour se faire respecter, l'homme déverse souvent sa colère sur sa femme. Même quelques humoristes ont cru se gausser des coups de bâton pour l'épouse indélicate. Dans la société traditionnelle, les rôles étaient bien répartis. L'homme avait son domaine et même si, en réalité, les femmes tiraient les ficelles, elles s'inscrivaient rarement dans des logiques de confrontation. Le bon vieux proverbe du terroir « C'est un homme, tout ce qu'il peut faire est beau » traçait des limites à toute velléité d'émancipation féminine. Cela ne semble plus être le cas aujourd'hui. Beaucoup d'hommes, encore imprégnés de traditions ravivées par la vague d'islamisation, ne semblent pas près d'abandonner leurs privilèges et accepter une remise en cause de leur pouvoir, assis sur une culture immémoriale. L'épouse ne doit pas contrarier leurs désirs et doit acquiescer à tous les ordres. Il suffit de prendre place dans un tribunal, d'être un lecteur assidu des chroniques judiciaires, pour se rendre compte de l'ampleur de ce qui s'apparente à un bras de fer. Sous l'effet de la scolarisation et du travail salarié, qui ont profondément remodelé les rapports sociaux, beaucoup de femmes rechignent, désormais, à vivre sous la coupe d'un mari dont la moindre décision ne se discute pas et doit être appliquée à la lettre. Sans être la seule et unique raison, c'est dans le chamboulement des valeurs qu'il faut comprendre un phénomène qui devait progressivement disparaître. Paradoxalement, il semble perdurer comme dans toutes les situations où l'effondrement d'un ordre social entraîne toujours davantage de désordre.




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