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Les victimes doivent connaître leurs droits



Les victimes doivent connaître leurs droits
Le mouvement associatif impliqué depuis longtemps dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes, a fortement contribué aux efforts consentis dans ce sens à travers la création de plusieurs réseaux, téléphones verts, cellules d'écoute et structures d'hébergement. Un plaidoyer plus efficace pour une prise de conscience de la gravité du phénomène et de son ampleur a besoin de ces outils. L'association « Rachda » (Rassemblement contre la Hogra et pour le droit des Algériennes) créée en 1996 se veut à l'écoute des femmes violentées, divorcées, malmenées ou rejetées par leurs familles. Dalila Aoudj, la présidente de Rachda, a souligné que la violence conjugale est devenue un phénomène en pleine recrudescence et constitue une dure réalité au sein de notre société. « Cela reste un sujet tabou d'ordre privé voire secret dans la majorité des cas », a déploré notre interlocutrice. « La majorité des victimes reçues au foyer « Darna », de l'association, sont âgées entre 21 et 45 ans, (68 % des cas) avec une moyenne d'âge de 35 ans et des extrêmes de 19 ans et 66 ans. « Les deux tiers des victimes sont sans profession ou d'un niveau socio-économique bas », nous a-t-elle confié. Mme Aoudj a évoqué un tout autre problème. Celui relatif à la nature et les répercussions des violences faites aux femmes. Selon elle, « les femmes prises en charge par son association souffrent souvent d'ecchymoses, hématomes, plaies, fractures des os propres du nez, brûlures et autres ». Seul inconvénient, a-t-elle regretté, « la majorité des violences donnent lieu à une incapacité temporaire totale de travail inférieur à 15 jours ». « Ces femmes violentées subissent une maltraitance de façon répétitive », a tenu à préciser Mme Aoudj. Et de poursuivre : « Ces femmes ne consultent pour le constat des coups et blessures volontaires CBV qu'à partir du 3e jour et plus parce qu'elles sont empêchées de quitter le domicile ». Les raisons ' Elles ont peur des représailles, l'absence de soutien ou d'une autonomie économique, inquiétude pour l'avenir des enfants, la crainte du rejet social (stigmatisation au fait d'être divorcée). Méconnaissance des droits à leur égard, l'espoir du changement de comportement du conjoint et croyant que la violence est « normale » (chez certaines), ces femmes refusent de se plaindre. En effet, la plupart des violences conjugales ne sont pas signalées aux services de police même si le constat médical a été fait.La bataille n'est pas encore gagnéeLa présidente de Rachda a souligné que la mise en place et le renforcement de dispositifs d'accueil, d'information et d'accompagnement des victimes à travers l'ensemble du territoire national sont indispensables pour atténuer les conséquences néfastes de ce phénomène qui nuit à la vie des femmes. « Les associations et les professionnels de divers secteurs, notamment la santé, la justice, la police doivent s'unir et travailler de concert pour venir en aide aux victimes et défendre leurs droits », a-t-elle indiqué. « La prévention de la violence sous toutes ses formes à l'égard des femmes est une priorité de santé publique à la charge de l'Etat », a-t-elle précisé. Evoquant le projet de loi sur la réforme du code pénal, Mme Aoudj a salué la volonté politique pour le changement mais estime, toutefois, que « la bataille n'est pas encore gagnée pour les Algériennes, car il reste encore des vides juridiques dans ce projet de loi, telles quelques définitions plus précises (les lieux publics, le pardon et autres). « Il est impératif de prévoir la mise en place de formations et d'un organisme de contrôle afin de veiller à la bonne mise en ?uvre des dispositions de la loi », a enfin recommandé la militante pour les droits de la femme.





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