Algérie - A la une

Un verdict et des surprises



La sentence était très attendue, surtout depuis le réquisitoire extrêmement sévère du procureur de la République qui avait demandé l'aggravation des peines contre les inculpés le 18 octobre dernier.Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Le représentant du ministère public s'exprimait ainsi à l'issue de dix longs jours de procès durant lesquels Haddad s'était plaint de la lourde peine, dix-huit ans de prison, qui avait été prononcée à son encontre en première instance.
L'ancien patron de l'ETRBH avait aussi et surtout tenu à déplorer la confiscation de tous ses biens matériels, une situation pour laquelle, disait-il alors, «ma famille, dont un bébé de trois ans, s'est retrouvée à la rue avec une somme d'argent qui n'excède pas les 50 000 DA».
Le verdict prononcé hier a, cependant, remis en cause plusieurs des points contenus dans la sentence prononcée par le tribunal de Sidi-M'hamed. La première peine, dix-huit ans, a été réduite de six années et fixée ainsi à douze années de prison qui devraient, sauf changement, être purgées au pénitencier de Tazoult où il a été transféré en août dernier.
Elle est cependant assortie d'une amende de huit millions de DA, une demande du Trésor public introduite auprès du tribunal de Sidi-M'hamed et donc confirmée par la cour d'Alger. Le président du tribunal, qui s'est distingué, selon plusieurs avocats, par une très grande maîtrise du dossier qui a permis de mener des auditions très poussées des prévenus, a décidé également de prononcer l'extinction de l'action publique à l'encontre de Haddad, pour les poursuites concernant le financement occulte de la campagne électorale pour le cinquième mandat.
Cette charge pour laquelle il avait été inculpé, était considérée comme étant très importante là aussi d'autant plus que l'argent amassé durant cette période avait été caché dans un de ses bureaux à Bab-Ezzouar.
Devant le tribunal de Sidi-M'hamed comme à la cour d'Alger, le mis en cause a fourni une seule version à ce propos : «Saïd Bouteflika m'avait dit que plusieurs personnes s'étaient déjà chargées de fournir l'argent nécessaire à la campagne», insinuant qu'il lui avait été demandé d'agir dans ce sens, «deux hommes d'affaires, Mazouz et Larbaoui, m'ont remis des chèques qui ont été remis aux concernés, puis Saïd Bouteflika m'a dit que la situation était propice aux vols et qu'il fallait mettre l'argent à l'abri».
La troisième décision prise par le juge concerne l'annulation de la confiscation de certains biens appartenant à Ali Haddad. Il y a eu ainsi annulation du gel de certains comptes bancaires au sujet desquels, il y a vraisemblablement eu confusion en matière d'appartenance, annulation de la confiscation de certains de ses véhicules, de sa maison à Saïd-Hamdine, d'une autre maison à Boumerdès appartenant à la société HB, d'une autre maison de 104 m2 à Boumerdès appartennant à la même société et de deux terrains, l'un à Larbaâ et l'autre à Dély-Brahim.
Fin de la détention de Amara Benyounès
L'autre annonce faite durant la prononciation du verdict réside en la peine prononcée à l'encontre de l'ancien ministre de l'Industrie et président du MPA (Mouvement populaire algérien). Précédemment condamné à trois ans de prison, Benyounès a été condamné à une année de prison ferme, une peine qui correspond à la période qu'il a passée en détention à la prison d'El-Harrach et qui implique sa remise en liberté.
Durant les deux procès où il a comparu, Amara Benyounès s'est dit «étonné d'avoir été placé sous mandat de dépôt (...) je n'ai jamais signé ni donné quoi que ce soit à Haddad, lorsque le projet d'extraction minière lui avait été octroyé cela faisait cinq mois que j'avais quitté le ministère de l'Industrie, j'assurais le fonction de ministre du Commerce, je suis poursuivi pour une cimenterie qui n'existe pas. J'ai été poursuivi parce que j'avais autorisé un partenariat avec une société chinoise (...) le choix venait de la présidence de la République», indiquait ce dernier au juge.
Les cinq frères de Haddad acquittés et réduction de peine pour Ouyahia, Amar Ghoul et plusieurs anciens ministres
Il y a donc eu aussi réduction de peine pour l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia qui voit ainsi sa première peine, douze ans, réduite de quatre années pour être ainsi fixée à huit ans de prison.
La première condamnation prononcée par le tribunal de Sidi-M'hamed à l'encontre de Abdelmalek Sellal, huit ans de prison, a, cependant, été maintenue. Amar Ghoul, ancien ministre des Travaux publics et du Transport, a, quant à lui, écopé d'une peine de sept années de prison au lieu de dix. Quatre autres anciens ministres, Youcef Yousfi, Mahdjoub Bedda, Boudjemaâ Talai et Abdelghani Zaâlane ont été condamnés à une année de prison ferme.
Il faut savoir enfin que la cour d'Alger a prononcé la relaxe pour les deux anciens directeurs des ports de Mostaganem et de Djendjen ainsi que pour les deux anciens walis d'El-Bayadh et de Annaba, Mansour Abdallah et Mohamed Slimani.
A. C.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)