Algérie

Un syndicat pas comme les autres


L'indépendance du pays, sa construction, la lutte contre l'obscurantisme auront été autant de «missions sacrées» d'une organisation pas comme les autres.L'Ugta fête aujourd'hui ses 62 ans dans un contexte socio-économique très particulier. Concerné par un «malaise» dans le secteur de l'Education nationale et la santé, le front social donne l'impression d'être au début d'un processus fébrile, dont on ne connaît pas la véritable ampleur. Face aux grèves à répétition et à une volonté des syndicats autonomes à croiser le fer avec les pouvoirs publics, l'Ugta observe un silence quelque peu gêné, en ce sens que la contestation des travailleurs remet en cause le pacte de stabilité signé entre l'Exécutif et son principal partenaire social. Même si l'Ugta peut évoquer le caractère limité des mouvements de contestation, elle demeure la garante auprès du gouvernement et du patronat de la sérénité du monde du travail, condition sine qua non, du succès de la démarche de sortie de crise engagée par l'Etat.
Au jour de son anniversaire, la Centrale syndicale sera certainement interpellée sur son silence que certains n'hésitent pas à qualifier de «décalage» par rapport à la réalité. Il faut dire, à ce propos, que les partis de l'opposition chargent régulièrement l'Ugta sur sa proximité avec le pouvoir et les puissances de l'argent. Un rôle que semble, néanmoins, assumé le secrétaire général de la Centrale qui n'omet pas de souligner l'importance du Pacte économique et social de croissance, dans l'amélioration du niveau de vie et de rémunération d'une très large majorité des travailleurs. Abdelmadjid Sidi Saïd n'aurait pas réussi à faire passer l'amendement des statuts des travailleurs et même la révision, même partielle, de l'article 87 bis du Code du travail, s'il avait campé le rôle du syndicaliste «bête et méchant» se bornant à user de la menace de grève comme seule arme. Pour l'Ugta, le choix du dialogue a été pris en toute conscience. Il permet de porter la voix et les préoccupations des travailleurs dans le processus de réforme que d'aucuns jugent incontournable. C'est là, l'argument de la Centrale syndicale qui, faut-il le souligner, n'est pas sortie de sa mission originelle. Né dans la dynamique du combat libérateur, le syndicat a endossé des thématiques éminemment politiques, les cadres et militants de l'organisation, se recrutant parmi les moudjahidine au lendemain de l'indépendance et dans les partis prônant le nationalisme quelques années plus tard, s'approprient des missions au-delà du strict combat syndical. L'indépendance du pays, sa construction, la lutte contre l'obscurantisme et aujourd'hui la relance économique, sont autant de «missions sacrées» d'une organisation pas comme les autres.
C'est dire que l'Ugta est solidement ancrée dans l'histoire politique du pays et les tentatives de lui voler la vedette auprès des travailleurs sont restées vaines. Il n'y a qu'à voir les échecs patents des tentatives d'organiser des grèves illimitées par les syndicats autonomes. Si ces derniers ne parviennent pas à se donner un rôle politique, c'est simplement parce qu'il est déjà très largement campé par l'Ugta avec l'assentiment manifeste des Algériens. On se souvient, sans doute encore des deux grèves générales lancé par la Centrale syndicale dans le milieu des décennies 90 et 2000. Ces deux actions traduisent le poids réel de l'Ugta et justifient très largement son siège dans la tripartite. En ce 62e anniversaire, l'organisation de Aissat Idir, de Abdelhak Benhamouda et de Abdelmadjid Sidi Saïd, n'est certainement pas en mauvaise posture, comme le suggèrent ses contradicteurs. Véritable animateur de la vie sociale, politique et économique, le syndicat «du pouvoir», comme s'empresse de le qualifier l'opposition est plus que jamais présent sur l'échiquier national. Face à la grogne qui prend des allures de volonté de pourrissement du front social, l'Ugta, qui tient encore des pans entiers de l'activité socio-économique sera un acteur de premier plan dans l'affrontement «pré-électoral» que se livrent déjà des forces politiques, dont on ne connaît pas vraiment les contours. Ce qui est certain, par contre, c'est que la prochaine élection présidentielle n'est pas étrangère au «brouhaha» syndical de ces derniers jours. Le tout est de savoir, si l'Ugta conserve encore toute sa force de frappe.


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