Algérie - A la une

Un projet d'incinérateur fait paniquer Baba Hacen


Un projet d'incinérateur fait paniquer Baba Hacen
La nouvelle de l'installation d'un incinérateur sur l'ancienne décharge d'Ouled Fayet n'a pas été du goût de tout le monde. Si le projet semble ambitieux, les citoyens sont appelés à se mobiliser pour le rejeter en bloc.«Ouled Fayet et Baba Hacen ainsi que les communes voisines seront les cobayes du nouveau projet de traitement de déchets d'Ouled Fayet» affirme Abdou Benachenhou, citoyen et ancien président de l'association de protection de l'environnement dont l'agrément n'a pas été renouvelé. «En construisant ce nouvel incinérateur, les citoyens seront les premières victimes des fumées toxiques qu'il rejettera dans l'atmosphère, sans parler de la pollution sur l'environnement. Nous devons nous mobiliser pour stopper ce projet qui n'a jamais pris en compte les conséquences à venir et celles que nous connaissons depuis des années», alerte-t-il.En 2012, après une action citoyenne et des pétitions, les habitants de Douéra, Baba Hacen et Ouled Fayet ont été soulagés d'apprendre que les pouvoirs publics ont décidé la fermeture de la décharge d'Ouled Fayet qui devait être officielle à la fin de la même année. Le CET d'Ouled Fayet, créé en 2000, s'étend sur une superficie de 42 hectares, un véritable dépotoir à ciel ouvert. «Il n'y a que dans notre pays où une décision de justice est détournée ! Lance un citoyen de Baba Hacen. Le Conseil d'Etat avait tranché en 2007 pour la fermeture de cette décharge, pourquoi la loi n'est pas appliquée quand il s'agit d'environnement '» s'indigne-t-il.La ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, Dalila Boudjemaa, lors de sa visite à de nombreux centres de traitement des déchets à Alger, avait rappelé que la fermeture de cette décharge anarchique située dans la commune d'Ouled Fayet «s'inscrit dans le cadre du programme national de gestion des déchets et de l'amélioration du cadre de vie du citoyen» en application d'une instruction du Premier ministre.MobilisationLa ministre avait même annoncé que le taux d'avancement des travaux de réhabilitation de la décharge d'Ouled Fayet pour la transformer en aire de loisirs était à 30%. De son côté, Abdelmalek Sellal avait insisté sur la nécessité de fermer cette décharge «Le CET d'Ouled Fayet doit être fermé d'ici le mois de décembre», avait-il ordonné.Les travaux de neutralisation et d'atténuation des nuisances «ont été entamés et dureront jusqu'à la fin de l'année» avait-il signalé, tout en précisant qu'«à la fin des deux premiers mois de 2013, la fumée et les odeurs nauséabondes seront neutralisées». Les citoyens seront-ils une fois de plus lésés avec ce nouveau projet ' L'inquiétude est unanime et les appels à la mobilisation se multiplient depuis l'annonce de l'installation de cet incinérateur «Je me souviens des malades qui courraient les hôpitaux et les dispensaires dans les communes suite à l'incinération des déchets à Ouled Fayet.Un médecin avait même lancé une enquête suite au décès de nourrissons qui auraient inhalé les fumées toxiques», se rappelle une infirmière de Baba Hacen. En 2013, pendant des semaines, la décharge avait fonctionné sans arrêt, la commune la plus touchée était Baba Hacen. «On ne pouvait ni sortir, ni faire nos courses, ni même étendre le linge dehors.Les personnes âgées qui souffraient de problèmes cardiovasculaires avaient encore plus de difficultés et certaines ont dû être placées dans des cliniques privées, ou carrément chez leur famille dans d'autres communes. Ceux qui n'en avaient pas les moyens ont dû subir toute cette pollution. Il a fallu que les vents soufflent fort pour qu'au bout de quelques semaines nous ayons un nouvel air. Mais la pollution est aussi visuelle et nous arrivions à voir les braises de la décharges qui brillaient la nuit tombée», raconte Sofiane Hacimi, commerçant dans la commune de Baba Hacen qui a quitté sa maison et a vendu son fonds de commerce pour s'installer à Aïn Allah.ToxiqueAlors que la nouvelle orientation gouvernementale avait prévu la réalisation d'un immense jardin public, les citoyens ont vite déchanté. «Comment les pouvoirs publics peuvent autoriser ça à côté du futur opéra d'Alger '» s'interroge Dalila Sadki, militante écologiste. «Non seulement ça va pénaliser cette imposante structure par la pollution, mais personne ne se déplacera dans une zone qui sera toxique», dit-elle. «En 2012, nous avons mobilisé plus de 2000 signatures et nous continuerons pour éviter le désastre. Décidément, ils n'ont rien appris des leçons du passé et remettent ça avec cet incinérateur, le premier du genre en Algérie d'ailleurs, Ouled Fayet sera un laboratoire», rappelle Abdou Benachenhou.Ce qui est certain aujourd'hui c'est que le pôle de déchets d'Ouled Fayet rassemblera les déchets recyclables, comme les emballages, le papier et les métaux, collectés par le réseau sélectif, qui seront traité au centre de tri. «En ce qui concerne la matière organique elle sera acheminée vers le centre valorisation organique qui intégrera un traitement par compostage, permettant la production d'un compost dont l'objectif est d'être réutilisé dans l'agriculture. L'incinérateur à construire sera la destination finale des déchets rejetés lors des processus effectués dans ce pôle», lit-on dans la description du projet.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)