Algérie

Un « Plan Marshall » pour la vallée du M'zab


Tout est sous contrôle à Ghardaïa », a laissé entendre hier le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, lors de sa conférence de presse au CIP (Centre international de presse) à Alger. Une semaine après la catastrophe naturelle qui a endeuillé des dizaines de familles de la vallée du M'zab et réduit au sinistre neuf communes de la wilaya de Ghardaïa, Ahmed Ouyahia s'est voulu rassurant quant à l'évolution de la situation dans la région, frappée de graves inondations mercredi dernier. Le conseil de gouvernement, réuni dans la matinée sous la présidence d'Ahmed Ouyahia à l'effet d'examiner essentiellement le dossier du sinistre, a fait ressortir une « évolution quotidienne encourageante dans la prise en main de la situation ». Devant la presse nationale et internationale, Ahmed Ouyahia a défendu bec et ongles l'action de son gouvernement. Abdelhamid Boukerzaza, qui d'habitude animait les points de presse sanctionnant les réunions du conseil de gouvernement, a été réduit au devoir d'introduire au pupitre l'intervention de son chef du gouvernement.Ahmed Ouyahia a tenu à rendre personnellement compte de la mission dont il a été chargé quelques jours auparavant par le président de la république, à savoir prendre en charge la situation de crise à Ghardaïa, la plus grave depuis 50 ans. En dépit des controverses et critiques suscitées autour de la responsabilité des agents de l'Etat dans le drame, du bilan controversé des victimes, du dispositif défaillant de prise en charge des sinistrés, de l'acheminement des aides ('), c'est mission réussie pour Ahmed Ouyahia.Seulement 34 personnes décédées sont à déplorer, selon le bilan rendu public par Ahmed Ouyahia. Une personne disparue et 89 blessées. Un bilan « provisoire » qui sera définitif à compter du 10 octobre. 756 familles ont été mises à l'abri dans des tentes, écoles et salles de sports. Les dégâts matériels occasionnés aux infrastructures publiques se chiffrent à 20 milliards de dinars et 5 milliards pour ce qui est des biens privés.Les aides de l'EtatUn programme préliminaire de réparation, de reconstruction et de réhabilitation des infrastructures et services publics a été arrêté, selon le chef du gouvernement, et doté d'une enveloppe budgétaire de 20 milliards de dinars. Une enveloppe fluctuante, selon lui, car passible d'être portée à 30 milliards comme elle pourrait baisser à 15 milliards, selon les besoins et en fonction du bilan définitif. En attendant la finalisation de tous les dossiers, affirme le chef du gouvernement, les départements ministériels « sont instruits de faire usage, pour toute urgence, des dotations financières en leur disposition ».Ahmed Ouyahia rend également publique une série de mesures d'assistance aux sinistrés, d'aides d'urgence aux familles, de relogement provisoire, etc. Une aide au loyer durant la période de transition a été instituée et une aide publique sera octroyée aux propriétaires d'habitations endommagées. Ainsi que l'octroi de crédit bancaire d'un montant de 2 millions de dinars avec un taux d'intérêt de 2% bonifié pour les opérations de reconstruction et de réhabilitation des biens industriels et commerciaux et des mesures d'aides fiscales au bénéfice des opérateurs économiques, y compris les commerçants et artisans.Au titre de la reconstruction, des mesures ont été prises dont deux programmes de construction de logements ruraux et publics, de 2000 unités chacun. Ahmed Ouyahia promet de reloger toutes les familles avant la fin de l'année en cours. Un programme de construction de 2000 chalets est déjà lancé, selon lui. D'autres mesures ayant trait à la prévention sanitaire (campagne de vaccination), au rétablissement des services publics, à la reprise des cours, au déblaiement, etc., ont été arrêtées en conseil de gouvernement.La population est aussi « responsable »Les compagnies d'assurances ont été instruites de verser des indemnités pour la prise en charge des sinistres sur les biens immobiliers et sur les installations industrielles et commerciales. Le Fonds national pour les calamités naturelles et technologiques majeures apportera quant à lui des aides aux sinistrés non assurés et des aides complémentaires légales aux sinistrés assurés. Aucun pays au monde, déclare Ahmed Ouyahia, ne peut se prévaloir faire face efficacement aux catastrophes naturelles. « Même les Etats-Unis d'Amérique, qui ont les capacités de détruire 60 fois le monde, ont eu du mal à faire face à un cyclone de force 5 ».Aux critiques des « creuseurs de tombes », dit-il, comprendre par là ceux qui ont mis en lumière les insuffisances de l'Etat à prendre en charge les situations de catastrophes naturelles comme celle de Ghardaïa, le chef du gouvernement répond par un bref rappel des expériences similaires vécues par les grandes puissances du monde, les USA, l'Inde, etc. Ahmed Ouyahia défend son administration tout en pointant du doigt ses « insuffisances ». « Même si d'année en année, nos moyens d'intervention s'améliorent, il reste encore des insuffisances. » « Ce serait mentir d'après lui, que de dire que nous avons toutes les dispositions d'intervention et de dire que nous sommes à l'abri d'une autre catastrophe similaire ou plus grave », a-t-il prévenu.Le chef du gouvernement plaide pour une « évolution des mentalités » pour mieux appréhender ce type de situation. La population se doit aussi de « respecter » la réglementation en vigueur en matière de construction. Mais l'anarchie « urbanistique » ne peut, selon Ahmed Ouyahia, expliquer à elle seule ce qui est arrivé à Ghardaïa. Bien qu'elle soit « source d'aggravation des catastrophes naturelles ». Rappelons au passage que même si des textes de loi ont été promulgués après chaque catastrophe, force est de constater qu'ils ne sont pas appliqués.« Plusieurs régions comme celle des palmeraies de Ghardaïa (dénommées localement el ghabba, la forêt) sont interdites à la construction, mais les citoyens, en raison de la crise du logement, ne respectent pas les directives », relève-t-il. M. Ouyahia estime que l'Algérie entière n'est pas à l'abri des catastrophes naturelles. « De Guelma à Oran, nous sommes (assis) sur une bombe », déclare-t-il, en référence à la construction dans les zones à risques. « Il faut aérer les zones surpeuplées, les zones dangereuses car on ne peut déplacer un peuple en un jour ».
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