Algérie

Un parc d'envergure transformé en une forêt récréative


Un parc urbain ou citadin (on ne sait pas très bien comment le nommer) est en projet à Aïn El Assel, localité de 12 000 habitants située sur la RN 44 entre El Tarf et El Kala.C'est sur les vestiges d'une forêt récréative de 1986 que le projet a été implanté et présenté, il y a (tout juste !) cinq ans, à Amara Benyounès, lorsqu'il était en charge du ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville.
À l'époque, l'actuel secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA) avait promis une enveloppe de 360 millions de dinars, mais seule une tranche de 150 millions de dinars a pu être allouée.
Le projet de parc voyait grand pour une petite commune pas très attractive du point de vue social et économique. Un terrain de mini-golf, un mini-parc d'attractions, des terrains de sport et une salle de jeux, un restaurant-cafeteria, une piste cyclable et un sentier pédestre, une volière, une cascade, des espaces pour le pique-nique et les barbecues et, cerise sur le gâteau, un arboretum, c'est-à-dire une placette consacrée à la culture expérimentale d'arbres et arbustes en vue d'étudier leur comportement.
Encore un abus de langage. Mais aujourd'hui, on ne peut y voir que les espaces nus et les voies d'accès qui ont déjà coûté 146 millions de dinars. Lors de sa visite le 19 février dernier, Fatma Zohra Zerouati, la ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables, y a fait un arrêt où les responsables concernés lui ont déclaré que le parc ouvrirait ses portes avant l'été prochain.
Pourquoi quatre ans après le début des travaux ' L'assiette foncière du parc est une parcelle reboisée en eucalyptus dans les années 1970 pour les besoins d'une usine de papier qui n'a, fort heureusement, jamais vu le jour. Elle est entièrement incluse dans le domaine forestier, qui est selon la loi, inconstructible et incessible.
Il faut donc attendre qu'une commission de wilaya statue pour en faire une forêt récréative comme l'autorise le Régime général des forêts, un instrument législatif mis à profit par les pouvoirs publics et qui a permis de détourner des milliers d'hectares de forêt au profit de l'agriculture et de l'urbanisme.
Toute une procédure
Une fois la procédure terminée, le parc citadin redeviendra forêt récréative, comme elle l'a déjà été, il y a de cela plus de 30 ans. Elle sera mise ensuite en adjudication en un seul lot, nous dit-on, pour y implanter les attractions prévues et, rassure-t-on, avec un cahier des charges comme garde-fou des activités qui seront menées.
En fait, Aïn El Assel, village oublié, laissé à l'abandon, n'est pas un carrefour, une destination prisée. Sa seule activité attractive économique est le souk hebdomadaire de bétail.
On ne le traverse plus depuis qu'il y a un évitement, qui zappe aussi la forêt récréative. Et s'il arrive qu'on le fasse, c'est en empruntant, la RN 44, qui est complètement défoncée. Les habitants de ce village, qui souffrent des voies d'accès impraticables et des coupures d'eau, n'ont que faire de ce parc, déjà peu fréquenté avant cela, et auquel ils prédisent le même sort que le mémorial qui le jouxte et où personne n'a jamais mis les pieds depuis 25 ans.
Une mini-reproduction des lignes Challe et Morice réalisée en 1994. À l'intérieur d'une clôture de 1 km qui entoure quelque 8 ha, on a placé des lignes de plusieurs centaines de mètres de fil barbelé censé représenter les redoutables barrages électrifiés de la frontière sous l'occupation française. Contrairement à ce qu'on a cherché à faire croire, le barbelé n'est pas l'original.
Il a disparu dès les années 1970, ramassé par les locaux au risque de leur vie pour le revendre en pelote dans les souks de la région. Le mémorial a coûté la bagatelle de 170 millions de dinars de l'époque. Il a surtout fait le bonheur de la douzaine d'entrepreneurs qui ont été de la partie.
Il n'est même pas visité lors des célébrations des journées nationales. Il y a donc peu de chance qu'on se bouscule dans la forêt récréative de Aïn El Assel, comme par exemple sur les berges du lac Tonga où il n'y a pourtant ni bancs ni tables, seulement des tas d'ordures en fin de journée. À moins d'une idée lumineuse pour attirer des clients.
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