Algérie

Un mort et des centaines de blessés au Sahara Occidental: Le maroc opte pour le langage des armes




Les forces de l'ordre marocaines ont attaqué, tôt dans la matinée d'hier, «le camp de la liberté» des contestataires sahraouis près de Lâayoune au Sahara Occidental, faisant plusieurs blessés parmi les occupants.

L'intervention musclée du « Makhzen», intervient le jour même où devait s'ouvrir une troisième session de négociations entre le Maroc et le Front Polisario sur l'avenir du Sahara Occidental, dans la banlieue de New York. Selon l'AFP, les forces de l'ordre marocaines ont lancé cette opération vers 7h00 GMT en utilisant des canons à eau puissants contre les habitants du campement. Plusieurs ambulances transportant des blessés vers Lâayoune ont été aperçues, a constaté le correspondant de l'agence française. Les autorités locales ont confirmé que l'assaut a été donné à 07H00 GMT par la gendarmerie et les forces auxiliaires marocaines, sous la supervision du parquet. Un jeune sahraoui, Babi Mahmoud Gargar, a trouvé la mort et des dizaines ont été blessés lors des manifestations pacifiques déclenchées par les Sahraouis au moment où les forces armées marocaines démantelaient le camp de Gdeim Izizk, a indiqué une source officielle sahraouie. La même source, citée par l'agence de presse sahraouie SPS, précise que des «dizaines de blessés», dont des cas graves, ont été enregistrés parmi les manifestants sahraouis, sortis dans les rues de plusieurs quartiers populaires de la ville occupée Laâyoune pour dénoncer l'attaque matinale contre le camp de Gdeim Izizk. Des témoins oculaires ont affirmé à l'agence sahraouie de presse que «les forces marocaines ont utilisé des balles réelles contre les manifestants», ajoutant que le nombre de morts «peut s'alourdir». Dans la ville occupée de Laâyoune «plusieurs manifestations ont été déclenchées donnant lieu à des affrontements entre les manifestants et l'armée marocaine qui a tiré sur les manifestants sans défense», précise-t-on de même source.

 Cette dernière a fait état de plusieurs blessés, lors de ces affrontements, dont un jeune Sahraoui grièvement blessé par balle. La gendarmerie marocaine a dressé un barrage pour empêcher les habitants de la ville de rejoindre le campement. «Des hélicoptères ont survolé le campement et appelé ses habitants, via des haut-parleurs, à le quitter et rejoindre la ville de Lâayoune », a affirmé un autre habitant de Lâayoune. Le Front Polisario avait affirmé plus tôt que les militaires marocains ont fait des centaines de blessés lors de l'assaut lancé à l'aube contre le campement dressé près de Lâayoune, et a appelé à l'aide la communauté internationale. Une source officielle marocaine avait fait état, auparavant d'un bilan de trois morts parmi les forces de sécurité marocaines (un gendarme, un policier et un pompier) et de près de 70 blessés. Le ministre des Affaires étrangères sahraoui Mohamed Salem Ould Salek a affirmé à l'AFP par téléphone que cet assaut contre le campement de Gdiem Izizk avait fait «des centaines de blessés. Je ne peux pas vous dire encore le chiffre exact, notamment s'il y a eu des morts, mais les hôpitaux sont pleins», a-t-il affirmé. Les forces marocaines ont attaqué par «voies terrestre et aérienne à l'aide d'hélicoptères» ce camp de 28.000 personnes avec «des canons à eau, des gaz lacrymogènes et des balles réelles», a-t-il ajouté. Elles ont «réprimé d'une manière féroce et sans discernement les populations civiles sans défense qui s'y trouvent», a-t-il dit, reprenant les termes d'un communiqué du Polisario. Selon le ministre, un groupe résistait encore, «barricadé» en début d'après-midi à l'intérieur du camp, «complètement détruit». Le Polisario dans son communiqué «lance un appel urgent à la communauté internationale, en particulier au Conseil de sécurité des Nations unies pour qu'il exige du Maroc de mettre un terme à cet acte barbare commis contre des populations civiles sans défense ayant pour seul péché, avoir pacifiquement réclamé leurs droits». Les Sahraouis estiment «condamnable que tout cela se passe au vu et au su de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental, présente depuis 1991) sans que celle-ci ne se prononce ou, au moins, informe l'opinion internationale». La veille, dimanche, plusieurs civils sahraouis de Laâyoune occupée ont été blessés suite à une intervention musclée des forces d'occupation marocaines. Des civils sahraouis qui se dirigeaient vers le «camp de la liberté» ont subi une intervention «musclée» des forces marocaines d'occupation, notamment au quartier Maâtallah, à hauteur du boulevard Skikina, où plusieurs blessés ont été signalés.

 En érigeant ce camp, quelque 25.000 Sahraouis ont voulu exprimer le désir du peuple sahraoui d'une solution définitive au Sahara Occidental, dans le cadre de la légalité internationale et de son droit à l'autodétermination. Suite au dernier discours du roi Mohamed VI, sur le Sahara Occidental, « les forces d'occupation ont renforcé dimanche le dispositif de répression dans la ville de Laâyoune en érigeant plusieurs points de contrôle sur les principaux axes, menant notamment vers le campement de la liberté ». A cet effet, le ministre des Affaires étrangères de la RASD, M. Mohamed Salem Ould Salek, joint par téléphone par l'APS, a exprimé la préoccupation du gouvernement sahraoui à l'égard de « la répression des forces d'occupation marocaines ». Dimanche, le président de la RASD, M. Mohamed Abdelaziz, a appelé le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, à une intervention urgente des Nations unies face à une menace d'escalade militaire marocaine contre les Sahraouis qui pourrait déboucher sur «un nouveau crime contre l'humanité». Dans sa lettre, le président sahraoui a demandé aux Nations unies d'examiner en urgence la situation qui pourrait s'aggraver davantage dans le camp des réfugiés sahraouis de Gdiem Izizk, à l'est de la ville de Laâyoune, capitale du territoire du Sahara Occidental. «Après avoir avisé, à plusieurs reprises, sur l'éventualité d'un recours par les autorités d'occupation marocaines à la violence et à une intervention brutale contre les dizaines de milliers de citoyens sahraouis, des citoyens pacifiques et de leurs familles, les indications et les informations dont nous disposons actuellement nous portent à croire qu'une attaque est imminente ». Par ailleurs, la troisième réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc a été entamée hier matin à Manhasset (New York), sous les auspices de l'Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara Occidental, M. Christopher Ross, en présence des délégations des deux parties et des représentants des deux pays observateurs, l'Algérie et la Mauritanie.




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