Algérie

Un lieu, un nom El-Hadj Abdelkrim Zaoui: cheville ouvrière de l'établissement de l'Etat-major de l'ALN à Oujda



Son père lui a donné le prénom d'Abdelkrim en référence à El-Khattabi, qui avait proclamé la naissance d'une République au nord du Maroc au milieu des années 20 et tenu tête à deux royaumes: le Maroc et l'Espagne. Ce détail laisse supposer que son géniteur était lettré et acquis à la pensée réformiste de son époque. El-Hadj Abdelkrim Zaoui, natif de la région de M'sirda, en 1921, apprendra le Coran dès son jeune âge, privilège auquel ne pouvait pas prétendre nombre d'enfants à cette époque. Vite, il se verse dans le commerce où il va exceller. Mais ne supportant pas les prélèvements arbitraires sur les produits de son commerce opérés par le gouverneur français pour participer à l'effort de guerre de son pays, El-Hadj Abdelkrim décide d'aller s'installer à Oujda. Ses activités commerciales fleurissent vite. Entreprenant, il monte avec d'autres Algériens une société dont le rayonnement s'étalera d'Alger jusqu'à Agadir. La région de Mohammadia fournissait une bonne partie du Maroc en fruits et légumes, se souvient-il. En plus, il était parmi les très rares Algériens de tout l'Ouest qui disposait d'une flotte de camions de transport. Ses traversées répétitives du Maroc d'est en ouest lui permirent de connaître du monde et de découvrir des réalités. Il finira par rejoindre le parti l'Istiqlal et surtout de se lier à quelques-unes des figures de la « mouqawama » marocaine. On dirait qu'il savait ce qu'il préparait. Au lendemain de l'indépendance du Maroc, il prit contact avec les membres de l'état-major, encore installés dans la région de Maghnia, pour venir s'installer à Oujda. Une fois sa proposition admise par Boussouf, Hadj Alla, Boumediene et les autres, il mettra pratiquement tous ses biens au service de la cause nationale ; son domicile avec jardin sera divisé en deux et ses camions seront affectés pour l'acheminement des armes. A cause de la présence de l'armée française sur le territoire marocain, il devait chaque semaine dégager un logement pouvant abriter les membres de l'état-major et leur servir de QG. Son aura et ses relations solides avec les populations et les autorités de l'Est du Maroc vont être mises au service de sa cause. En plus de la logistique et de l'acheminement des armes avec le concours de Marocains issus de la résistance, El-Hadj Abdelkrim participera à doter le FLN-ALN d'un dispositif de transmission. C'est en compagnie de feu commandant Moussa qu'il achètera le premier poste de radio dont les pièces serviront à confectionner un appareil de transmission. Concernant l'apport des Marocains à l'oeuvre de libération, El-Hadj Abdelkrim se rappelle encore Berhili qui était chargé d'assurer et de sécuriser les déplacements de Boussouf d'Oujda jusqu'à Nador. Au préfet d'Oujda qui était acquis à la cause algérienne, El-Hadj Abdelkrim lui offrit une jeep et lui permettait d'utiliser ses camions à des fins personnels dans la région de Fès. Parmi les noms qu'il retient toujours de cette époque, celui du caïd du Nador, Hamdoun, qui avait hébergé Boumediène six mois durant suite à sa maladie thoracique. En maghrébin de fait, El-Hadj Abdelkrim Zaoui arrivera à noyauter même certains éléments des services de sécurité marocains, entreprise qui s'est avérée déterminante à certains moments de la guerre de Libération nationale. Parmi les mille et un faits, témoins de l'adhésion de certains Marocains à la cause nationale, qu'il doit consigner un jour dans ses mémoires à écrire, il cite le cas de Fartas, un de ses premiers chefs, interpellé par les Français. Des résistants marocains et algériens ont réussi à enlever un colonel français et obligé la France à procéder à l'échange du responsable nationaliste contre l'officier colonialiste. El-Hadj Abdelkrim a côtoyé pratiquement toutes les figures marquantes de la Révolution algérienne. Il a eu l'insigne honneur d'approcher Abbane Ramdane, venu inspecter la wilaya 5, après la tenue du congrès de la Soummam. Boussouf, qui était son supérieur hiérarchique, marquera un recul lors de cette visite et lui demanda d'exposer les difficultés de cette wilaya au visiteur. Ainsi, il comprendra qu'il était en face d'un chef de premier ordre. Il se rappelle toujours de sa stature impressionnante. Il accompagnera son hôte chez un certain Abrouss, parent à Abbane, pharmacien, installé à Oujda. Le colonel Lotfi et le commandant Ferradj étaient ses invités juste avant leur retour au front où ils ont succombé dans la région de Béchar. Le colonel Othmane était un de ses amis jusqu'à la fin de sa vie. Messaoud Zoggar, nom lourd de la Révolution algérienne, était un de ses compagnons. Une amitié solide a lié les deux hommes. D'ailleurs, Zoggar a passé une semaine chez El-Hadj Abdelkrim avant d'être incarcéré et jugé sur ordre de Chadli Bendjedid, alors Président de la République. Des années durant, Zoggar a assuré la liaison entre Boumediene et El-Hadj Abdelkrim. Zaoui reconnaît à Zoggar son ingéniosité. Il raconte qu'il s'est permis au Maroc d'acheminer des armes dans des camions de l'armée américaine conduits par des soldats algériens portant des tenues US. Intercepté, le chargement sera récupéré et les engins réquisitionnés pendant quelque temps et remis au FLN-ALN. C'est chez El-Hadj Abdelkrim que s'est tenue la réunion qui a duré deux mois où l'état-major devait élaborer sa contribution aux accords d'Evian. Parmi les présents et sous la direction de Kaïd Ahmed, il y avait entre autres Bouteflika, Medeghri et Salim. C'est dans son foyer que s'est tenue, en 1957, la première réunion des chefs de zone de la wilaya 5 et qui s'était prolongée deux mois. Chaque chef de zone devait regagner son poste avec l'armement, les médicaments et autre matériel nécessaire. Cette lourde mission incomba à El-Hadj Abdelkrim. Au lendemain de l'Indépendance, il décida de s'éclipser et de revenir au commerce à Oran qui l'avait adopté bien avant la guerre de Libération nationale. Avec ses compagnons, notamment Boumediene, il a gardé des relations amicales, sans plus. De son passé, il a gardé une manie : il aime recevoir chez lui. Il y a un peu plus de deux ans, Ben Bella a été son hôte. Des ministres se font un devoir de passer le voir quand ils sont de passage à Oran. Il profite de ses rencontres conviviales chez lui pour rappeler le parcours des hommes avec qui il a accompli son devoir, au sens militant et religieux, selon son entendement. Préférant rester à l'écart depuis presque un demi-siècle, il s'intéresse avec autant de passion, en dépit de son âge, au devenir de son pays et celui de la région. Sa trajectoire, très riche en soubresauts, l'a convaincu que le Maghreb n'est pas une vue de l'esprit, mais peut devenir une réalité concrète. En attendant de se consacrer à ses mémoires, il meuble ses journées entre sa maison, la mosquée à Maraval et la visite de ses amis.
Le nom de BERHILI est cité dans cet article. Prière de me confirmer SVP s'il s'agit bien de Berhili Rabah ben Mohamed ben Haj Kaddour qui assurait la liaison entre les combattants algériens des deux cotés de la frontière à proximité d'Ouda. Avec mes remerciements. Berhili Abdelaziz.
BERHILI ABDELAZIZ - Ingénieur Electrotechnicien - OUJDA, Maroc

23/12/2013 - 160286

Commentaires

fier de toi papi !!!
zaoui rafik - pointeur portuaire - oran, Algérie

26/08/2011 - 18498

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