Algérie

Un juge américain parle de déontologie aux magistrats oranais



Une conférence-débat«à l'américaine» a été animée, hier, par le magistrat américain Thomas Wallitsch au profit des juges de la cour d'Oran, portantsur la déontologie de la profession de juge. Rompu à son second métier deprofesseur universitaire, Thomas Wallitsch s'est refuséde s'adresser à l'auditoire depuis son siège de tribune et est descenduvolontiers à hauteur de l'assistance, amorçant avec elle un débat affranchi detoute forme protocolaire. Une méthode interactive, pleine de spontanéité, qui amis très à l'aise ses «élèves» d'un jour, une soixantaine de juges algériens, eta donné lieu à un débat franc et intéressant surl'éthique de la noble et non moins délicate profession de magistrat. A la finde la conférence, Thomas Wallitsch a demandé auxjuges participants d'écrire sur un papier, anonyme, les problèmes ou lescontraintes majeurs qu'ils rencontrent dans l'exercice de leur fonction enrapport avec l'éthique, la morale. Les remarques des juges algériens ont étérecueillies par la représentante de «Americain Bar Association»(l'Association des barreaux américains) en Algérie, BouagacheKahina. Cette consultation permettra, a expliqué Bouagache en marge de la conférence, à ABA et l'Ecolesupérieure de magistrature (ESM) d'Alger, qui travaillent en collaboration, demettre au point les programmes pédagogiques du module «déontologie» pour lecursus de l'ESM qui forme des magistrats.Cette missionconstitue, d'ailleurs, l'objectif principal assigné aux sessions de formationdispensées par les magistrats et les experts de justice de cette ONG américaine,la plus grande association professionnelle dans le monde avec quelque 410.000adhérents et 40 bureaux à travers le monde. Quatre sessions de formation ontété organisées jusqu'ici par ABA : 2 sessions au profit d'élèves-magistrats,une pour les juges d'instruction et une quatrième pour les juges d'assises. Sachantpertinemment que la sphère de la justice ne peut être restreinte aux seulsjuges, ABA veut impliquer les autres acteurs de la justice en Algérie, encommençant, dans une première phase, par les avocats.Dans cet objectif,les trois représentants de cette association américaine, dont son directeurrégional de l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, Richard Paton,devaient tenir, hier après-midi, une réunion avec le Conseil de l'ordre dubarreau des avocats d'Oran. Evoquant l'indépendance de la justice, Thomas Wallitsch a relaté à l'auditoire un événement, riche enenseignement, qui s'est produit aux Etats-Unis. Jugeant que son état de santéétait désespéré, un tribunal américain a tranché pour l'arrêt des prestationsmédicales dispensées à une femme malade. Réagissant à cette décision, leCongrès a désaisi ce tribunal du dossier en questionet l'a confié à une autorité. Saisie de l'affaire, la Cour suprême des Etats-Unis arappelé le Congrès à l'ordre en lui notifiant qu'il avait enfreint la loi parsa procédure, qu'elle a purement et simplement annulée. «Le juge ne doit pascéder aux pressions, quelles qu'en soient la source et la nature. A franc-parler,la conscience du juge est le seul garant de l'équité des jugements qu'ilprononce», dira Thomas Wallitsch. Juge du Conseil desactions communes de Pennsylvanie, depuis 1991, Thomas Wallitschprit la fonction de juge administratif en 1995.
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