Algérie

Un film pour faire avancer la justice et l’histoire.


Le film Indigènes de Rachid Bouchareb (dans les salles à partir de mercredi), rappelle la France à ses responsabilités et obligations. Au-delà de la correction de plus de quarante ans d’une injustice criarde (celle de la disparité entre les pensions des anciens combattants français et ceux des ex-colonies) , il s’agit de réparer une occultation de l’histoire et un trou de la mémoire collective française.
Jacques Chirac qui a vu le film Indigènes le 5 septembre lors d’une avant-première organisée par la Fondation Claude Pompidou a promis de revoir les pensions des anciens combattants des ex-colonies, rapporte le réalisateur du film. De nouvelles mesures financières devraient être annoncées dans les prochains jours. Au total, près de 80 000 anciens combattants âgés de plus de 65 ans, sont concernés dans 23 pays. Environ 40 000 vivent en Algérie et au Maroc, et 15 000 en Afrique noire, en particulier au Sénégal et au Tchad. D’autres prestations sont également concernées : pensions d’invalidité pour les blessés, pensions de retraite pour des militaires qui ont servi pendant au moins quinze ans sans forcément participer à des guerres, pensions aux veuves. L’article 71 de la loi de finances pour l’année 1960 avait posé le principe de la cristallisation (c’est-à-dire du gel) des pensions, rentes ou allocations viagères servies aux anciens combattants de l’armée française originaires de pays, indépendants depuis, et ayant leur résidence dans ces pays. Ces pensions ont été remplacées par des indemnités annuelles dérisoires. Bien que des correctifs aient été apportés ces dernières années - en 1981 pour les Algériens - aux indices d’évaluation de ces pensions, la disparité entre bénéficiaires français et étrangers non résidents en France est importante. A titre d’exemple, si l’on compare la valeur du point d’indice PMI applicable à la retraite du combattant au 1er mars 2002, celle-ci est de 12,73 euros pour un Français et de 1,71 euros pour un Algérien résidant en Algérie. Le même indice applicable aux pensions militaires de retraite est de 52,13 euros pour un Français et 8,09 pour un Algérien résidant en Algérie. En 2002 le l’Etat français procède à la décristallisation des pensions des anciens combattants et invalides de guerre et de retraités militaires d’une vingtaine de pays. Mais, choisissant l’équité à l’égalité, - ce qui revenait à réparer une injustice et une discrimination par une autre discrimination -, il opte pour une décristallisation des pensions sur le pouvoir d’achat des pays d’origine plutôt que d’appliquer la parité. Cette décision, a concerné un peu plus de 132.000 pensions payées au 31 décembre 2000 dont quelques 35.000 à des Algériens.

Oubliés de l’histoire officielle

En 1944, à la veille du débarquement allié en Provence, l’armée française compte 550 000 hommes, dont plus de la moitié venus des colonies : 134 000 Algériens, 73 000 Marocains, 26 000 Tunisiens et 92 000 originaires d’Afrique noire. En août 1944, la première armée de De Lattre se composait de 112.000 " indigènes " (Marocains, Algériens et Tunisiens) sur les 214.000 soldats. Le Maghreb, notamment l’Algérie, a fourni en 1939 plus d’une dizaine de divisions d’infanterie et des brigades de cavalerie qui subirent de lourdes pertes durant la campagne de France en 1940. La première entité qui a été engagée au sein de l’armée française, c’est la tribu des Zouaouas, une tribu algérienne de guerriers, qui a donné les Zouaves en Français. C’est ainsi qu’est créée la première formation de spahis algériens en 1831. Un deuxième régiment a été créé à Oran. Progressivement, le corps des Zouaves n’allait plus compter que des Français métropolitains et les autochtones algériens, se retrouveront dans un nouveau corps, les Tirailleurs. Le décret impérial du 10 octobre 1855 crée les trois premiers régiments de tirailleurs algériens formés à Alger, Oran et Constantine. D’autres unités sont formées par la suite : tirailleurs sénégalais, tunisiens, indochinois, malgaches, marocains et méharistes sahariens. Dès leur formation, les Tirailleurs algériens ont, en permanence, accompagné l’histoire de l’armée française. Les tirailleurs algériens sont envoyés en Crimée en 1854, au Mexique en 1857, ils affrontent les Prussiens en 1870. Des levées d’hommes dans les colonies sont effectuées pendant la Grande Guerre, sur les fronts de France et de Belgique. C’est ainsi que de 1914 à 1918, 173.019 Algériens, 80.339 Tunisiens, 40.398 Marocains servirent la France. Leurs pertes au 11 novembre 1918 s’évaluaient à 28.200 morts et 7700 disparus.




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