Algérie

Un Aïd entre joie et inquiétudes à Paris




Cette année, l?Aïd a été à la fois joyeux et amer. Si la fête clôturant le Ramadhan a été bien accueillie par les croyants, elle s?en est trouvée tout de même gâchée par les émeutes qui secouent la région parisienne depuis plus d?une semaine. Jeudi, l?Aïd a décidé de sortir dans les rues parisiennes. Oubliée la torpeur des jours précédents, l?heure est au café et à la cigarette. Et à la bonne humeur. Les pâtisseries orientales sont prises d?assaut. Tout comme les jours précédents. Sauf que les clients ont le droit de goûter les gâteaux, sans attendre 18h30. Certains le faisaient aussi auparavant, légèrement coupables et en cachette. La file d?attente à La Bague de Kenza, l?une des pâtisseries les plus courues de Paris, est impressionnante. « Ici, c?est toujours comme ça. On y trouve les meilleurs gâteaux, et la queue est donc le prix à payer. Les gâteaux sont raffinés, ni trop gras ni trop sucrés. Par contre, c?est horriblement cher. Et comme nos familles sont plutôt nombreuses, la note devient vite très salée. On n?a pas le choix, j?imagine très mal l?Aïd sans gâteaux », tranche Malika. Dans la file, des clients acquiescent. « Avec tous les proches qui vont venir à la maison et, nous-mêmes, nous devons rendre visite à nos familles, nous en avons pour près de cent euros », calcule Chérif, musulman génétique, comme il aime à se définir. « Je ne suis pas pratiquant. Je ne jeûne jamais, mais j?aime bien l?Aïd. Au fait, je prends tout ce qui est bon dans la religion et laisse le reste pour les autres. L?idée du pardon me séduit beaucoup », note Chérif. L?arrivée de l?Aïd n?est pas attendue par les seuls musulmans. Les commerçants aussi commençaient à trouver le Ramadhan un peu longuet. « Auchan s?assoupissait dans l?après-midi. La vie avait déserté les lieux. Une grande partie de notre clientèle est de confession musulmane. Cela s?est ressenti très vite. La vie reprend son cours », s?enthousiasme Hélène. En promotion cette semaine : les CD raï et musiques orientales. Khaled emplit les rayons de sa voix rocailleuse. Il pleure Oran. Aldjia n?a pas ce genre de problèmes. Pour elle, jeudi c?est recevoir sa famille installée en région parisienne et essayer d?avoir au bout du fil celle restée en Algérie. « Impossible d?avoir Sétif, ça sonne occupé tout le temps ou alors cette voix lancinante métallique qui répète qu?il faut renouveler son appel ultérieurement. Cela m?enrage. Je suis sûre que mes parents attendent mon appel », s?angoisse la jeune maman. Son mari est plus zen. Il se pose juste des questions sur l?insécurité. « Je ne sais pas si nos proches auront le courage de venir nous voir à La Courneuve. Plusieurs amis m?ont appelé pour savoir si le quartier n?est pas en feu et s?ils peuvent venir. Ils sont hésitants. » Le quartier ne s?embrasera que le lendemain. Les visites n?auront lieu que dans la journée. Le soir est réservé aux émeutiers.
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