UGTA Un secrétaire général adjoint pour «préserver les équilibres»

L'UGTA a fait adopter hier son nouveau statut par lequel elle consacre un poste de secrétaire général adjoint qu'occupera en principe Salah Djnouhet au nom de la préservation des équilibres au sein d'une organisation reflétant fortement les pratiques des pouvoirs politiques en place. C'est à la majorité écrasante (six voix contre sur plus de 100 pour) que la centrale syndicale a fait adopter hier son statut pour y introduire une nouveauté de taille, celle de la création d'un poste de secrétaire général adjoint. La décision n'a rien à voir avec les ambitions des syndicalistes en poste même si elle en est le reflet de celles nourries par certains d'entre eux. Selon des sources crédibles, ce poste a été mûrement négocié par les forces agissantes au sein des postes de commandement. Si l'actuel secrétaire général fait aujourd'hui l'unanimité au sein de ces forces pour mériter sa reconduction à la tête de l'UGTA, il n'en demeure pas moins que l'organisation fait depuis longtemps l'objet de grands tiraillements tendant à remodeler ses équilibres en fonction des rapports de forces de l'heure. A chaque fois que les pouvoirs politiques sont recomposés, les courants qui animent l'UGTA devaient être redéfinis pour pouvoir servir de relais de promotion de «causes» conjoncturelles. L'organisation, faut-il le rappeler, a failli disparaître à la fin des années 90 pour être reconvertie en parti politique au service de l'équipe Zeroual-Betchine. C'était à la veille de la création du RND que préside actuellement Ahmed Ouyahia. L'assassinat de Abdelhak Benhamouda, secrétaire général de l'UGTA à l'époque des faits, a fait basculer les choses autrement. C'est alors Abdelmadjid Sidi Saïd qui prend l'intérim pour être plus tard confirmé au poste de SG. Si durant ces années l'organisation a été mise à l'avant-garde du combat contre le terrorisme, aujourd'hui elle est reconduite au poste que le système politique ambiant lui a choisi, celui d'être un instrument de propagande pour ses «causes». Le 11e congrès de l'UGTA qui se tient depuis samedi à l'hôtel El Aurassi, confirme cet état de fait à travers l'amendement qu'elle a accepté d'introduire dans son statut pour créer le poste de secrétaire général. Des bruits de coulisses laissent entendre que c'est l'actuel secrétaire national chargé de l'organique qui raflera la mise. Il est attendu en effet que ce soit Salah Djnouhet qui sera nommé à ce poste. L'on entend dire qu'il a tellement nourri l'ambition d'être projeté secrétaire général en remplacement de Sidi Saïd qu'il est aujourd'hui tout indiqué pour lui partager «la vedette». Il est clair qu'une telle ambition ne naît pas du néant mais elle doit être activée et soutenue par des forces détentrices de pouvoirs. Salah Djnouhet y répond correctement et largement. Il est très proche des milieux qui soutiennent Ahmed Ouyahia. Tout porte à croire que la création du poste de secrétaire général adjoint à la centrale syndicale est pour un rééquilibrage des courants qui traversent l'organisation dont les plus importants sont en évidence le FLN et le RND. Si les deux partis semblent «officiellement» travailler pour le même objectif, à savoir un troisième mandat pour Bouteflika, il est cependant rare de les voir s'entendre sur le cheminement que devra suivre un certain nombre d'hypothèses émises à cet effet. Parce qu'ils répondent chacun à des rapports de forces qui pourraient à un moment ou à un autre entrer en contradiction qu'ils agissent chacun selon ses «convictions». Au cas où il sera élu au poste de SG adjoint de l'UGTA, Salah Djnouhet serait cette carte qui pourrait être jouée en cas de bouleversement inattendu ou imprévu de l'ordre établi. C'est aujourd'hui, dernier jour du congrès, que les élections du secrétaire général, du secrétaire général adjoint et du secrétariat national interviennent après l'installation des 181 membres de la nouvelle commission exécutive nationale (CEN), instance suprême entre deux congrès, devant être élus hier soir au nom de chaque wilaya.