Algérie - Revue de Presse


Maître absolu de son pays, et apparemment il veut le rester jusqu?à la fin de ses jours, le Président égyptien a aussi la prétention d?être le maître absolu de la Ligue arabe. Mettant tout le monde devant le fait accompli, il a décidé de convoquer un sommet de l?organisation, appuyé en cela par le secrétaire général de celle-ci, Amr Moussa, qui est lui aussi égyptien. Toute honte bue et sans prendre de gants, le raïs s?est livré à une très grave violation de la charte de la ligue. En effet, c?est au président, et à lui seul, qu?échoit le pouvoir de convoquer un sommet extraordinaire. Depuis le sommet d?Alger, c?est l?Algérie qui en assure la présidence et c?était donc au président Abdelaziz Bouteflika de lancer les invitations. M. Moubarak a décidé de passer outre. C?est un fait unique dans les annales de la ligue. Le chef d?Etat égyptien a fait preuve d?un grand mépris et d?un manque de respect caractérisé à l?égard de ses pairs. Ces derniers, humiliés ainsi sans raison, auraient pu opposer une fin de non-recevoir à son comportement discourtois. Mais ils ont préféré répondre positivement pour ne pas donner une autre image ternie d?un monde arabe déjà très divisé et, peut-être, pour apporter un soutien moral au peuple égyptien endeuillé par l?attentat de Charm El Cheïkh. De toute façon, rien de spectaculaire ne sortira de ce sommet, que ce soit pour la lutte antiterroriste, la question palestinienne ou celle de l?Irak. Il est connu que la Ligue arabe est une chose sans consistance, un non-sens. Elle est uniquement au service des dirigeants arabes, mais pas au service des peuples qui la composent. Alors que le monde bouge, que le tiers-monde se démocratise et que la société civile s?organise dans les pays en voie de développement, la ligue refuse jusqu?à ce jour de débattre les problèmes de société, de démocratisation, d?accès à la modernité... C?est un instrument totalement figé qui ne s?est révolté qu?une seule fois. C?est-à-dire quand les Etats-Unis ont proposé le Grand Moyen-Orient (GMO). Là, les Arabes se sont mis d?accord pour dire que la démocratie n?est pas faite pour eux, qu?ils ont une spécificité. C?était en réalité pour mieux assurer la pérennité de régimes corrompus et autocratiques totalement en déphasage par rapport à leurs peuples. Pourtant, ce triste spectacle qu?ils offrent d?eux-mêmes ne semble pas du tout les émouvoir ou titiller leur dignité.
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