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Tout se vend, tout s'achète, même les consciences



Tout se vend, tout s'achète, même les consciences
En nous présentant, il y a quelques semaines, à un guichet d'une recette des impôts pour nous acquitter d'une redevance mensuelle, nous ne nous attendions, surtout pas, à apprendre par le fonctionnaire en poste que parmi la liasse que nous lui avions remis existait un faux billet. Or, celui-ci avait été extrait d'une autre liasse, celle qui nous a été remise par la banque, ce qui était pour le moins étrange. Mais le plus étrange aura été le fait que le fonctionnaire nous annonce qu'il acceptait ledit billet.Vrai ou faux, faudrait-il encore avoir le fin mot de l'histoire, mais le plus inquiétant sont ces nouvelles m?urs qui s'installent insidieusement et qui font que naissent et deviennent quasi institutionnelles des pratiques interlopes, voire interdites, préjudiciables à l'économie nationale et condamnables énergiquement par voie de conséquence.Si le mal a atteint ce stade, et nul ne peut d'ailleurs contredire ou infirmer péremptoirement, toutes les cohortes de réalités tout autant sidérantes les unes que les autres, c'est-à-dire celui qui fait de ce qui peut être une rumeur une vraie information (celle du vrai billet devenu faux, du faux billet devenu vrai et/ou du vrai-faux billet et faux-vrai billet) de laquelle tout le monde s'accommode, en ce sens que le ou les commerçants acceptent une coupure même s'ils savent qu'elle est suspecte, avec cette conviction renversante que de toutes les manières ils vont ipso facto la «refourguer» aux clients. En somme, c'est le serpent qui se mord la queue et de part et d'autre une complaisance assassine.Alors de là à évoquer la contrefaçon d'un CD, d'un jean, d'un vêtement griffé, un parfum, un manteau de cachemire, un bleu de Chine, une Rolex, une «dobara» de Biskra, ça pèse en réalité roupie de sansonnet comparativement au grand drame multidimensionnel que vit le pays, dans la mesure où les institutions censées le protéger ne font rien ou tout bonnement admettent leur impuissance devant le rampant phénomène de l'arnaque diversifiée.A Constantine, pour ne citer que cette région à titre d'exemple, untel achète faux, mais demeure toutefois exigeant sur ledit faux en se renseignant sur son origine. Aujourd'hui, tout produit réputé «Taïwan» est désormais labellisé et accepté en tant que tel par la clientèle qui le place dans un marché virtuel de la valeur avant un produit fabriqué au Maroc ou n'importe quel pays africain. Un peu comme la contrefaçon façon turque qui est valable alors que la chinoise est définitivement entrée dans les habitudes de consommation publique. Les Constantinois achetant chinois parce que tout produitspécifique contrefait a les caractéristiques de l'original en plus de valoir presque... rien et même s'il n'a qu'une durée de vie éphémère.Sur cet aspect de la question, la frime aidant, les gadgets de la téléphonie mobile sont les plus prisés. Ils permettent également d'alimenter le cimetière de la casse où les réparateurs annoncent la couleur au client en lui proposant à chaque fois «une pièced'origine» et une «pièce de contrefaçon», la différence est visible sur le prix qui est tout bonnement multiplié par 10 selon le choix de l'élément choisi.Dire qu'il y a moyen de lutter contre la contrefaçon en l'état actuel des choses serait un gros mensonge sur lequel ne s'engagent à chaque fois que les responsables ès qualité des établissements publics, tout en sachant qu'ils ne font que dire des énormités auxquelles eux-mêmes ne croient pas. Pis, ils vivent de concert la même galère que le citoyen lambda, donc en avalant en premier les couleuvres destinées aux autres.Comble de l'ironie, il est possible pour tout Constantinois qui se respecte depouvoir toutefois trouver une pièce rare et fonctionnelle, voire même des vêtements dont la marque est authentique au seul chemin de chinage de la ville en l'occurrence le «Remblais». Question d'ironiser, le Constantinois dira à tout étranger à la ville qui en ferait la sollicitation qu'au «Remblais, il est possible de trouver n'importe quelle pièce microscopique d'un PC comme il n'est également pas exclu de se débrouiller un barillet de Colt 45».A. L.


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