Quand le prix l'emporte sur le souci de la qualité

Samir Ould Ali«Il est vrai qu'il existe un risque potentiel sur la santé, mais je pense qu'il est minime et vaut la peine d'être pris. Et puis de toutes les manières, nous n'avons pas trop le choix étant donné les prix des produits européens», estime ce père de famille qui n'hésite pas à recourir à la friperie ou à acheter chinois.Invasion de produits chinoisEt à Oran, on peut difficilement faire autrement étant donné qu'aucun secteurd'activité n'échappe à l'invasion de la marchandise asiatique : de l'habillement à la pièce automobile en passant par la bureautique et les articles scolaires, les jouets, les cosmétiques, l'électroménager ou la téléphonie, le made in China règne en maître et surclasse toute autre nationalité. Du moins en termes de quantité, parce qu'en termes de qualité il y a toujours un défaut à craindre, un risque potentiel à prendre en compte. Mais en raison de prix défiant toute concurrence, les consommateurs consentent à fermer les yeux sur ce «risque calculé». Les chauffeurs de taxi privilégient le pneu chinois à l'allemand ou français, les mordus de téléphonie peuvent opter pour le 1er ou 2e choix, pour un même chargeur, de même pour les fanas de sport, qui n'ont pas d'autre option que d'acheter chinois parce les autres marques sont trop chères. Résultat des courses, malgré les avertissements épisodiques d'associations ou de spécialistes de la santé publique sur les dangers que peuvent présenter les marchandises qui nous viennent de l'empire du Milieu, la majorité des Oranais continuent de céder à l'argument du prix.Dangers avérésIl y a quelques années déjà, pourtant, des cas de brûlures et de démangeaisons ont été signalés par des consommateurs ayant acquis des chaussures chinoises. L'explication en a été que les chaussures contenaient des sachets d'un fongicide toxique utilisé contre les moisissures appelé DMFu, Diméthylfumarate. En France, une grande marque de jouets a retiré du marché plus de 20 millions de jouets fabriqués en Chine et contenant de la peinture au plomb. L'intoxication au plomb, a-t-on expliqué à l'époque, peut causer de graves troubles de la santé, sur le système nerveux central, mais également sur les globules rouges et le système digestif. Un danger d'autant plus grand qu'il concernait les enfants qui, du fait de leur fragilité, risquaient jusqu'au retard de développement mental, la paralysie de membres ou un dysfonctionnement des reins. Lors de la rentrée scolaire de septembre dernier, les fournitures scolaires d'origine chinoise ont été mises à l'index pour les risques potentiels qu'elles faisaient peser sur la santé des écoliers en raison de la présence de composants chimiques et métaux lourds aux facultés cancérigènes. Ce qui n'a pas empêché les ménages à se ruer sur le produit chinois pour assurer la rentrée scolaire à leurs enfants. «La faute n'incombe pas aux citoyens, mais à l'Etat qui doit veiller à la qualité des produits qui sont introduits sur le territoire national et aux prix pratiqués à la vente. Ce n'est pas de gaieté de c?ur que le consommateur achète chinois, mais parce qu'il n'a pas le choix», estime-t-on du côté des consommateurs. Autrement dit, les pouvoirs publics doivent garantir aux citoyens le droit de choisir...S. O. A.